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Le monde tel qu’il est

14/09/03 7.19 t.u.
François Ryssen

Je crois bien que c’était un mois de juin. C’était juste avant les grandes vacances. Les " antimondialistes " avaient décidé de se faire appeler dorénavant " altermondialistes ". Ça sonnait mieux, probablement, et ça donnait une image plus constructive de leur mouvement.

Le changement s’est opéré en deux jours. En deux jours, tous les médias, absolument tous les médias n’ont plus appelé ces zozos que par le terme qu’ils avaient décidé d’adopter. La complaisance du système médiatique avec eux est vraiment confondante. Le moindre mot d’ordre de ces agités est relayé sur toutes les ondes ; le moindre pet de José Bovin fait un grand boum retentissant dans les cales du navire ! Cinq cents crétins qui manifestent, et FR3 nous balance un reportage de six minutes ; une brochette de huit étudiants – huit ! – déploient une banderole pour protester contre une réunion du médèfe dans les locaux d’HEC, et toutes les caméras, tous les projecteurs se braquent sur ces petits cons qui jouent à la révolution avant de se retrouver le soir dans les clubs chics du côté de l’avenue Niel.

On se marre bien. On se fend la gueule. On se demande aussi comment un militant révolutionnaire digne de ce nom peut bien se retrouver dans des mouvements politiques aussi caressés, dorlotés, choyés par un système qu’ils prétendent vouloir abattre. Tout cela est guignolesque. L’aveuglement de nos soi-disant adversaires politiques est absolument stupéfiant. Qu’un bon gros bourgeois soit effrayé par les formidables bruits de bottes qu’il y a dans nos têtes, cela peut se comprendre ! Mais qu’un jeune Français révolté contre la société matérialiste puisse se complaire dans les partis d’ultragauche hypermédiatisés et hypraconformistes, cela nous… comment dire… les bras nous en tombent !

Ça fait des années que nous demandons poliment à tous ces journalistes aux cheveux gras de nous appeler par notre nom : " s’il vous plaît, nous ne somme pas d’ " extrême-droite ". Pourriez-vous nous appeler simplement " nationalistes ", comme vous le faîtes si bien pour les Corses ou les Sri-Lankais. Ou mieux encore : " alterdémocrates ". Soyez sympas, quoi ! "

Mais non. Rien à faire. Nous resterons toujours les méchants fachos, " vigile de profession " (toi, je te retiens ! – je parle tout seul, je me comprends…), le rebut de la société, les " inintégrables ", les " unter-citoyens ", les vilains canards de la démocratie. On peut bien parvenir à intégrer des Français d’origine africaine, avec quelques dizaines de milliards d’eurots chaque années ; mais il est maintenant avéré qu’il est parfaitement impossible d’intégrer un individu d’ " extrême-droite " dans un salon mondain du septième arrondissement. Et d’ailleurs, on ne débloquera pas un centime pour cela ! Pas un shekel pour les nazis ! Voilà comment qu’on est considérés, nous les fachos, dans notre propre pays. Drieu Saint-Nazaire disait qu’être nationaliste en France, c’était " vivre crucifié ". Il n’avait pas tort. Notre pays est devenu un véritable cloaque, un marécage nauséabond dans lequel se prélassent nos dirigeants et nos élites, avec la plus tranquille insouciance. Au milieu de cette eau noirâtre, il y a Raffarin qui fait la planche. Cette grosse barrique à tête de Turc communiste va boire la tasse ; c’est forcé.

Je tombe encore ce matin sur une photo de l’équipe de France de foute en première page du " Parisien " : ils viennent de battre les Slovènes (victoire !) ; à côté de celle-ci, " nos " basketteurs en pleine action contre les Russes ; dans un autre magazine télévisé, je mire les trente-sept ravissantes gonzesses qui concourent pour le titre de miss Europe. A chaque fois, les Français n’ont pas besoin de maillots pour être repérables parmi les Européens. On dit " les bleus ", " les bleus ". On devrait dire " les noirs ". C’est ça la vérité. Si l’on veut à tout prix rafler des médailles, il faut le dire. A ce moment-là, on peut se servir de la carte d’identité française comme on se sert de faux lapins pour faire courir les lévriers autour d’un champ de course ! Mais arrêtons là ces odieuses considérations, car sans Makélélé, que serait la France aujourd’hui, hein ?

Et puis il y a Guillaume Depardieu. Le pauvre s’est fait tronçonné la jambe comme un grognard après la bataille d’Essling. On l’aimait bien dans " Tous les matins du monde ", disciple en viole de gambe de Monsieur de Sainte-Colombe. Il faut voir ce film magnifique, qui remue un peu plus les tripes que Terminator III. Mais Guillaume a fait des siennes cet été. C’est un jeune homme turbulent qui n’hésite pas à sortir un flingue et à tirer en l’air dans la nuit de Deauville pour se débarrasser des importuns. Daniel " B. " (on t’a reconnu, va !) en est quitte pour une bonne frayeur, mais il porte plainte, et à juste raison. Le procureur a tout de même requis hier un an de prison avec sursis contre Guillaume Depardieu, un suivi psychologique et la confiscation des pistolets et de l’arbalète trouvés à son domicile. Ce n’est pas parce que l’on est riche et célèbre que l’on doit tout se permettre.

On va finir par Bertrand Cantat : " Salut Bertrand ! Tu vas bien ? ".

La famille Cantat a osé organiser cette semaine une fête de soutien à Vilnius pour son petit chéri emprisonné. Ces gens-là ont vraiment perdu tout sens de la pudeur. La moindre famille de prolétaire français se comporte plus dignement que ces humanistes imprégnés de cocaïne. Même les membres du groupe se sont désolidarisés devant pareille indécence. Ce qui prouve tout de même que tous les gauchistes ne sont pas complètement crétins. Ceux-là, il faudra les empailler. Humainement, avec un grand H.

 
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