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politique
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Sanofi-Aventis, le prix des médicaments, les malades et la sécurité sociale

09/07/04 4.45 t.u.
Jean Duverne

Alors que les journaux télévisés poursuivent leur campagne sur le pseudo-déficit de la Sécurité sociale, et donc, sur le caractère incontournable de la réduction des soins - et notamment des traitements par médicaments - jetons un coup d’œil sur un autre monde.

Les mêmes médias ont aussi consacré, il y a quelques semaines, beaucoup de temps à la naissance du « géant » de la pharmacie, Sanofi-Aventis. Le 25 avril, le groupe pharmaceutique franco-allemand Aventis a, en effet, accepté les conditions de son rachat par le groupe pharmaceutique français Sanofi, trois mois après que ce dernier ait lancé une offre publique d’achat (OPA) hostile ... devenue amicale.

Mais personne, dans tout ce joli monde médiatique, ici hurlant contre la prétendue surconsommation médicale des Français, là se frottant les mains de la bonne affaire pour le capitalisme français, n’a voulu relever l’un des aspects essentiels de l’opération : une course effrénée au profit de la part de ces groupes de l’industrie pharmaceutique, imposant aux malades qui ont besoin de médicaments des prix totalement délirants.

Le secteur de l’industrie pharmaceutique est considéré depuis plusieurs années comme le plus rentable au monde, avec des profits moyens se situant entre 15 et 25 %. Ainsi, Sanofi, au moment de lancer son OPA sur Aventis, avait annoncé un profit net en hausse de 18 % en 2003 ( soit plus de deux milliards d’euros), année qui fut pourtant considérée comme noire pour l’économie.

La botte secrète des groupes de ce secteur est le monopole de fait que constitue le dépôt de brevet. Pendant vingt ans, le groupe industriel dispose du droit d’utilisation, du monopole de son « invention ». Tout capitaliste qui vante les mérites de la concurrence sait très bien que rien n’est plus important que ce brevet monopole pour s’assurer des profits exorbitants. D’ailleurs, cette question, plus connue sous le nom de « propriété intellectuelle », a été un des thèmes majeurs des dernières discussion de l’Organisation mondiale du commerce, auxquelles les puissances impérialistes, et, au premier chef les Etats-Unis, accordent la plus grande importance. La concurrence, c’est bon uniquement pour les petits : les salariés d’abord, par le chantage au chômage et à la délocalisation, et pour les PME bousculées par la pression des donneurs d’ordre et le dumping.

Pour Sanofi, les profits viennent des « médicaments vedettes » : Stilnox-Ambien (ventes : + 10 % en 2003), Plavix (+ 37,4 %), Eloxatine (+ 125,8 %), etc. [1] De plus, Sanofi annonce que des médicaments en cours d’homologation pourraient devenir de très grands block-busters, c’est-à-dire des produits rapportant au moins un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel. Et lorsque, au bout de vingt ans, un médicament tombe dans le domaine public, on trouve de nouvelles molécules (souvent presque identiques...) protégées par un nouveau brevet pour maintenir les profits et permettre de « servir, année après année, un bénéfice par action conforme à la moyenne des entreprises du secteur (20 à 25 % pour les meilleures), tout en consacrant 18 à 20 % de son chiffres d’affaires à la recherche » [2].

Voilà pourquoi Sanofi (dont les brevets sur le Plavix devraient tomber cette année) voulait se payer Aventis : pour faire main basse sur son portefeuille de brevets et constituer un mastodonte européen. Cette opération est d’autant plus nécessaire que la production d’un médicament est devenue un investissement considérable en matière de recherche-développement. Alors qu’en 1979, il fallait cinquante-quatre millions de dollar pour en fabriquer un, il en faut cinq à huit cents aujourd’hui. Dans ces conditions, seul un médicament répondant aux critères de profit maximum a des chances de sortir. Déjà, à ce niveau, il n’y a plus, au point de départ, aucune préoccupation de santé publique. Mais ce n’est pas tout...

Pour que les profits soient engrangés, il faut vendre les médicaments au niveau de prix nécessaire pour les capitalistes. Et là réside une autre raison fondamentale d’une opération comme celle de Sanofi sur Aventis : atteindre la « taille critique » pour intervenir sur le marché des Etats-Unis. Pourquoi celui-ci particulièrement ? D’abord pour sa taille, bien sûr, mais surtout parce que c’est le marché le plus « solvable » au monde, où le prix des médicaments est totalement libre, contrairement à ce qui se passe dans la plupart des autres pays.

Déjà, Sanofi a annoncé qu’en 2003 ses ventes avaient augmenté de 73,3 % aux Etats-Unis. Un marché très profitable donc ... mais qui ne profite pas au quelques quarante-trois millions d’Américains privés d’assurance maladie.

Rappelons encore que les fonds publics pour la recherche vont prioritairement aux subventions aux firmes privées comme Sanofi, pour qu’elle déposent plus de brevets de recherche appliquée afin de répondre « aux obligations de résultats » imposées par le capital financier. C’est pourtant de la recherche fondamentale, gratuite et aléatoire, donc non rentable, que dépendent tous les progrès futurs. Qu’importe, il reste les Téléthons pour ça !

Jean Duverne

Notes :

1 - Chiffres des journaux financiers à propos de l’OPA.
2 - Le Monde, 27 avril 2004.

Avec l’accord immédiat de la Commission européenne

Dès le lendemain de la décision de la fusion, le lundi 26 avril, la Commission européenne a approuvé le projet d’acquisition d’Aventis par Sanofi. Cette même Commission européenne, qui multiplie les odes à la libre concurrence et les décisions à l’encontre des grands groupes industriels tels Alstom ou Bull, les obligeant à de nouvelles restructurations, n’a rien trouvé, là, à redire à cette fusion.

Mais le communiqué de la Commission européenne l’approuvant se termine ainsi : « Conformément à l’accord bilatéral de coopération en matière de concurrence conclu en 1991 avec les Etats-Unis d’Amérique, la Commission a travaillé, en étroite collaboration avec la Commission fédérale du commerce, sur une série de marchés, notamment dans le domaine des héparines et dérivés, où Sanofi s’est engagé à procéder à des cessions à l’échelle mondiale. La procédure menée aux Etats-Unis n’est pas encore achevée. La décision de la commission dans cette affaire ne préjuge donc pas des résultats de l’évaluation réalisée aux Etats-Unis. »

Une fusion sous haute surveillance américaine en quelque sorte.

 
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