Après le duel Sarkozy/Le Pen
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17/12/02 |
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5.45 t.u. |
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Roland Gaucher |
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Un débat utile :
Le Pen a-t-il eu tort d’accepter le débat sur France 2 avec Sarkozy ? Son entourage, nous dit-on, y était hostile. Il a, à notre avis, bien fait d’affronter le ministre de l’Intérieur. Ceci pour deux raisons.
Les milieux nationalistes se plaignent, à juste titre, d’être boycottés par les médias, dont la capacité d’occultation, d’étouffement, est bien plus grande que celle de diabolisation. Le jour où l’on offre au président du FN de participer à un débat comme celui des « Cent minutes », suivi par cinq millions sept cent mille téléspectateur, refuser cela aurait été offrir à ces mêmes médias l’occasion de proclamer : « Ils se plaignent qu’on les boycotte, mais lorsqu’on les invite, ils se dégonflent ».
L’autre motif exposé par Le Pen, c’est qu’il a obtenu en contrepartie la promesse d’avoir la vedette dans un autre « Cent minutes ».
Reste à savoir, bien sûr, si la promesse sera tenue. Mais si elle ne l’est pas, il faudra accuser sans cesse les gens de France 2 de dérobade.
Naturellement, après le débat Sarkozy-Le Pen, la presse politiquement correcte s’est empressée d’écrire que le ministre de l’Intérieur l’avait nettement emporté. Dans Le Monde, on a même pu lire que Le Pen avait pris « un coup de vieux ». Le Figaro a tenu a peu près le même langage.
Il serait naturellement absurde de nier les qualités de débateur de Sarkozy, ni qu’il ait fait reculer quelque peu l’insécurité. Mais quand Le Pen souligne qu’il faut fermer les frontières aux immigrés, c’est lui qui a raison. Ce n’est certes pas facile, mais c’est une mesure indispensable. Eh oui ! Il faut créer des lignes Maginot à nos frontières. Celle-ci, en 1940, n’a nullement été enfoncée comme Sarkozy le prétend. Elle a été contournée, parce qu’il n’y avait pas de ligne Maginot à la frontière belge. Par une série de contrôles très sévères, il faut empêcher les immigrés de déferler chez nous.
Le Front et les « prolos » :
Les quelques succès obtenus par Sarkozy ont entamé le corps électoral frontiste, notamment à Maubeuge, et il serait vain de le nier. Reste cependant ce phénomène d’une importance capitale : le Parti communiste français était le parti de la classe ouvrière. Celle-ci l’a déserté. Une large fraction des travailleurs et des chômeurs vote désormais Front national. La direction du PCF en est largement consciente. Elle organise prochainement une cession pour en débattre.
C’est là un succès remarquable. Reste qu’il convient de le consolider. Pour cela, il est indispensable que quelques « prolos » (travailleurs ou « chômeurs ») puissent accéder au Bureau politique. Je crains fort que cette perspective ne fasse grincer des dents à certains patrons ou intellectuels obtus, membres du FN.
Les « intellos », ce n’était certes pas ce qui manquait dans l’entourage de Mégret. Ils sont en voie de disparition, et le MNR s’est écroulé. Pour avoir écrit un papier intitulé La chute de la maison Mégret, je sais que j’ai provoqué pas mal d’irritation dans certains milieux identitaires. Mais les faits sont les faits. La politique est une confrontation brutale. Et quand on ne veut pas voir la réalité en face, il vaut mieux jouer aux billes.
Dans un prochain article, je tacherai d’analyser les remous provoqués à l’intérieur du Front par la montée de Marine Le Pen et d’une nouvelle génération de militants. Et d’attirer l’attention sur un certain nombre de tares qui handicapent les milieux nationalistes.
Roland Gaucher
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