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La Turquie doit-elle faire partie de l’Europe ?

06/07/04 6.31 t.u.
Prof. Dachitchev

Le Professeur Dr. Viatcheslav Dachitchev, qui fut le principal conseiller de Gorbatchev au moment de la disparition du Rideau de Fer, est, incontestablement, un homme qui a toujours été en avance sur son temps. Parmi les anciennes élites de l’Union Soviétique, il fut le premier à se faire l’avocat de la réunification allemande. Expert hors ligne des relations internationales et historien réputé, attaché à l’Académie russe des Sciences, il a démontré l’inanité des mensonges propagandistes soviétiques à propos du Pacte Hitler/Staline. Lors d’un entretien accordé à l’éditeur du « National-Zeitung » allemand, le Dr. Gerhard Frey, à Munich, fin 2003, il a évoqué les dangers d’une éventuelle adhésion turque à l’Union Européenne. Il a été clair : « La Russie s’y oppose », car « la Turquie pourrait jouer le rôle d’un Cheval de Troie des Etats-Unis ».


Frey: Professeur Dachitchev, bon nombre d’Allemands ont été profondément touchés, en 1987, par vos initiatives, lorsque, conseiller du Kremlin, vous vous êtes ouvertement prononcé en faveur de l’unité allemande. Pour nous, Allemands, ce miracle, reste attaché à votre personne et à Monsieur Mikhail Gorbatchev.

Dachitchev: Je suis fier que j’ai pu apporté une contribution à la réunification allemande. Car c’était un crime de diviser cette nation, qui vit au c?ur de l’Europe. La division du peuple allemand a d’abord été le résultat de la Guerre Froide. Ensuite, elle est devenue l’une des causes majeures des tensions. Raison pour laquelle, j’en suis arrivé à la conclusion, dès la fin des années 70, que la Guerre Froide ne pouvait se terminer sans qu’il n’y ait, auparavant, la réunification de l’Allemagne

Frey: En posant cette analyse, vous étiez bien en avance, votre prospective politique allait bien au-délà de celles, étriquées, de la plupart des politiciens allemands. La réunification a prouvé un fait d’histoire et de géopolitique encore plus patent : quand Russes et Allemands travaillent de concert et en harmonie, les deux peuples en tirent largement profit. Quand ils s’affrontent, les résultats sont généralement mauvais, pire, ils sont catastrophiques.

Dachitchev: Gorbatchev, dans son livre Wie es war [Comment cela s’est passé…], évoque les « forces malignes » qui ont provoqué l’affrontement entre l’Allemagne et la Russie. Je pense que l’Europe tout entière a perdu le 20ième siècle à la suite des trois guerres mondiales, parmi lesquelles il faut compter la Guerre Froide, qui fut, effectivement, une guerre mondiale. Nous ne pouvons pas tolérer l’émergence d’un nouveau conflit. Nous devons, aujourd’hui, nous, Russes et Allemands, travailler de concert et faire preuve d’imagination et de créativité.

Frey: C’est pour ces raisons que je suis totalement en faveur d’un rapprochement très étroit entre l’Union Européenne et la Russie.

Dachitchev: La Russie a toujours appartenu à l’Europe. Pendant la Guerre Froide,l’Amérique a mis tout en ?uvre pour séparer la Russie de l’Europe. Aujourd’hui, l’élargissement de l’OTAN à l’Est sert le même objectif. La devise de l’OTAN, qui était de « garder les Américains en Europe, rejeter les Russes hors d’Europe et maintenir les Allemands en position subalterne » reste valable aujourd’hui.
Frey: Mais si la Russie et l’Europe serrent les rangs et rassemblent leurs potentiels, elles seront invincibles…

Dachitchev: C’est exact. Les dirigeants américains le comprennent. Leur projet est d’empêcher l’émergence d’une nouvelle puissance qui constituerait un obstacle à leur volonté de dominer le monde.

Frey: C’est ce que vous avez brillamment expliqué dans votre libre « Moskaus Griff nach der Weltmacht », surtout quand vous avez décortiqué les objectifs poursuivis par Brzezinski, qui fut conseiller de la Présidence américaine. En 1997 déjà, Brzezinski présentait son plan, qui voulait que les Etats-Unis restassent la seule et unique puissance dominante en Eurasie. Par voie de conséquence, on peut prévoir que washington fera tout pour empêcher un rapprochement entre l’UE et la Russie.

Dachitchev: Je pense cependant que l’ère de l’euro-atlantisme va à sa fin et que commence une ère d’européanisation de l’Europe. Comment doit-on analyser l’attitude de la France et de l’Allemagne dans le conflit irakien ? Je pense qu’il faut l’analyser comme la rébellion des Européens contre la politique unilatérale des Etats-Unis, qui ne tiennent aucun compte des intérêts des pays européens.

Frey: La Russie, elle aussi, a participé à cette rébellion…

Dachitchev: Récemment, j’ai écrit un article sur la nécessité de créer une convention internationale qui viserait à interdire les conflits à objectifs hégémonistes, dont nous avons tous tant souffert au cours du 20ième siècle. Je demeure étonné du fait que le souvenir des événements tragiques des guerres mondiales n’ait pas encore fait émerger un tel accord, qui devrait s’inscrire dans le cadre de l’ONU. Sans doute les Etats-Unis refuseront-ils de le signer. Pourtant un tel accord aurait une force morale immense et constituerait un obstacle aux guerres qui pourraient survenir.

Andreas von Bülow, dont j’apprécie énormément les analyses, nous rappelle dans son ouvrage « Die CIA und der 11. September » [La Cia et le 11 septembre], les Etats-Unis s’imaginent aujourd’hui en guerre contre 60 « Etats-voyous ». Selon mon analyse, nous nous trouvons en plein milieu d’une crise politique pré-conflictuelle. Bon nombre de caractéristiques l’indiquent. La Guerre Froide n’a pas débouché sur une guerre généralisée, car, à l’époque, il y avait encore l’équilibre de la terreur nucléaire. Un accord tacite existait encore les deux super-puissances pour ne pas entreprendre d’actions qui auraient pu conduire au déclenchement d’un conflit nucléaire. Aujourd’hui, la donne est différente : la politique américaine a poussé tous les pays à vouloir se doter d’armes atomiques. Dans ce cas, les Américains ont agi contre leurs propres intérêts.

Frey: Ce ne serait pas la première fois.

Dachitchev: Aujourd’hui, contrairement à la situation qui régnait lors de la Guerre Froide, un conflit généralisé peut éclater. Ainsi, par exemple, si des armes de destruction massive venaient à être utilisées au Proche Orient, les pays voisins ne pourront pas rester en marge du conflit et seront entraînés dans la guerre. A partir d’un tel imbroglio pourrait se déclencher une guerre nucléaire généralisée. Imaginez un peu comment se comporterait la Russie si les Etats-Unis attaquaient l’Iran. La Russie fournirait évidemment à l’Iran des missiles anti-aériens (sol-air) de type S-300 et d’autres armements modernes. Une tension extrême surviendrait entre la Russie et les Etats-Unis.

Frey: Ensuite, il me semble évident que les Etats qui ne disposent pas encore d’armements classiques suffisamment performants attendront tous, les bras croisés, d’être ratiboisés. Si les Etats-Unis et Israël sont armés jusqu’aux dents, leurs adversaires potentiels devront nécessairement montrer qu’ils se sont au moins donnés les capacités de survivre. La question décisive est alors la suivante : dans quelle mesure Bush est-il fiable, dans quelle mesure agit-il encore sous la dictée de la raison et dans l’intérêt de son propre pays ?

Dachitchev: Je pense qu’il est difficilement cernable. La question déterminante, qui annonce toutes les autres, est : « Quel sera le suivant ? La Syrie ? L’Iran ? Cuba ? Ou la Corée du Nord ? Si les Etats-Unis ne reviennent pas à la raison, la paix mondiale est en danger. Voilà la menace qui guette aujourd’hui.

Frey: Pensez-vous que Bush soit en mesure de tirer les conséquences qu’il faut, quand il voit se qui se passe aujourd’hui en Irak ?

Dachitchev: Je crois que l’enlisement qui s’observe est un choc pour les Américains. Ils ont certes gagné la guerre classique, mais ils n’ont assurément pas gagné la paix. Je doute ensuite qu’ils gagneront un jour la paix en Irak et dans le reste du Proche Orient. A mon avis, Bush doit tirer les conséquences logique de cette victoire qui n’en est pas une.

Frey: Peut-il le faire ?

Dachitchev: Réfléchissez : aux Etats-Unis, l’opposition à sa politique est très forte. Si Bush renonce à sa politique hégémoniste, alors nous pourrons véritablement parler de « dividendes de paix », c’est-à-dire de ces dividendes que nous espérions tous dès la fin de la Guerre Froide. Or les Etats-Unis n’ont pas embrayé sur cet espoir planétaire de paix : au contraire, ils ont amorcé une nouvelle course aux armements, dans le monde entier.

Frey: Nous plaçons beaucoup d’espoirs dans une Russie forte. Nous sommes inquiets, en Allemagne, parce que nous voyons s’activer des forces aux Etats-Unis qui cherchent sans cesse à affaiblir la Russie.

Dachitchev: La plupart des Russes et aussi la plupart des hommes politiques ont compris ce que signifiait vraiment la politique russe des Etats-Unis. Dans son livre sur les Etats-Unis, « Après l’empire. Essai sur la décomposition du système américain » (Gallimard, 2002), Emmanuel Todd écrit très justement que la guerre en Tchétchénie doit être considérée comme une confrontation directe entre la Russie et les Etats-Unis. Je pense qu’il a tout à fait raison !

« La Turquie, Cheval de Troie des Etats-Unis »

Frey: Pour vous, Russes, et pour nous, Allemands, l’entrée de la Turquie dans l’UE constituerait un terrible ressac géopolitique. En effet, la Truquie est un porte-avions américain et un partenaire de premier plan de lam achine de guerre israélienne. Par l’effet d’une adhésion, des millions de citoyens turcs, qui vivent là-bas dans la précarité, viendraient chercher un bonheur tout matériel en Europe centrale, car adhésion signifie, ne l’oublions pas, libre circulation au sein de tous les Etats de l’Union. Ipso facto, une UE avec la Turquie déboucherait sur une autre Europe. Quelle est la position russe sur cette question?

Dachitchev: La Russie s’oppose à l’adhésion turque. Les principaux avocats de cette adhésion sont bien entendu les Etats-Unis ; visiblement, ils veulent faire jouer à la Turquie le rôle de Cheval de Troie.

Frey: Russes et Allemands se ressemblent au fond. Nos deux peuples sont issus mentalement de la chrétienté. Je respecte la culture musulmane des Turcs et, parce que je la respecte, je sais qu’elle est très différente.

Dachitchev: Brzezinski a écrit : « nous ne pouvons pas tolérer que l’UE devienne une puissance mondiale ». La Turquie, par sa présence au sein de l’Union, peut empêcher l’Europe de devenir une grande puissance. En ce qui concerne la Russie, la plupart des hommes politiques russes sont favorables à une adhésion de la Russie à l’UE. Mais nous sommes bien conscients que cela ne peut se passer du jour au lendemain. Il faut que la Russie soit mûre pour une telle adhésion or ce n’est pas le cas. Il faut qu’émergent dans notre pays des structures politiques, économiques et juridiques valables. L’objectif des Etats-Unis est de créer une pauvreté générale en Russie. Ils ont réussi à réaliser ce projet par le biais d’Eltsine et de sa clique. Poutine comprend que la politique est l’art du possible. Gouverner la Russie avec les hommes d’Eltsine a été pour Poutine une tâche très compliquée. Mais Poutine s’oriente vers l’Europe, tandis qu’avant lui, Eltsine se tournait entièrement vers les Etats-Unis. Oswald Spengler prévoyait un déclin del ‘Europe, mais si la Russi se joint à l’Europe dans un partenariat solide,n alors aucune puissance au monde ne sera capable de nous menacer.

(article tiré de DNZ, Munich, n°40/2003).


 
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