26/01/03 6.13 t.u. Philippe Randa

En France, la vie n¹est décidément pas un long fleuve tranquille pour tout le monde. Elle ne l¹a certes jamais été, mais elle l¹a été davantage à certaines époques qu¹à d¹autres. Force est de constater qu¹à la nôtre, certains acquis de civilisation sont malmenés. Quand ils ne sont pas purement et simplement en train de disparaître.


L¹affaire dans l¹affaire

Le cas de cette petite collégienne de Roubaix ­ ³pseudonymée² Sandra ­ dont les médias se sont brusquement émus ces jours-ci, est révélateur. Cette adolescente, âgée de 13 ans en 2001, a été victime d¹une ³tournante², façon pudique et journalistique de nommer un viol en réunion. Ses agresseurs étaient neufs ; cinq ont été incarcérés, les autres laissés libres sous contrôle judiciaire.
Depuis que plainte a été déposée, Sandra et sa famille sont victimes de persécutions de la part des familles des violeurs et des copains de ceux-ci ; ces derniers tentent par tous les moyens de pression possible de la faire revenir sur ses déclarations. D¹après eux, Sandra ne serait pas une victime, mais une vicieuse qui a participé de plein gré à quelques partouzes avec des camarades de son âge.
Au-delà de l¹affaire en elle-même de viol ou non, il y a tout de même une affaire dans l¹affaire avec la persécution de cette famille qui a crû avoir la paix en déménageant, mais dont le nouveau lieu de résidence a été retrouvé par ses tourmenteurs. Les menaces téléphoniques et les graffitis obscènes qui ont soudainement fleuri dans le hall de son immeuble ont immédiatement re-terrorisé Sandra et les siens.
L¹adolescente se montre alors réticente, on la comprend, à se rendre seule, chaque matin, à son nouveau collège. Aussi, le Principal de son établissement est venu la chercher et la raccompagner chez elle et ³chaque jour, des personnels de l¹établissement l¹accompagneront de cette manière. Nous ferons tout pour faciliter sa scolarité², a garanti René Dunoyer, Inspecteur d¹académie et directeur des services départementaux de l¹éducation nationale du Nord.
Parallèlement, rappelons que Sandra et sa famille bénéficient depuis 2001 d¹une armada de psychiatres, éducateurs et assistantes sociales.
Quant aux forces censées garantir l¹ordre et la paix civile dans notre pays, elles indiquent ³ne pas savoir avec précision qui sont les harceleurs, des gens mêlés de près ou de loin à cette histoire, des copains des copains²Š


Ubu roi

La situation est donc la suivante : un Principal et le personnel d¹un collège se transforment en garde-du-corps personnels pour une de leurs élèves, tandis que la police française se perd en conjectures sur l¹identité d¹un réseau de copains et de coquins qui appliquent les méthodes de la camorra italienne à l¹encontre de quelqu¹un qui a ³rompu la loi du silence². Et ce, au vu et au su de tous ! Et c¹est bien du malheur, tous ça, braves gens, on en convient !
Quant à la justice française, cerise sur le gâteau, elle s¹apprête pour sa part à remettre en liberté ce mois-ci, comme si de rien n¹était, les cinq agresseurs de Sandra incarcérés ³en raison de leur jeune âge² !
Ni dans les articles consacrés à cette affaire, ni dans les commentaires entendus à la radio ou à la télévision, je n¹ai appris que pression avait été faite sur les familles des violeurs pour que cesse immédiatement ce harcèlement de la famille de Sandra, avec comme argument, de poids tout de même, cette fameuse remise en liberté des cinq violeursŠ et leurs retours derrière les barreaux si les harcèlements reprenaient.
Je n¹ai pas appris non plus que les ³copains des copains² aient été interrogés par des officiers de police pour identifier ceux qui commettaient ce harcèlement de la famille de Sandra. Aucun adolescent, lors d¹une garde-à-vue, ne mettrait sans doute longtemps à avouer qui fait quoi.
De telles méthodes policières sont réservées au grand banditisme, aux braqueurs de banques, proxénètes et autres trafiquants de drogue et, bien sûr, envers les terroristes supposés. Quels que soient leurs âges, leurs ethnies, leurs religions !
Quelle différence pourtant y a-t-il avec les tourmenteurs de Sandra, leurs familles et leurs amis ?
Proxénètes, ils le sont notoirement, puisque l¹un des garçons obligeait les violeurs à payer pour les fellations imposées à l¹adolescenteŠ
Terroristes aussi, puisque c¹est par la terreur qu¹ils comptent parvenir à leurs finsŠ
Et braqueurs et trafiquants, la plupart le deviendront forcément, si ce n¹est déjà le cas pour nombre d¹eux eux, si les représentants de la loi continuent de les entretenir dans leur sentiment de totale impunité.
Ajoutons qu¹aucun d¹eux ne doit être automobiliste. Auquel cas, les foudres de la répression de ³monsieur Nicolas² (Sarkozy) les auraient déjà frappés avec toute la rigueur voulue. C¹est qu¹on ne badine pas avec la loi en France, tous les électeurs de l¹UMP, le savent bien.

Philippe Randa
Directeur du site www.Dualpha.com
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