13/05/03 19.47 t.u. Pierre Lancelot

Quand les détenus, faute de médicaments et de nourriture suffisante, périssent du typhus dans un pays dévasté par les bombardements de terreur incessants où aucun ravitaillement ne parvient plus nulle part, le pays est rétroactivement « jugé » coupable de crime contre l’Humanité et ses dirigeants lynchés ignominieusement.

Quand des populations civiles, au moins aussi innocentes, sont massacrées par des bombardements ininterrompus puis meurent de faim et de soif car le ravitaillement est paralysé, quand les blessés hachés par les bombes à fragmentation et qui hurlent de douleur par pénurie d’antalgique succombent par dizaines de milliers faute d’antiseptiques et de tous les médicaments proscrits par douze années d’un embargo criminel et jugé légal, alors leurs agresseurs, ce ramassis d’assassins, de tueurs en série, cette bande de criminels de droits commun, « libérateurs » autoproclamés, se voient considérés par la « communauté internationale » comme des héros, les bienfaiteurs de l’Humanité qui ont instauré la Démocratie et bâti une « chance pour la paix ».

Ainsi, il suffit de baptiser un pays « membre de l’Axe du mal », de l’attaquer sous le premier prétexte venu, d’asphyxier son économie par un embargo ignoble - l’arme des lâches et des usuriers - de le contraindre à l’autodestruction de son armement raréfié et obsolète pour pouvoir mieux l’écraser sous les bombes, au mépris de toutes les conventions internationales qu’on avait soi-même ratifiées, avant de tirer à vue sur les journalistes indépendants afin d’inciter ces témoins gênants à déguerpir, puis d’orchestrer la mise à sac du pays, le pillage des hôpitaux, et, ignominie suprême, le saccage de ses musées, l’anéantissement programmé, à coup de masse, de trésors remontant à l’aube de l’Humanité que nous avaient légués leurs ancêtres, le peuple sumérien qui a inventé l’écriture il y a cinq mille ans, le babylonien et l’assyrien bâtisseurs d’Empires.

Mais quelle valeur, me direz-vous, pour des mangeurs de pop-corn armés jusqu’aux dents qui ne lisent que des « comics » et ne pensent qu’en terme de juteux contrats de reconstruction ! ...

Et si... S’il y avait un mobile plus profond à ce désastre ? Si ce carnage prémédité de longue date par la CIA, le Mossad et le Pentagone, doublé de cette expédition punitive effroyable dans les musées ne visaient, ni plus ni moins, qu’à venger la destruction du temple de Jérusalem avant la déportation des Hébreux à Babylone, il y a vingt-six siècles ?

Il est vrai que lorsqu’on est un valeureux GI ou un soldat de Tsahal - même combat - qu’on est juste bon à raser les villages du haut d’un bulldozer, les villes sous le napalm ou les bombes au phosphore, qu’on n’est pas même capable, à trois cent mille justiciers surarmés de la plus colossale armée du monde, de capturer de chef ennemi vaincu (qui, curieusement, n’a pas été livré, dès le premier jour, par ces populations en liesse imaginées par le Pentagone, toutes frémissantes de la joie d’être libérées) alors on se venge... sur ses statues, de la manière la plus basse, la plus pitoyable, la plus indécente qui soit, avant d’en colporter fièrement autour de la planète, jusqu'à s’en étourdir, les images frelatées, navrantes et dérisoires, qui relèvent de la plus grotesque mie en scène hollywoodienne. Et au même moment, dans un quartier voisin de la capitale, les descendants des captifs de Babylone brisent les vases et les statues des grands rois défunts depuis deux millénaires.

« Peccadilles que tout cela ! me direz-vous, l’essentiel demeure la Victoire de la civilisation sur la barbarie ! Et puis, voyez un peu comme l’odeur du sang frais fait remonter la Bourse ! »

L’unique morale de cette triste histoire ? Aujourd’hui plus que jamais, malheur aux vaincus ! Mais ce n’est pas pour autant la fin de l’Histoire, aussi croyez bien, valeureux exterminateurs, sels de la terre, élite du genre humain, que nous n’oublierons pas vos bienfaits et que nous saurons, le moment venu, nous montrer aussi prévenants, généreux et bienveillants que vous avez su l’être.

Ce jour-là, vous penserez à nous... préparez-vous à déguster.