04/06/02 13.51 t.u. Françoix-Xavier Massa

S’interrogeant sur le fait que Riyad et Le Caire se soient engagés auprès de Georges W. Bush [un modèle en matière de droits de l’Homme, comme tout un chacun le sait, Nldr] à faire pression sur le président de l’Autorité nationale palestinienne, Yasser Arafat, afin l’ex-assiégé de Ramallah procède sans tarder à des " réformes indispensables " au sein de l'Autorité Palestinienne, un estimé, mais pas gêné aux entournures, confrère israélien Sever Plutzker, de s'étonner :

" Comment les leaders de deux États non démocratiques, dont l'un fait régner un régime fondamentaliste, peuvent-ils être les parrains et les pères spirituels de la démocratie palestinienne ? Comment les Palestiniens eux-mêmes peuvent-ils accepter des leçons de morale de la part de pays qui n'accordent pas le minimum de droits démocratiques à leurs citoyens ? Ça n'est pas sérieux ! Les élites au pouvoir dans le monde arabe, l'Égypte et l'Arabie Séoudite en particulier, ont une peur bleue de voir s'installer dans les Territoires palestiniens une démocratie arabe libérale qui serve de modèle et qui inspire ensuite d'autres populations… Si les autorités saoudiennes souhaitent tant voir des réformes au Proche-Orient, elles n'ont qu'à commencer par les mettre en application dans leur pays ! "(1).

Certes, mais l’État hébreu, grand donneur de leçons en ces domaines est-il mieux le placé pour donner le ton ?

Les méthodes attentatoires aux droits de l’Homme en usage dans les SR israéliens sont généralement dénoncées par, disons, le camp adverse : les Palestiniens. Ce qui a toujours permis aux gouvernements sionistes successifs de mettre en doute la pertinence de ces accusations. Mais visiblement les barbouzes israéliennes ne se privent pas non plus de violer les droits humains les plus élémentaires lorsqu’elles interrogent des suspects (de quoi, au fait) appartenant à l’extrême-droite sioniste. Comme le démontrent ces lignes d’une citoyenne israélienne, à peine sortie des griffes du Shabak.

Plutôt édifiant.

Que nous dit, en effet, la malheureuse Etty Dvir ?

" Shmoulik, Erika et une troisième enquêteuse dont j’ignore le nom m’ont menacée en me disant que si je refusais de parler, ils me prendraient mon bébé. Je ne fus pas d’accord et ils ont essayé de me la prendre de force. Ils ont cherché à m’écarter les bras, m’ont frappé au visage et m’ont pris mon enfant. Je ne pouvais plus m’opposer, ils m’ont simplement arraché mon bébé et l’ont sorti de la pièce. Ce qui se passa pendant une heure et demie fut pour moi un vrai cauchemar. Quelqu’un tenait ma fille à l’extérieur, près de la porte, pour que je l’entende pleurer ou hurler. Et elle a pleuré et hurlé tout le temps. Ils m’ont dit : “Si tu veux nourrir ton bébé, parle. Et si tu ne veux pas, on va l’envoyer chez l’assistante sociale”. Cela dura une heure et demie. Après m’avoir pris mon bébé, ils m’ont attachée avec des menottes à la chaise et m’ont insultée "(2).

Ou encore

Qu’ " Après une heure et demie, ils me rendirent mon bébé. J’ai alors demandé que les hommes sortent de la pièce pour que je puisse l’allaiter mais ils n’ont pas accepté. Ils fumaient cigarette après cigarette et ont fermé les fenêtres. La pièce était totalement enfumée "(3).

De quoi évidemment se tordre de rire quant à l’indignation sélective du camarade Plutzker.

Plus généralement, est-ce effectivement au dernier pays appliquant une forme d’apartheid entre ses citoyens – Arabes Israéliens et Juifs Israéliens – d’exiger des réformes démocratiques de l’Autorité nationale palestinienne ?

Est-ce vraiment au pays dont le l’ex-gouverneur de la Banque centrale, le Pr Frankel, se retrouve dans le collimateur de la justice, d’exiger que son interlocuteur au processus de paix, jugule la corruption qui règne dans les territoires autonomes ?

Est-ce encore à un gouvernement truffé de militaires – le Premier ministre, le général (CR) Ariel “Arik” Sharon, le ministre de la Défense, le général (CR) Binyamin “Fouad” Ben-Eliezer et le brigadier-général (CR) Ephraïm “Effi” Eitam, pour ne citer qu’eux – de nous repasser à longueur de journée le disque rayé de la “première démocratie” (sic) du Proche-Orient.

Pas vraiment. Alors, cher Sever Plutzker, vos leçons gardez-les donc pour ceux qui gouvernement si mal votre pays…

Notes

(1) Yediot Aharonot (3 juin 02).
(2) Aroutz Sheva (3 juin 02).
(3) Idem.

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