Pat Buchanan juge les présidents des Etats-Unis
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09/07/04 |
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4.38 t.u. |
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Pat Buchanan |
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Avec le décès de Ronald Reagan, les historiens, les universitaires et les journalistes ont eu, une nouvelle fois, l'occasion d'attribuer un classement à nos présidents. Comme à l'habitude, les trois premiers ont été : Washington, Lincoln et Roosevelt. Cela révèle plus de choses sur les historiens, les universitaires et les journalistes que sur les présidents passés des USA.
Il est hors de doute que Washington fut notre plus grand président, le père de notre pays et le premier capitaine du navire Amérique. Mais Lincoln est grand uniquement pour ceux qui estiment que s'opposer à la sécession pacifique des Etats du Sud justifiait de suspendre notre constitution, d'établir une dictature et de mener une guerre totale qui fit six cent mille morts et ravagea le Sud au point qu'il mit plusieurs générations à s'en remettre.
Pour Roosevelt, il fut le plus grand homme politique du XXe siècle, dit-on. Mais est-ce qu'on juge la grandeur d'un président au fait que son gouvernement et son administration soient infiltrés au plus haut niveau par des traîtres et des espions ? Ou bien à celui que sa diplomatie abandonne dix pays européens à un despote dont le régime de terreur fut le plus grand ennemi de la liberté humaine de l'histoire moderne ?
Roosevelt restaura la confiance de la nation durant son premier mandat et fut triomphalement élu pour un second. Mais, en 1937, la dépression était passée par là, et nous n'en sortîmes que par les dépenses militaires de la seconde guerre mondiale dans laquelle Roosevelt entraîna notre pays. Il nous parlait de paix tout en préparant la guerre.
Aucun des historiens, des universitaires et des journalistes, n'estime que Reagan fut un grand président. Pourtant, c'est durant sa présidence que les peuples que Roosevelt avait vendu aux communistes, à Téhéran et à Yalta, retrouvèrent la liberté.
Wilson et Truman sont toujours cité dans le "top ten".
Si notre entrée dans la première guerre mondiale permit la victoire des alliés, Wilson ramena de Versailles une mauvaise paix et trahit ses principes, ses quatorze points et sa déclaration solennelle faite au gouvernement allemand, quand celui-ci accepta l'armistice. Son traité de paix démembra l'Allemagne et conduisit à l'affreuse guerre de revanche vingt ans plus tard. De plus, Wilson refusa d'accepter aucun des compromis proposés par le Sénat, visant a protéger la souveraineté américaine en refusant le traité de paix et la Ligue des nations. Qu'est-ce qui en fait un grand homme dans tout cela ?
Truman, lui, fit larguer deux bombes sur des villes sans défense et remit aux autorités soviétiques – et donc au Goulag – deux millions de dissidents et de prisonniers de guerre. Il laissa la Chine nationaliste être défaite, renvoya le général MacArthur quand celui-ci fut sur le point de vaincre en Corée, présida une administration corrompue et quitta ses fonctions avec une côte de popularité de 23%. Qu'est-ce qu'il y a de grand dans tout cela ?
Warren Harding est considéré par historiens, les universitaires et les journalistes, comme un de nos pires présidents, sinon comme le pire. Il a été président cinq mois de moins que JFK et est décédé en fonction en 1923. Pourtant ses réussites diplomatiques et économiques ont été de premier ordre. Il négocia le grand traité de désarmement du siècle – le Washington Naval Agreement – qui donna à notre marine la supériorité sur toutes les autres flottes et nous assura – avec notre allié anglais – une puissance navale trois fois supérieure à celle du Japon. Même Tokyo admit, à l'époque, qu'il s'agissait d'une victoire diplomatique des USA.
Avec son Secrétaire au trésor, Andrew Mellon, Harding réduisit les taxes de guerre de Wilson, les faisant passer de 63 à 25%, mit fin à la stagflation et fit connaître à notre économie le boom des "roaring twenties". Quand il fut élu, il y avait 12 % de chômeurs. Quand il décéda, deux ans et demi plus tard, il n'en restait que 3 %.
C'est incontestablement un des pires bilan présidentiel !
Si on le condamne, est-ce parce qu'il avait une maîtresse alors qu'il était à la Maison Blanche ? Mais condamne-t-on JFK pour cela ? Et est-ce que l'existence de Monica Lewinsky fait que la présidence de Carter fut un échec total ?
Son successeur, Calvin Coolidge fit faire, lui aussi, de grands progrès à notre pays.
Harding, Coolidge, Eishenhower et Reagan furent des hommes qui nous tirent éloignés de la guerre et qui favorisèrent la prospérité économique. Pourtant, ce sont ceux qui nous firent entrer en guerre, ou qui perdirent les bénéfices de celles faîtes avant eux, qui sont considérés comme des "grands hommes".
Cela nous en dit moins sur nos président que sur nos historiens, nos universitaires et nos journalistes.
Pat Buchanan
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