Ennemis, adversaires et concurrents
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27/05/04 |
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7.54 t.u. |
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François Ryssen |
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Il y a beaucoup de bonnes choses dans les livres de Guillaume Faye ; beaucoup d’excellentes choses ; et l’on peut s’étonner que l’auteur fasse l’objet d’aussi virulentes critiques, car l’homme est incontestablement un des nôtres, que cela plaise ou non, si l’on ne se réfère qu’à ses publications et à ses propos publics. Ce qu’il a pu dire ici et là à quelque personnage malveillant ne plaide certes pas en sa faveur, mais enfin, son travail a le mérite de répondre à une attente, notamment chez les plus jeunes de nos militants, plus sensibles à l’invasion étrangère la plus visible qu’aux manœuvres des différents lobbys bien connus qui l’organisent et la planifient dans l’ombre.
On ne fera donc pas grief à M. Faye de désigner l’islam comme ennemi prioritaire, en ce sens qu’il vient combler un vide idéologique évident. Notre littérature et notre production de textes politiques était probablement jusque là trop hermétique pour bien des gens qui n’avaient pas encore acquis les bases intellectuelles permettant de décrypter notre phraséologie. Pour beaucoup de néophytes, la gnose, la maçonnerie, le sionisme, le groupe Bilderberg, le B’Naï B’Rith ou la Trilatérale sont des concepts trop complexes et trop abstraits ; pas suffisamment palpables en tout cas pour être entendus et assimilés de prime abord. Les livres de Guillaume Faye sont donc probablement plus susceptibles d’accrocher un jeune Français excédé et de l’arrimer à notre mouvance que nos discours nationaux-révolutionnaires, anti-Système sur le plan intérieur, et pro-musulman sur la scène internationale ; ce qui est parfaitement logique, si l’on considère que la démocratie multiraciale est le pire ennemi que les peuples blancs aient eu à combattre depuis cinq mille ans.
Nous avons trop tendance à oublier que nous vivons dans un univers mental assez lointain de celui de la plupart de nos concitoyens. Lorsque l’on découvre le milieu nationaliste et que l’on commence à se pencher sur ses productions, on ne va pas tout de suite vers ce qu’il y a de plus radical et de plus baroque. Une lente évolution est nécessaire pour parvenir à la compréhension globale de l’imposture démocratique. En lisant beaucoup, on peut penser qu’il faut un an ou deux pour faire le tour de la question. C’est dire que le fond de notre pensée politique est assez en déphasage par rapport aux convictions des électeurs démocrates ! Le seul moyen d’établir un dialogue avec tous ces gens intoxiqués est donc de parler leur langage. C’est ainsi qu’il faut parler d’oligarchies financières avec un trotskiste, de big brother avec un anarchiste, de justice sociale avec un socialo, de libéralisme avec un électeur de droite ou d’immigration et d’insécurité avec les super-mamies de tout bord. Et considérer tout ce beau monde avec la plus grande sympathie au lieu de mépriser tous ces gens autour de nous qui ne comprennent manifestement rien – mais alors rien du tout – à ce qui leur arrive. C’est le b-à-ba de la propagande politique. Nous savons bien que ce n’est pas toujours facile pour un faf : fort de son savoir et de sa compréhension infaillible de la marche du monde (un peu grâce à son abonnement promotionnel à Faits-et-Documents), il a une légère tendance à mépriser ses compatriotes nécessiteux : ce qui est mal.
La provocation écrite, verbale ou visuelle est en tout cas à proscrire, puisqu’il est évident qu’elle fait fuir beaucoup plus qu’elle ne fascine ; et vous conviendrez aisément que ce n’est pas du tout l’objectif recherché. Il ne s’agit pas pour le moment de faire peur, mais de rassurer et de séduire. Le Système a établi un cordon sanitaire autour de nous afin d’empêcher tout dialogue. C’est ainsi que des millions de nos jeunes compatriotes ont une réaction pavlovienne à la moindre évocation du péril d’extrême droite : palpitations cardiaques, tremblements, yeux qui sortent de leurs orbites, bave aux lèvres et insultes à profusion. On se souvient encore de cette jeune femme littéralement saisie d’hystérie dans sa voiture lors d’un de nos premiers collages électoraux pour le FN dans le vingtième arrondissement de Paris. Elle fit trois fois le tour du square, moteur vrombissant au beau milieu de la nuit, nous insultant à chaque passage, le visage déformé par la haine ! Tout a fait impressionnant… autant que risible ! Nous nous souvenons aussi avec un peu plus d’humilité de notre propre crédulité et de notre folie antifasciste au pire moment de l’affaire de la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990. Nous nous étions alors laissés manipulés docilement, servilement, par un Système qui ne recule devant aucune ignominie pour discréditer les patriotes.
La diabolisation est une méthode qui fonctionne bien. Le Système l’exerce toujours avec un certain succès contre Le Pen, qui l’a lui même savamment orchestrée contre Mégret. Un philosophe marxiste – Garaudy –, avait lui aussi été cloué au pilori pour crime de lèse-sionisme et rejeté dans les oubliettes médiatiques. Au plus fort de l’affaire, en 1995, nous nous étions même essayé à vendre dans la rue son fameux livre sur les Mythes fondateurs de la politique israélienne, pensant naïvement que toute la méchante publicité qui en avait été faite dans les médias allait susciter la curiosité de nos compatriotes. Que nenni ! Les gens se fichaient bien de Garaudy et le fuyaient comme un pestiféré. Ne leur jetons pas la pierre : le peuple doit être éduqué, et c’est justement la tâche première de chaque nationaliste de faire preuve de compréhension et de la plus grande patience avec nos concitoyens encore sous l’emprise de la pieuvre audiovisuelle. Méprisons donc un peu moins, et tentons de mieux expliquer notre point de vue, car c’est nous qui avons raison, et il n’est pas permis d’en douter. Même ces abrutis d’anarchistes sont capables de comprendre, si vous leur expliquez bien les choses ; et parfois en beaucoup moins de temps que vous ne le pensez, à condition qu’ils n’aient pas dépassé la date limite, bien entendu. Personnellement, nous les considérons d’abord (avec un peu de condescendance, certes) comme des révolutionnaires; c’est-à-dire des nôtres. Et, pour paraphraser Maurras, nous dirions bien volontiers : Tout ce qui est révolutionnaire est nôtre. C’est la raison pour laquelle, n’en déplaise à certains, nous ressentons aussi quelque sympathie pour ce Mohammed Latrèche, qui aspire lui aussi à renverser l’ordre établi.
Revenons à Guillaume Faye : en laissant délibérément de côté toute notre quincaillerie conspira-sioniste (totalement délirante, forcément ! comme le disent si bien nos ennemis qui sont depuis longtemps experts dans l’art de manipuler les foules), il s’adresse au plus grand nombre, aux gens qui ne sont pas encore familiarisés avec le langage tout à fait spécifique à notre milieu. C’est la raison pour laquelle il est assez largement diffusé. Ses livres sont les plus à mêmes de toucher des gens qui ont des réflexes patriotiques mais qui n’ont pas la culture nationaliste et qui seraient sans doute un peu indisposés si on leur exposait de but en blanc la réalité et l’ampleur du problème sioniste à l’échelle mondiale. A ce stade, ils ne comprennent pas encore que l’immigration n’est pas un phénomène naturel, contrairement à tout ce que les médias et les gauchistes ont pu nous rabâcher ces dernières décennies, mais qu’elle est savamment organisée, orchestrée, planifiée par des gens qui veulent notre peau. C’est aussi simple que cela. C’est ainsi que Guillaume Faye réussit l’exploit figaresque d’écrire un « Essai sur le Nouvel Impérialisme Américain » en esquivant presque totalement la puissance du lobby sioniste ! A ce niveau-là, cela relève de la prestidigitation.
Guillaume Faye nous rend donc ce service d’avoir élaboré un outil qui peut servir de première accroche. Ses ouvrages peuvent être un peu considérés comme un marchepied vers une réflexion plus approfondie de notre pensée politique. Nous ne pensons pas être injurieux à l’égard de M. Faye lorsque nous laissons supposer que ses livres sont un peu une introduction à la pensée nationaliste, et les gens qui se déclarent ses adversaires, ceux qui critiquent son œuvre et son personnage, devraient regarder la chose sous l’angle qu’il nous plaît à exposer ici et considérer Guillaume Faye comme un premier pas vers la lecture de leurs propres ouvrages.
Lorsque nous sommes entrés pour la première fois dans une librairie natio parisienne pour tenter d’en savoir un peu plus sur la Bête immonde — c’était à la Joyeuse Garde, il y a une bonne dizaine d’années —, nous avions demandé conseil à un jeune libraire qui nous avait alors conseillé L’Âme européenne, de Robert Dun. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’en avions pas été bouleversés, loin s’en faut. Il s’était fait plaisir en nous conseillant un texte émanant de sa petite chapelle politico-religieuse, en s’imaginant que sa secte était abordable au commun des mortels. Pour y parvenir, il fallait évidemment passer par un sas de décompression. C’est son père ou son oncle qui nous conseilla la fois suivante Le Camp des Saints, de Jean Raspail. Là, on peut dire que nous fûmes mis sur les rails, et pour un bon bout de temps : pas d’idéologie, mais un texte clair qui pointait du doigt des menaces précises et aisément identifiables. A partir de là, on peut effectuer ses propres recherches et découvrir ce qui se cache derrière le phénomène migratoire (la maçonnerie, le sionisme, la finance internationale), et les réponses que l’on peut y apporter (la monarchie, le nationalisme-révolutionnaire, la Tradition, la foi catholique, le socialisme national, le tranxène, le fayisme, etc.). Et pourtant, il fallut encore plus d’une année pour accepter pleinement ce qui était apologétique de régimes aujourd’hui largement décriés : nous rapportions à Ogmios le livre d’Edwige Thibault sur l’Ordre Noir : « C’est l’ordre immonde ! » Le pauvre libraire en était resté tout abasourdi, lui qui croyait nous faire plaisir en nous proposant fièrement sa dernière nouveauté. C’est dire comment nous avions été pourri en profondeur !
Tout cela pour dire que les livres de M. Faye ont leur utilité, et que si d’aucuns pensent qu’il leur fait une odieuse concurrence et fourvoie ses lecteurs, c’est seulement sur le court terme, car pour tout esprit un peu curieux, la lecture de Guillaume Faye apparaît vite insuffisante. Nous nous permettons de critiquer ici un peu cet auteur, bien qu’il ne soit guère dans nos habitudes de relever les points de divergence avec ceux qui appartiennent à notre mouvance, de près ou de loin, que nous considérons d’abord et avant tout comme des camarades de combat. Nos ennemis sont beaucoup trop nombreux en face de nous (les vrais, pas les anars) pour que l’on puisse se permettre de nous déchirer en vaines querelles, démoralisatrices et démobilisatrices. Ce qui n’exclut pas le débat. Et puisque M. Faye nous invite dans sa réponse à « critiquer ses écrits », alors faisons pour une fois exception à nos principes.
Le dernier ouvrage de Guillaume Faye, Essai sur le Nouvel Impérialisme Américain, pourrait être divisé en deux parties : La première, présentant des considérations géostratégiques connues, n’offre guère matière à polémiquer au sein de notre mouvance : l’Amérique, dit-il, est une puissance en déclin qui sera bientôt rattrapée par la Chine. Il ne faut pas surestimer sa puissance ; il n’y aura pas d’Etat mondial, mais une « jungle où tous les coups seront permis » (p103). Afin de conserver son hégémonie, elle tente d’affaiblir l’Europe en favorisant l’islam en son sein (Bosnie, Kossovo, Turquie). Cette première partie, hormis quelques passages, pourrait être lue par n’importe quel client de la FNAC, ce qui présente l’indéniable avantage d’exporter nos vues en dehors de notre milieu.
Le ton change dès le chapitre six, et M. Faye commence à s’en prendre avec véhémence aux « islamophiles », « anti-américains obsessionnels et hystériques (AAOH) » et en particulier à ceux de la Nouvelle Droite : « Imposture », « scandaleux », « illuminés européens » (p125), « aveugle et stupide », « lacheté » (p126) « assommé par le dogme », « taré » (p129), « hystérique », « bête », « haineux », « fasciné », « scribes trépignants », « africanolâtres » (p132), « furieux », « frustre », « débridé » (p134), « manipulé » (p135), « soudoyé » (p14), « idiot utile » (p138), « mécontent », « apeuré », « frustré », « conditionné » (p140), « intellocrates », « psychopathes », « extrémistes », « infantiles », « marionnettes », « excités », « délirants » (Ahhh !) (p147), « trépignants » (p150), « imbéciles » (p153), « médiocres », « verbeux » (p155), « ignorant », « sots », « traîtres » (p199), etc. Tout ce bouquet d’insultes, c’est pour nous, les sales fachos « AAOH ».
Si tous ces noms d’oiseaux n’étaient adressé qu’aux seuls intellectuels « néo-dextristes » convertis à l’islam, nous n’en serions pas choqués outre mesure, bien que le ton de ces reproches dénotent une certaine agressivité qui ne nous paraît guère de mise entre camarades de combat. Le problème est que M. Faye exploite quelques cas et propos isolés pour jeter le discrédit sur l’ensemble du courant national-révolutionnaire et l’ensemble des patriotes, qui considèrent que l’ennemi prioritaire n’est pas l’islam, comme le soutient Guillaume Faye, mais le Système démocratique qui a ouvert les portes à l’immigration de masse et qui entretient sciemment cette menace sur notre sol dans le but d’affaiblir la résistance des peuples blancs et de tenter d’instaurer une république universelle. Si nous sommes anti-américains, c’est tout simplement que les Etats-Unis représentent le fer de lance de la démocratie multiraciale dans le monde. Est-ce trop compliqué à comprendre ? Le Système démocratique entretient l’islam dans nos pays européens et le combat au dehors. Il nous faut donc le combattre chez nous, et l’encourager sur la scène internationale, où il s’oppose pour le moment à l’axe américano-sioniste. Notre position est claire et parfaitement logique.
Si certaines personnes proches de nos idées comme Tahir de la Nive ou Claudio Mutti, se sont convertis par haine de l’Occident libéral et par antiaméricanisme, il ne faut pas perdre de vue qu’ils sont un peu comme les poissons volants : ce n’est pas la majorité du genre. Et si Alain de Benoist a pu tenir il y a quelques années des propos validant l’idée d’une communautarisation de notre société, cela ne regarde que lui. Le fait est que le gros des troupes NR n’est pas converti à l’islam, ne se convertira pas à l’islam, et n’acceptera jamais l’islamisation ni la tiers-mondisation de nos vieilles terres européennes. C’est donc nous faire un faux procès à nous, vrais patriotes français, que de nous reprocher d’accepter la société multiculturelle et de favoriser l’islam à l’intérieur de nos frontières, parce que deux intellectuels « néo-dextristes » se sont convertis depuis quelque temps déjà et qu’Alain de Benoist a pu dire ceci ou cela voici quelques années. Il apparaît évident, tout au long de cette deuxième moitié de l’ouvrage, que M. Faye règle d’abord ses comptes avec la Nouvelle Droite, et en particulier avec Alain de Benoist qu’il accuse de faire le jeu de l’islam par anti-américanisme, et d’accepter la « coexistence des communautés » sur notre sol (p280). C’est son droit le plus strict que de défendre ses propres convictions, mais l’honnêteté aurait voulu qu’il n’utilisât pas ces quelques exemples pour discréditer tout notre courant de pensée, et certainement pas avec les termes qu’il a utilisés.
Cet amalgame hâtif permet en effet à M. Faye de lancer des accusations gratuites contre ce qu’il appelle les « AAOH », utilisant à travers ce terme une méthode douteuse qui consiste à présenter nos idées en grossissant le trait de manière à les rendre ridicules. Si nous sommes certes anti-américains, ce n’est certainement pas de manière « obsessionnelle » et « hystérique », mais plutôt de manière raisonnée et réfléchie. Nous ne combattons d’ailleurs pas le peuple américain, mais son gouvernement, qui ressemble étrangement au nôtre dans sa foi humanitaire, ses idéaux maçonniques et son antiracisme implacable. Tout comme nous, les petits blancs américains se retrouveront minoritaires d’ici peu et parqués dans des réserves, si nous ne nous débarrassons pas rapidement et définitivement de ce régime de mort qui est le même de part et d’autre de l’océan. Nous ne sommes donc pas plus anti-Américains qu’anti-Français, en ce sens que nous combattons ces deux régimes qui propagent de part le monde les valeurs les plus délétères ; à cette différence près que les Etats-Unis font les choses à une échelle beaucoup plus vaste. Encore une fois, c’est un faux procès que nous intente M. Faye, en laissant supposer que nous serions des anti-Américains « hystériques » et bornés, et que nous n’établirions pas de distingos entre le peuple et ses représentants corrompus et cosmopolites.
Loin de nous, donc, l’idée de nous « féliciter de l’arabisation et de l’islamisation de l’Europe, contre l’américanisation et l’emprise juive » (p142) et de vilipender une « Amérique blanche, wasp, insolente, militariste » (p148). Non, nous ne considérons pas non plus que « l’Amérique est une menace plus grande que notre colonisation par le tiers-monde et par l’islam » (p126), et c’est nous faire un faux procès ici aussi que de le laisser supposer. Nous ne nous félicitons ni de l’arabisation, ni de l’islamisation de l’Europe, contrairement à ce que M. Faye avance avec beaucoup de légèreté ; et si il y a une Amérique que nous vilipendons, ce n’est certainement pas celle qui est « blanche, wasp, insolente et militariste », mais celle dont M. Faye s’est scrupuleusement interdit de parler dans son livre, de la manière la plus figaresque, comme nous l’avons déjà dit. L’accusation est vraiment trop grosse. Qu’il prenne à partie les convertis et ses ennemis personnels comme il l’entend, mais c’est un procédé un peu discourtois que de dépeindre la mouvance national-révolutionnaire comme un repère de dingos en djellabas.
M. Faye réaffirme donc haut et fort son credo que les Etats-Unis sont « l’adversaire majeur », et que « l’ennemi principal est représenté par les masses colonisatrices et leurs zélés collaborateurs autochtones. » (p15). On ne peut guère lui donner tort dans l’absolu. Convenons donc avec lui que l’immigration dans notre pays constitue un danger plus grave que les séries américaines bas de gamme dont on nous abreuve à longueur d’année. Nous ne pouvons aussi qu’être d’accord avec lui lorsqu’il encourage la « solidarité globale et planétaire des populations d’origine européenne » et se déclare « plus proche de la civilisation anglo-saxonne que de la civilisation arabo- musulmane ou que des arts-premiers africains. » (p187). Certes, dans l’absolu, le choix est vite fait. Le problème concernant ce dernier point, est que la société anglo-saxonne ressemble étrangement à la société française et qu’elle sent la même odeur de moisissure, pour ne pas dire autre chose.
Il nous semble en fait que le problème est mal posé. Il n’y a pas à notre sens à définir une priorité face à ces deux périls que sont l’américanisation et l’immigration. Nous ne dirons pas que les deux sont intrinsèquement liés, puisque nous sommes d’accord là aussi avec l’auteur pour dire que nous avons dans notre passé et notre pensée politique bien française les germes de la décadence, que l’américanisation seule n’est pas responsable de notre faiblesse, même si elle contribue puissamment à nous affaiblir de surcroît par le modèle égalitaire, antiraciste et foncièrement matérialiste qu’elle véhicule.Il n’y a à notre sens qu’un seul véritable ennemi ; et c’est le plus puissant ennemi que les peuples blancs auront eu à affronter depuis cinq millénaires : il s’agit du Système démocratique, que d’aucuns aimeraient nous dépeindre comme une petite merveille fragile et délicate, dont la conquête aurait été longue et douloureuse, alors qu’il s’agit incontestablement de la plus formidable machine de guerre qui ait jamais été élaborée contre la race blanche et contre les peuples en général. Que l’on s’entende bien : nous nous réjouissons des conquêtes successives des droits individuels et sociaux, mais nous constatons simplement que les « Droits de l’Homme » sont aujourd’hui bien davantage un poison visant à dissoudre les communautés ethniques européennes qu’un outil de défense des travailleurs et des sans-grades.
Les Etats-Unis sont le principal vecteur de la démocratie conquérante sur la planète. C’est à ce titre, et uniquement à ce titre que nous considérons les USA comme nos ennemis. Nous n’accusons pas les USA d’être responsables de nos malheurs, comme le laisse entendre Guillaume Faye, mais d’être la tête de file de la démocratie occidentale. La vérité est qu’avant d’être « anti-américain », nous sommes d’abord « anti-français », puisque nous combattons là encore non seulement le gouvernement français, mais le régime destructeur et métisseur qui nous est imposé. Nous combattons la démocratie parlementaire parce que ce régime de mort a réussi l’exploit de faire entrer sur notre sol des centaines de milliers, des millions d’immigrés africains en quelques années et que ces représentants entendent bien, manifestement, en faire entrer quelques millions de plus. Nous combattons ce régime par delà nos frontières, parce que partout où il s’est imposé, il détruit les peuples par immigration et métissage, et que ce sont les peuples de souche européenne qui ont le plus à en pâtir aujourd’hui.
Notre combat est planétaire, tout comme celui de nos pires ennemis cosmopolites, et c’est la raison qui nous pousse à nous sentir solidaires des ennemis de la démocratie, partout où ils se trouvent. Quand M. Faye déclare ne pas vouloir prendre parti dans le conflit israélo-palestinien (p176), ou précise encore que « le sort du malheureux peuple irakien ne lui importe pas plus que celui des défuntes tribus indiennes » (p196), nous nous permettons de lui présenter ses propres contradictions. Il est un peu paradoxal en effet de ne pas prendre parti une fois que l’on a défini son « ennemi prioritaire ». Nous qui avons défini le nôtre, nous sommes un peu plus logiques avec nous-mêmes, et prenons fait et cause, très franchement, du côté de ceux qui le combattent. C’est la raison qui nous fait préférer l’Irak à l’Amérique et la Palestine à Israël. Contrairement à ce que pense M. Faye, nous ne pouvons pas nous permettre, dans un tel contexte, et alors qu’il y va de notre survie, de rester neutres dans les conflits qui opposent nos pires ennemis à quelque autre puissance que ce soit. Si Richelieu était resté à l’écart du conflit qui déchirait les Allemagnes au XVIIème siècle, la France ne serait certainement pas sortie grandie cette l’affaire. Il fallait prendre position ; il fallait s’engager ; et Richelieu a agi en grand homme d’Etat. Nous avons tiré définitivement une croix sur le patriotisme des années cinquante, celui de l’Indochine et de la guerre d’Algérie. Nous n’œuvrons plus pour la grandeur de la France, aujourd’hui, mais pour la survie du peuple français et des hommes blancs en général, menacés de submersion à court terme. Nous respectons infiniment le combat de nos aînés, et nous saluons bien volontiers tous ceux qui ont eu à souffrir pour que vive la France impériale, mais les anciens doivent bien comprendre avec nous que cette heure est révolue, que le monde a changé, et que le combat qui se livre aujourd’hui traverse les frontières et les continents. Un ennemi d’une puissance financière colossale a pris les rennes de la quasi totalité des pays d’Occident, organise et planifie le métissage des peuples blancs dans le but de se préserver d’un réveil nationaliste, de maintenir sa domination et d’imposer sa loi à l’ensemble du monde. Nous répétons qu’il n’y a qu’un seul ennemi : le Système démocratique multiracial. Et si les Etats-Unis en sont les principaux représentants à l’échelle planétaire, la France républicaine est elle incontestablement la plus grosse purulence qui infecte l’Europe. Français, nous somme donc beaucoup moins anti-Américains qu’anti-républicains.
Nous sommes bien d’accord avec Guillaume Faye pour dire que « cette sous-culture américaine est beaucoup moins dangereuse que l’islamisme mental » (p123), ou encore que « les écoles coraniques sont beaucoup plus dangereuses que les feuilletons télévisés américains et les émissions de propagande des chaînes islamistes partout regardées en France » (p128). Mais il s’agirait cependant de constater que les écoles coraniques de touchent guère que les masses maghrébines, un peu les Africains noirs, et très faiblement les autochtones européens, fort heureusement. Nous étions à la manifestation islamiste du 14 février 2004 pour nous en rendre compte. La sous-culture américaine, en revanche, imprègne tous les foyers français et conforte le modèle multiracial dans les esprits. Nous agréons aussi l’idée que « la meilleure façon de se préserver du terrorisme islamiste, ce serait d’interdire toute immigration colonisatrice musulmane en terre d’Europe, et non pas d’aller impunément aider à bombarder des pays musulmans » (p60), mais nous aurions plutôt tendance à prendre le problème sous un autre angle : il faut interdire toute immigration en Europe, musulmane ou pas et utiliser les islamistes les plus radicaux pour combattre leurs ennemis qui sont aussi les nôtres.
Cependant, nous n’entrerons pas dans le débat qui serait de savoir lequel des deux maux est le plus grand, de l’islamisme mental ou de l’américanisation de nos peuples, pour la simple et bonne raison que c’est un faux débat. Le problème n’est pas tant l’américanisation que le système démocratique en général, d’inspiration française ou américaine ; le problème n’est pas l’islamisation, mais l’immigration en général, qu’elle soit africaine, maghrébine ou asiatique. Le débat soulevé par M. Faye est une querelle d’asticots.
Le jeu belliqueux des Etats-Unis est peut-être une chance, puisqu’il envenime une situation internationale déjà chaotique, et qu’il est susceptible de radicaliser les masses musulmanes sur notre propre territoire. La «confrontation générale est notre seule chance de réveil. » (p65). N’est-ce pas ce à quoi nous aspirons tous ?
Voilà pour le fond, grosso modo. Dans la forme, on ne peut pas dire que le dernier livre de Guillaume Faye soit très satisfaisant. Les phrases et les chapitres se succèdent sans donner l’impression de structure ni de consistance. On y trouve peu de références et peu d’explications approfondies. Ses livres semblent sans ossature, invertébrés, comme si chaque chapitre avait été écrit à la va-vite. Le Coup d’Etat mondial, Essai sur le Nouvel Impérialisme Américain, ne comporte d’ailleurs que deux cents pages, puisque les cent dernières sont en fait des annexes, c’est-à-dire des « éléments d’informations divers » que l’auteur n’a même pas pris la peine de ranger dans ses chapitres. C’est à se demander s’il n’était pas tenu d’abord par l’impératif de payer son loyer ! (nous ne croyons pas qu’il soit payé par la CIA !). Des pages entières ont été écrites sans référence aucune, et donnent au lecteur l’impression fâcheuse de lire un article un peu creux, et ce d’autant plus que les répétitions et les redites sont « innombrables », comme dirait Rebatet. Prenons quelques exemples de ces fâcheuses et irritantes répétitions :
« La nouvelle volonté américaine n’est qu’une velléité, celle d’une puissance en déclin. (p20).
« L’Amérique est faible, surtout militairement. (p21).
« L’Amérique ne possède pas la véritable puissance qu’elle s’imagine détenir. (p30).
« Les USA tentent de reculer le moment inéluctable de leur déclin. Cela peut durer quinze ans, pas plus. (p34).
« L’Amérique n’a pas les moyens de sa vélléité de domination universelle. (p43).
« La théorie américaine actuelle de la guerre préventive est celle des puissances déclinantes (p44).
« L’Amérique est à la fois un « tigre de papier » et un « colosse aux pieds d’argile ». (p71).
« La puissance américaine est très exagérée. Elle est, à l’échelle mondiale, inférieure à ce qu’elle était en 1945. » p75).
« Son armée s’avère incapable de tenir le terrain… n’a aucune valeur militaire (p81).
« Les USA ne cessent de s’affaiblir par rapport au reste du monde (p84).
« L’armée américaine n’est pas en mesure de vaincre autre chose que des petites puissances épuisées. (p88).
« Les USA vivent probablement la fin de leur apogée (p90-92).
« Ils ne sont pas une super-puissance, ni même une hyper-puissance. (p111). »
« L’apogée des USA coïncida avec les années 80 du XXe siècle. » (p205).
On constate bien que la même idée est répétée sur une bonne moitié du livre, traversant allègrement cinq chapitres qui, du coup, ne paraissent plus tellement avoir leur utilité. Cela ne serait pas trop gênant s’il y avait une démonstration chiffrée et solide entre chacune de ces assertions, mais ce n’est pas le cas.
Et encore : « Pour vaincre un petit pays exsangue, la première puissance mondiale a besoin de mobiliser 50% de ses moyens militaires. (p12).
« La pseudo-puissance américaine, qui mobilise plus de la moitié de ses forces armées, permet à certains stratèges de se demander si cette grande puissance ne s’effondrerait pas d’un coup en cas de guerre réelle. (p20).
« La mobilisation de la moitié de son arsenal militaire pour venir à bout du minuscule Irak démontre sa faiblesse. » (p30).
« Pour vaincre un petit pays, les USA doivent mobiliser plus de 50% de leurs forces armées. » (p245).
Ce n’est pas fini :
« La Chine sera très probablement dès 2020 une superpuissance au moins égale aux Etats-Unis. (p25).
« Après 2020, la Chine sera la première puissance économique planétaire. (p33).
« Dans vingt ans, ils ne seront plus qu’une puissance moyenne, évidemment dépassés par la Chine. (p60).
« Demain, ces deux géants en croissance rapide que sont la Chine et l’Inde les ramèneront rapidement à la réalité. (p89).
« Le réveil du Dragon, voilà un des principaux défis jetés à l’Amérique. La Chine vise à devenir la première puissance mondiale aux alentours de 2020.
(p162). ».
Au fil de ces lassantes répétitions, il n’y a aucune démonstration chiffrée là non plus pour étayer sa thèse.
Ça continue ! « L’Amérique… viole les règles de l’Organisation mondiale du Commerce, s’accorde le permis de polluer en déchirant le protocole de Kyoto ; continue en sourdine ses essais nucléaires (p32).
« Les USA… n’ont pas ratifié le traité d’interdiction des essais nucléaires, violent les règles de l’OMC, dénoncent unilatéralement l’accord Salt II passé avec la Russie. (p40).
« Cette obsolescence du droit était déjà perceptible avec la dénonciation du traité Salt II sur les armes nucléaires jadis conclu avec l’URSS ou avec le refus de ratifier l’interdiction des essais nucléaires (p43). »
Une fois aurait suffi là encore !
Nous avons aussi fort bien compris que si le gouverneur Chirac n’a pas envoyé nos troupes en Irak, c’est parce qu’il était tenu par des impératifs électoraux du fait d’une très importante communauté musulmane en France. Ça aussi, on l’a bien compris cinq sur cinq. Il est clair que l’auteur a fait sienne la formule de Joseph de Maistre : « Entre l’inconvénient de se répéter et celui de ne pas être entendu, il n’y a pas à balancer ». Nous n’oserons pas ici un très mauvais jeu de mots.
Il est donc probable qu’en éliminant toutes les redites, les innombrables phrases creuses et les pages de littérature, on passe de deux cents pages à une centaine de pages consistantes. On aura déjà vue des opuscules de cent pages d’une importance capitale ; mais ce n’est pas le cas ici. Ce livre aura tout de même présenté l’intérêt de nous mettre en garde contre une certaine fascination pour l’islam. Mais pour notre propagande hors de notre milieu, nous ne voyons guère que la première partie qui puisse nous être utile. Le reste est d’un ton vraiment trop polémique.
Avec beaucoup d’humilité, nous ne pouvons que conseiller à Guillaume Faye de mieux documenter ses ouvrages. Comme disait Patrick Rambaud : « avant , je sortais trois bouquins par an ; maintenant, j’en sors un tous les trois ans ». Peut-être que certains seraient bien inspirés de suivre ce principe. A moins que l’objectif recherché soit autre que celui de faire du bon boulot. Du sacré bon boulot, comme dirait le général Scharzkopf !
Il faut tout de même bien ici soulever un peu le problème de la médisance dans notre petit monde : celui qui médit des autres, qui prend un malin plaisir à colporter tous les ragots et qui envenime toutes les situations, joue un rôle bien connu depuis l’antiquité : c’est celui du fouteur de merde. C’est comme cela que ça s’appelle. S’il était payé par l’ennemi, il ferait assurément le même travail.
Pour tout vous dire, nous avons été consternés par « l’affaire Guillaume Faye », mais moins consternés par ses propos, pourtant déjà bien consternants, que par les méthodes employées. Nous sommes nationalistes parce que nous défendons les petites gens, les faibles et les déshérités, et que nous voulons que chaque Français puisse se nourrir, se vêtir et se coucher décemment. La solidarité et la charité que nous voulons éprouver pour nos compatriotes est aussi celle, pensons-nous, que les militants et sympathisants de notre camp devrait éprouver entre eux. Face aux attaques, et à la lecture de sa réponse, Guillaume Faye nous a donc forcément paru plus sympathique que l’aimable personne qui l’a piégé. Il n’en demeure pas moins que son dernier bouquin le positionne sur un créneau légèrement différent du nôtre. On espère simplement qu’il ne suivra pas la pente savonneuse prise par son confrère nommé Del Valle qui s’exprime maintenant régulièrement dans les loges B’Naï B’Rith. A ce moment-là, il passerait directement du statut de « concurrent » à celui d’ « ennemi », et sans passer par la case « adversaire ». Ce serait tout de même dommage.
François Ryssen
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