05/12/03 3.39 t.u. Thomas Demada

"Voie sans issue: zone palestinienne" C'est ce que l'on peut lire sur la route 181, la balafre qui sépare l'état sioniste des derniers lambeaux de terres arabes... "Route 181" c'est le titre du long ( près de quatre heures) documentaire diffusé par Arte le lundi 24 novembre... Pour l'occasion la chaîne franco-allemande n'échappe pas au premier commandement du PAF: surtout toujours diffuser les programmes édifiants en deuxième partie de soirée, histoire de ne pas troubler le sommeil de la ménagère de moins de 50 ans. Cette ménagère qu'on a pris soin d'assommer deux heures avant avec une fiction bien crétine... Hasard des grilles, on pouvait voir au même moment sur M6 le fameux "American History X", le fim cultissime d'une génération de sociopathes à poil ras, le nanar qu'on a voulu nous vendre comme le nouvel "Orange mécanique"...

Le parallèle n'est pas innocent. Nous vivons à une époque où de grands mages médiatiques essayent de lancer des ponts entre l'antisémitisme ancien et l'antisionisme, le nouvel oripeau d'un fascisme qui serait devenu vert. Aujourd'hui de nouveaux sophistes, moitié démagogues, moitié sycophantes, essayent de nous fourguer la camelote islamofasciste en lot. Malheur à ceux qui trouverait la ficelle trop grosse, on leur décernera la qualité infamante d'antisémite, "l'étoile jaune" du monde libéral, celle qui vous interdit l'accès aux universités et aux plateaux-télés... On nous vend l'incendie du lycée communautaire de Gagny avec le double attentat d'Istanbul (merci Mamère*...). On nous explique que cette communauté est partie intégrante de la nation turque depuis 500 ans et dans le même temps Erdogan reçoit séance tenante l'ambassadeur d'Israël... Les juifs victimes de l'attentat étaient-ils des nationaux ou des ressortissants d'un pays étranger? La présence d'un émissaire de l'entité ne désigne t'elle pas sciemment les juifs du monde entier comme des "sionistes de grande dispersion"? La Diaspora a t'elle le dos au mur?

Nous vivons à une époque où un état qui vit des réparations d'un "crime contre l'humanité" est en train d'en commettre un... A une époque où on nous interdit d'utiliser les mots "colonialisme " et "génocide" comme s'il s'agissait de notions figées, inconcevables dans le monde "libre" de l'après-guerre. Il ne suffit pas de massacrer au petit bonheur la chance pour supprimer un peuple, il faut aussi s'attaquer à sa mémoire, à son histoire, à tout ce qui fait son unité et son unicité. Aujourd'hui en Palestine on rase les maisons, on nivelle les cimetières, on apprend aux petits arabes l'histoire du peuple hébreu comme on apprenait aux petits noirs africains les péripéties de "leurs ancêtres les gaulois"... Les crimes sionistes valent bien ceux des jésuites et les couvertures à la variole. Les plus optimistes d'entre nous considèrent cependant que l'entité ne résistera pas à la démographie arabe. Mais ces palestiniens de demain, que connaîtront-ils du combat de leur parents? Sauront-ils seulement qui ils sont?

Le peuple d'Abraham n'est pas immunisé à la violence banale, ordinaire voire vulgaire... La malveillance humaine est rarement à connotation politique. On brûle des voitures tout les jours sans rien savoir des origines de leurs propriétaires. Si les juifs veulent être traité comme une communauté comme les autres ils devraient commencer par se considérer eux-mêmes comme un peuple ordinaire. Pour que l'Europe en finisse avec sa mauvaise conscience et que la Palestine en finisse avec les bombes...

Thomas Demada

* France 3, Jeudi 17 novembre à 16h05