La sale guerre contre l’Irak
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24/09/02 |
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8.00 t.u. |
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Roland Gaucher |
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Dans les media, une grande place – un peu amoindrie ces derniers jours par l’affaire Papon – est accordée à la perspective d’une nouvelle offensive, dirigée cette fois par George Bush, contre l’Irak.
Je crois qu’il est intéressant de revenir sur l’offensive précédente, déclenchée à l’été 1990, car elle divisa sérieusement les milieux nationalistes en France.
Le Pen prit position sans hésiter en faveur de l’Irak. Je le soutins à fond dans National-Hebdo que je dirigeais alors.
Mais à l’intérieur du Front, cette attitude provoqua un sérieux malaise. J’ai évoqué ces réactions dans le Tome 2 de mon livre La montée du FN, 1983-1997(1).
Jules Monnerot, entré depuis peu au Bureau politique, en démissionne et se retire du Comité scientifique dont il est membre.
Au Bureau politique du 14 janvier, Sergent prend position pour l’armée ; Holeindre, de même, n’est pas d’accord avec les pacifistes. Christian Baeckroot et même Jean-Pierre Reveau – pourtant surnommé Fidel Reveau – pour son soutien sans condition à Jean-Marie Le Pen, sont manifestement mal à l’aise.
Pour ma part, j’ai pris dans National-Hebdo très nettement position contre l’intervention en Irak, que je quaifierai de " sale guerre ". Je me référais là, à dessein, à une formule typiquement communiste, largement utilisée par le PCF et L’Humanité au temps de la Guerre d’Indochine. Et de fait, nous avions par rapport à la Guerre du Golfe, la même position que le Parti communiste et que Jean-Pierre Chevènement.
" …Ce n’était pas sans intention que j’avais parlé de " sale guerre " dans National-Hebdo. Dans mon esprit, cela signifiait que si cette guerre impérialiste se prolongeait, elle devait être combattue par tous les moyens. Les moyens que le Parti communiste avait utilisé au temps de la Guerre d’Indochine "(2).
La " sale guerre " et National-Hebdo
Dans les milieux professionnels de la presse – que certains de nos amis, un peu présomptueux, méprisent volontiers – on estime que lorsqu’on reçoit une lettre de lecteur, très désapprobatrice, du type " … ce que vous avez écrit dans votre dernier numéro est odieux. Votre journal est devenu un torchon. Je cesse de vous lire ! " – une centaine d’autres lecteurs ont la même réaction, même s’ils ne l’expriment pas par écrit.
Cela se vérifia dans le cas de la guerre contre l’Irak. Je reçus quelque trente-cinq à quarante lettres furibardes, qui me reprochaient en particulier de prendre parti contre les Américains qui nous ont libérés.
Nous vendions chaque semaine dans les kiosques quelque 18 000 à 19 000 exemplaires. Ce chiffre tomba à 12 000 ou 13 000. Il devait remonter par la suite, aux environs de 15 000. La chute fut particulièrement spectaculaire à Versailles, où résident nombre de familles d’officiers.
Il reste que je n’ai jamais regretté la position que j’ai prise. Elle demeure la mienne si, comme probable, Bush déclenche sa sale guerre contre l’Irak. n’en déplaise à ceux qui, dans les milieux nationalistes, soutiennent l’impérialisme américain.
Notes
(1) Picollec éditeur.
(2) La montée du Front National, p. 134.
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