01/12/03 9.31 t.u. Angelo Mastrandrea, Il Manifesto

Cet article traduit de l’italien par nos soins vise à démoniser les partisans de la résistance irakienne en Europe en agitant l’épouvantail de l’alliance des extrémismes opposés. Il n’en reste pas moins intéressant si on sait le lire entre les lignes. C’est la raison pour laquelle nous vous le proposons.

Des nazimaoïstes aux républicain forcenés, en passant par les fondamentalistes musulmans, ils se revendiquent tous de la résistance irakienne et du dépassement de la « dichotomie gauche-droite ».

Qu’ont en commun une poignée d’ex-trotskistes qui aujourd’hui animent le Campo antimperialista, un groupe de nazimaoïstes qui se revendiquent du «communisme national», une revue publiée par des nostalgiques de la République de Salo et du fascisme des origines et le secrétaire de l’Union des communautés musulmanes italiennes ?

Dans l’immédiat, un soutien similaire à une manifestation en faveur de la résistance irakienne qui doit se tenir le 13 décembre prochain. Mais aussi, pour quelque uns d’entre eux un véritable projet politique qui dépasse la « dichotomie gauche-droite » au nom de l’antiaméricanisme considéré comme la quintessence de l’impérialisme. Une fois l’Amérique identifiée comme l’ennemi de l’humanité, en toute logique, ils appellent tout le monde à la combattre, indépendamment de leur famille idéologique. Ce projet circule sur le net depuis février dernier sous le titre sans équivoque «Peoples smash America». C’est sur cette base qu’est proposée l’adhésion à une « liste antiaméricaine », tandis que les projets similaires se développent sur d’autres mailing lists comme Al Awda, « droitegauche » et, ces derniers jours, sur celle de Forza nuova, où se tient un débat animé au sujet de la participation à la manifestation du 13.

Le lieu de rencontre physique est le Campo antimperialista de Perugia, qui chaque année se vante de l’adhésion de centaines d’organisations révolutionnaires du monde entier attirant ponctuellement l’attention des forces de l’ordre et de la presse de droite. Parmi ces groupes, on rencontre le microscopique Parti maoïste russe et une fantomatique Fondation Saddam Hussein, ainsi que les «communautaires» de Socialisme et libération de Maurizio Neri, ex lepeniste issu du Front social national d’ Adriano Tilgher et convertit au «communisme national». L’animateur du Campo, du bulletin Voix ouvrière et d’une fantomatique organisation D17 est Moreno Pasquinelli. C’est lui qui a, en d’autres temps, accusé le mouvement « No global » de ne pas être révolutionnaire. Cette année, bien que la star du Campo fut un représentant de l’«opposition patriotique » irakienne, un ba’assiste socialiste national, la participation fut plus faible que celle des années précédentes. Les présents purent entendre lors de cette réunion une intervention sur le «génocide du peuple serbe » par Maria Lina Veca, une brillante collaboratrice du quotidien Rinascita qui s’était précédemment fait remarquée par un article virulent contre le sénateur écologiste et mouvementiste Francesco Martone qui avait osé écrire une lettre ouverte à l’hebdomadaire Carta parce que la Bibliothèque du Sénat était abonnée à ce quotidien dirigé par Ugo Gaudenzi, ex-correspondant de l'agence de presse Ansa à Beyrouth, qui dans les années soixante fut un des nazimaoïstes de Lutte du peuple. D’une manière surprenante, entre deux articles de ce journal sont publiés des photos de militants faisant le salut romain et des communiqués commémorant la République de Salò. Si on n’a pas encore tout compris, le logo qui figure à côté du titre du quotidien est celui de la Waffen SS italienne.

Sur l’appel à la manifestation, ces choses là ne sont pas écrites. Comme ne sont pas expliqué les personnalités qui animent la discussion sur la « liste antiaméricaine ». Des individus comme Claudio Mutti, de Parme, directeur d’une petite maison d’édition d’extrême-droite, les Editions du Veltro, et qui se présente comme dissident lepeniste sur la liste commune de Flamme tricolore et du Mouvement fascisme et liberté aux élections européennes. Ou comme Alessandra Colla, directrice d’Orion.

En peu de temps, l’appel a recueilli, principalement à l’extrême-gauche un millier de signatures d’individus et d’organisations. Parmi celles-ci on trouve toutefois celle de Tiberio Graziani, traducteur de Pierre Drieu La Rochelle, auteur de la postface du livre « Serbie, avant-poste d’Europe » du nationaliste serbe Kalajic et d’un livre d’entretien avec le père Benjamin, «Irak, avant-poste d’Eurasie». A aussi signé, Luigi Tedeschi, directeur de la revue d’extrême-droite Italicum. Et l’intellectuel de droite Franco Cardini a fait de même ainsi que divers néofascistes de provenance variée.

On peut penser, à la vue de tout cela, dans le meilleur des cas, à une «infiltration» néofasciste, au pire à un véritable projet politique. Cela a donc amené certains à retirer leur adhésion comme l’ont fait l’Union des arabes palestiniens d’Italie et l’Union des communautés musulmanes italiennes. Mais le secrétaire-général de celle-ci, Roberto «Hamza» Piccardo, n’a pas lui fait ce geste alors qu’il a un passé de gauche. «Pour moi c’est une question de principe. Les différences idéologiques ne sont rien face aux morts d’Irak. Lors d’une manifestation pour la Palestine à Rome, j’étais intervenu pour éviter que soit molester un jeune militant fasciste qui était venu à titre personnel » dit-il. Et il annonce que, le 13 décembre, il sera dans la rue avec les antiaméricains de gauche et de droite.

Il Manifesto, 22 novembre 2003