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Nécrophagie & bruits de botte

19/08/02 15.01 t.u.
Aurora Uzas

Décidément, le culot de la thalassocratie n’a pas de limite.

En effet, ne vient-on pas d’apprendre que plus de 500 proches des “victimes” des “attentats” du 11 septembre ont déposé, jeudi 15 août 2002 (journée non fériée outre-Atlantique, curieux compte tenu des prétentions des sectes télévangélistes proches de l’administration Bush à voir dans les États-Unis le phare des nations chrétiennes) une plainte civile contre le Soudan, sept banques internationales, huit organisations caritatives (labellisées, ipso facto, comme “islamiques”), plusieurs financiers et trois membres de la famille royale séoudienne, les accusant d'avoir participé au financement d'Al-Qaïda.

Pas gênés aux entournures, nos quémandeurs réclament, vous avez bien lu, un million de milliards de dollars de dommages-intérêts aux entités et mille milliards dollars aux individus visés.

Une démarche hallucinante au regard des responsabilités respectives de Riyad et de Washington.

Ce que n’a pas manqué de relever la presse séoudienne, rappelant, qu’en toute logique, une telle action aurait dû viser les États-Unis.

Car comme l’a écrit Al-Watan, " Beaucoup parmi ceux que l'Amérique pourchasse aujourd'hui pour terrorisme sont sortis des camps d'entraînement américains "(1), et c’est bien l'Amérique et non l’Arabie Séoudite qui " a entraîné des terroristes dans des camps à travers son territoire (…) et a refusé l'extradition d'Ossama Bin-Laden du Soudan en 1996. Par conséquent, les familles des victimes des attaques du 11 septembre devraient déposer une plainte contre les États-Unis et non contre les Séoudiens "(2).

Effectivement, et à y regarder de plus près, comment ne pas noter que les personnalités séoudiennes cités dans la plainte sont le ministre de la Défense, SAR Sultan Bin-Abdel Aziz al-Séoud, l'ancien chef des services secrets Turki al-Fayçal al-Séoud, et l'homme d'affaires Mohammed al-Fayçal al-Séoud, frère du prince Turki et directeur de la Faisal Islamic Bank, la première banque islamique du Moyen-Orient.

Curieuse cette propension à ne réclamer du fric (et rien d’autre) qu’à des gens cousus d’or, non ?

Ce choix appelle quelques remarques.

On l’a vu, on perçoit chez nos plaignants une âpreté à tirer force viatiques de leurs malheurs. Une constante prébendière poussée par quelques cabinets spécialisés depuis quelques années. Cela me rappelle une conversation saisie au vol, il y a quelques années, entre un lobbyiste et un de ses interlocuteurs, trop à droite au goût du premier. Le lobbyiste ayant appris que son vis-à-vis, issu d’une famille de résistants, avait eu des déportés dans sa famille, de lui concéder avec condescendance : " Ah !, mais, finalement, nous avons quelque chose en commun ". Pour s’entendre répondre, du tac au tac, " Pas de confusion ! Dans ma famille, on ne vend pas ses cadavres ".

D’avance, avertissons donc ces pieux Ricains plus portés sur les dollars que sur le deuil, que ce sont leurs avocats et les lobbies professionnalisés à l’extrême qui seront les mieux lotis dans le partage des dépouilles opimes wahhabites, s’il a lieu. Lecture conseillée à ce sujet : L’Industrie de l’Holocauste de l’Américain Norman Finkelstein…

En l’état, comment ne pas noter que nos plaideurs (plus dignes de Shakespeare que de Molière) mettent la charrue avant les bœufs. À ce jour, l’affaire des Twin Towers n’a – au bout près d’un an – conduit qu’à une seule inculpation. Celle d’un ressortissant… français.

Quant aux dessous de cette affaire, citons Jacques Borde dans son livre Pourquoi l’Amérique ? - 11 septembre, qui écrit, citant l’ancien “terroriste” Anis Naccache (condamné en 1980 à la réclusion à perpétuité pour le meurtre de policiers français lors de sa tentative d’assassinat de Chapour Bakhtiar, et gracié ensuite) " avance l’hypothèse d’une manipulation ".

" Personne ", souligne-t-il, " n’a pris en considération l’hypothèse que les attentats aient pu être l’objet d’une manipulation par d’autres. Moi j’ai eu l’expérience de ce genre de choses (…) Dans les années 80, la CIA et le Mossad ont organisé une école d’espionnage au Maroc pour former des gens à infiltrer les mouvements islamiques pour aider la résistance afghane contre l’Union Soviétique (…). J’ai été surpris qu’après les attentats, personne n’ait parlé de cette école, parce que des centaines de personnes y ont été formées et certaines auraient pu se montrer suffisamment convaincantes pour persuader des gens à commettre les attentats aux Etats-Unis "(3).

Pour en revenir aux Séoudiens, ils sont loin d’être les premiers partenaires d’Ossama Bin-Laden.

Citons encore Jacques Borde qui souligne que si l’on donne un sens large à la quête judiciaire des “amis” de Bin-Laden, rappelle qu’ " en 1979, concrètement, celui qui n’était pas encore le locataire de la Maison-Blanche, “lance sa société pétrolière Arbusto Energy. Parmi ses partenaires, la… Bin-Laden Aviation basée à Austin (Texas). Dont le patron, Salem Bin-Laden, développe notamment sa fortune avec plusieurs avions rachetés à la CIA”. Voilà notre prêcheur de croisade lui-même assez mal placé pour aller fouiller les poubelles de quelques pétromonarchies peu difficiles sur le choix de leurs associés…

" Et, c’est à partir de 1984 que son frère Ossama est financé par ces mêmes services secrets US pour organiser des attaques terroristes contre les Soviétiques en Afghanistan. Recevant notamment des missiles Stinger dernier cri. L’Afghanistan fut la plus grosse opération CIA de tous les temps : 5 Md$US "(4).

Évidemment, tout ce pathos de prisunic qui accompagne les lamentations intéressées d’aujourd’hui aurait un sens si les Américains eux-mêmes, à défaut de balayer devant leur porte, manifestaient un peu de remord quant à leur propre conduite.

Est-ce le cas ? À lire Pourquoi l’Amérique ? - 11 septembre, pas vraiment. Borde de poursuivre : " quel regard portent aujourd’hui sur ces exploits relativement récents les acteurs américains de cette politique du pire ? S’il serait exagéré de bâtir des généralités sur de simples exemples, celui du sénateur Orrin Hatch, qui a participé à cette chaîne de décisions, mérite cependant d’être cité. Pour cet homme de bien, “Cela valait la peine. C’était très important pour faire s’écrouler l’URSS” "(5).

En fait, comme le démontre cet éditorial, de fin décembre 1996 de La Lettre de Magazine Hebdo, aujourd’hui disparue, d’Alain de Benoist, Washington a toujours été c…l et chemise avec les terroristes présumés du 11 septembre et leurs alliés, et " Ce qui se passe aujourd’hui en Afghanistan n’est pas moins exemplaire. Ce sont en effet les États-Unis qui patronnent officieusement les Taliban, ces étudiants-soldats ultrafondamentalistes, décrits par les mollahs iraniens eux-mêmes comme “violents, bornés et réactionnaires” et qui, après avoir été créés de toute pièce par les services secrets de l’armée pakistanaise l’Inter-Services Intelligence (ISI) — sont actuellement toujours armés et manipulés par le Pakistan. C’est que l’Afghanistan est une pièce maîtresse de la stratégie américaine en Asie Centrale, tant en raison de sa position géopolitique que des richesses de son sous-sol ".

" L’appui apporté par la Maison-Blanche aux extrémistes talibans s’explique donc par des raisons à la fois économiques et stratégiques. Il s’agit d’une part, pour Washington, de mettre la main sur les territoires que doivent traverser un gazoduc, puis un oléoduc reliant le Turkménistan au Pakistan, via l’Afghanistan, c’est-à-dire de contrôler l’acheminement d’énormes réserves de gaz et de pétrole. Ce gazoduc et cet oléoduc doivent être construits sur une distance de 1 000 km, pour un coût total de 3 Md$US, par la société américaine Unocal en association avec la firme séoudienne Delta Oil. Il s’agit d’autre part d’empêcher l’Iran d’étendre son influence en Asie Centrale et de réduire la présence traditionnelle de la Russie dans la région, tout en favorisant au contraire l’influence turque dans les anciennes républiques musulmanes soviétiques, bref d’opposer à l’axe russo-iranien-indien une ligne d’ “endiguement” associant l’Arabie Séoudite, le Pakistan et la Turquie. Le Pakistan trouve lui-même son intérêt dans cette affaire : en favorisant l’installation à Kaboul d’un régime à sa solde, il se dote d’une profondeur stratégique qui lui faisait défaut face à l’Inde. Tout l’échiquier politique, économique et stratégique de l’Asie Centrale est donc concerné. C’est la reprise du “grand jeu” décrit par Rudyard Kipling au siècle dernier, avec cette fois les États-Unis dans le rôle qui était autrefois celui des Anglais ".

Même le pro-occidental Gilles Kepel, a été forcé de reconnaître, repris in Pourquoi l’Amérique ? - 11 septembre, qu’ " On ne comprend rien à cette tragédie si on ne sait pas que Bin-Laden a été biberonné par la CIA dans les années 80. Les sanglants attentats de New York et de Washington sont finalement l’épilogue tragique d’une des entreprises majeures de la politique américaine en Afghanistan depuis vingt ans "(6).

Qui plus est, comment ne pas souligner que si, à Riyad, on a bien fricoté avec Bin-Laden, la rupture avec le pouvoir séoudien – contrairement aux Américains qui, l'été 2001, lui rendaient aimablement visite dans l’hôpital d’une pétromonarchie, est antérieure à celle de Washington.

En effet, l'homme qui, en Arabie Séoudite, aura le plus de liens avec dirigeant (en exil) de l'Organisation de la Réforme & du Conseil, Ossama Bin-Laden, est bien l’ancien chef des services secrets wahhabites, Turki al-Fayçal al-Séoud.

Or, à son sujet, on remarquera que :

1. Au moment des faits (le 11 septembre 2001), Turki n’est plus responsable des SR séoudiens. Ces derniers, et par-là le Royaume, ne sauraient être liés à cette affaire.

2. Chronologiquement, cela fait des années que Turki a rompu avec Bin-Laden. Le dirigeant (en exil) de l'Organisation de la Réforme & du Conseil a même été déchu sa nationalité séoudienne (ce qui n’a pas été le cas du Taliban américain Walker), pour son refus de s’aligner sur la “ligne” géopolitique édictée à Riyad…

À quoi riment donc les gesticulations juridico-dollaresques ourdies par les faisons du barreau US ?

À l’évidence, et dans un premier temps, comme l’a souligné le quotidien Al-Madina, " C'est un cas flagrant de chantage financier et politique (…) par des avocats habiles qui fabriquent des preuves dans un climat hostile à la culture et aux valeurs arabes", affirme pour sa part "(7).

Mais, plus largement, note, de son côté Okaz, " Cette affaire pourrait aller au-delà du chantage et des pressions (…) pour viser le royaume et son peuple "(8).

En effet, n’oublions pas que Riyad vient de refuser d’octroyer l’usage de son territoire aux hordes hitléro-ricaines pour leur nouvelle agression raciste contre le peuple irakien. Qui plus est, l’Arabie Séoudite a pris la tête des États arabes refusant de financer plus avant les ratonnades de l’Oncle Sam. D’où l’intérêt, bien dans la manière du proxénète US, de “mettre” ses obligés à l’amende…

Notes

(1) Al-Watan (17 août 02).
(2) Idem.
(3) Pourquoi l’Amérique ? - 11 septembre - ISBN : 2-912476-35-6 - 242 pages - 22 euros - pour le commander, cliquer ici.
(4) Idem.
(5) Idem.
(6) Idem.
(7) Al-Madina (17 août 02).
(8) Okaz (17 août 02).

 
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