Les Mammonites et l’Irak
 |
10/04/03 |
 |
17.56 t.u. |
 |
Israël Shamir |
|
Les sanctions iniques contre le noble peuple irakien doivent être levées immédiatement. Ces sanctions ont causé la mort de millions d’innocents, dont un million d’enfants. Elles ont préparé le terrain à l’agression mammonite. La terrible campagne de démonisation des médias mammonites contre Saddam Hussein, les Irakiens et les Arabes, en général, doit être dénoncée pour ce qu’elle est : une apologie du sectarisme raciste.
Saddam Hussein n’est ni le Père Noël ni Saint François d’Assise. Ce n’est pas un gentil roi philosophe. Mais le président chilien Allende était le dirigeant le plus libéral et progressiste qui fût, et cela n’a nullement empêché qu’il ait été renversé et assassiné par un dictateur sponsorisé par la CIA, le général Pinochet, grand ami des Mammonites sionistes Margaret Thatcher, Henry Kissinger et Conrad Black. Le Premier ministre libéral et progressiste d’Iran, Mohammed Mossadegh, avait, lui aussi, été renversé et remplacé par le régime autoritaire du Shah. Saddam Hussein a été créé par l’esprit même du monde arabe, comme son défenseur. En effet, une civilisation (au sens que Toynbee donne à ce terme) confrontée à un péril mortel produit des dirigeants inflexibles et martiaux capable de faire face à ce genre de défi.
Sur le point d’être attaquée par son ennemi le plus cruel et le plus dangereux de toute son histoire, la Russie avait produit un prêtre géorgien défroqué, implacable et cruel, et en avait fait le chef de l’Union soviétique. Un homme plus gentil, plus souple, n’aurait pas été capable de sacrifier des millions de Russes (dont son propre fils) à la victoire sur le Troisième Reich.
Le monde arabe avait été lamentablement géré depuis des siècles par des pouvoirs étrangers : les Turcs ottomans, les colonialistes, et aujourd’hui la pieuvre des Mammonites néo-colonialistes. Saddam Hussein est le premier dirigeant arabe fort et véritablement indépendant depuis Saladin ; cela n’est pas pure coïncidence s’il est né à Tikrit, cette ville qui a jadis donné le jour au noble vainqueur des Croisés. Il peut unifier le monde arabe et restaurer le Califat – comme de Gaulle et Adenauer ont su restaurer l’Empire carolingien. Cela doit être fait, car la parcellisation actuelle des pays arabes a eu pour seul résultat de produire des émirats opulents, des puits de pétrole sous haute protection étrangère et l’appauvrissement des peuples. Saddam est capable de tenir tête aux Mammonites et aux sionistes, c’est pourquoi il est tellement aimé des peuples du Moyen-Orient.
Saddam est traîné dans la boue par les médias mammonites, mais cela ne prouve qu’une seule chose : il est l’homme qui convient, là où il faut. Car si l’on regarde ceux que les médias mammonites louangent, on constate qu’il s’agit obligatoirement de leurs collaborateurs. Ils aimaient Mikhail Gorbachev, le démolisseur de l’URSS ; ils aiment Tony Blair, qui a fait de l’Angleterre une colonie américaine. John Pilger a bien décrit ce phénomène dans son introduction à la nouvelle édition du grand classique de Phillip Knightley : La Première victime(1)[The First Casualty] : " Les médias eurent beau jeu de saluer “le nombre miraculeusement peu élevé de victimes” durant la guerre du Golfe (il s’agit bien entendu du peu de victimes britanniques et américaines), alors que l’horreur de près d’un quart de million d’Irakiens massacrés par les forces sous direction américaine était pratiquement passée sous silence ".
Hier, à la télévision israélienne, le cruel ex-ministre de la défense d’Israël, “Fouad” Ben-Eliezer, assassin de centaines de civils palestiniens, a qualifié Saddam Hussein de " personnage effrayant ". Pour moi, et pour bien d’autres que moi, au Moyen-Orient, quiconque est de taille à effrayer Ben-Eliezer ne saurait être quelqu’un d’entièrement mauvais.
Saddam a passé avec succès et avec les honneurs un très difficile examen de guerre : son peuple lui demeure loyal et continue à combattre l’agresseur mammonite. Nous devrions lui apporter notre soutien en ces heures cruciales, de la même manière que Winston Churchill avait apporté son soutien à Joseph Staline. Ne vous faites pas de souci : lorsque le monde arabe aura reconquis son indépendance, dans le cadre de l’Eurasie amicale, il produira des dirigeants sympathiques et doux, amateurs des arts et des lettres.
Des soldats américains et anglais ont été envoyés commettre le pire des crimes de guerre : l’agression contre un État souverain. Mais ce n’est pas dans l’intérêt des Américains et des Anglais qu’ils ont été envoyés le perpétrer. On les a envoyés en Irak afin d’étendre le règne mammonite à l’ensemble du Moyen-Orient. Nous n’identifions pas les Mammonites à l’ensemble du peuple américain. Les Mammonites viennent et disparaissent, alors que le peuple, lui, demeure à jamais. Les Européens ne doivent pas non plus répéter la folie américaine en tentant de " libérer " l’Amérique. Laissons les Américains se libérer tout seuls du joug mammonite. C’est dans l’intérêt des Européens, car les Mammonites ne sont pas des gens dépourvus de rancune. Ils ne pardonneront à aucun de ceux qui se sont opposés à leurs menées. Ils vont tout faire afin d’écraser l’opposition interne aux États-Unis : ils ont d’ailleurs stocké toutes les photographies des participants aux manifestations anti-guerre, et ils vont les utiliser, tôt ou tard.
Les Mammonites sont aveuglés par leur pouvoir absolu et par la réussite de leur bon coup, qui a consisté à entraîner l’Amérique dans leur plan mondial. Leur absence totale de compassion s’est manifestée à Guantanamo, où ils maintiennent en cage leurs prisonniers infortunés. Leur culot, leur “chutzpah”, s’est montré avec éclat lorsqu’ils ont exigé que l’on désarmât l’Irak avant de l’attaquer eux-mêmes, nous transformant tous, autant que nous sommes, en hommes de main à leur service. Leur absence de sincérité s’affiche à travers leurs campagnes massives de mensonges et de désinformation. Leur nature athée se révèle dans leur refus d’obéir aux instructions pastorales des Eglises (Seuls de rares prêcheurs sionistes télévisés soutiennent leur croisade).
Les Mammonites utilisent le réseau d’influence des sionistes et trompent les juifs, les incitant à leur obéir. Le Sénat américain a commencé la guerre en offrant dix milliards de dollars à l’État juif. En retour, le titre en lettres géantes " God Bless America " ornait la une du grand quotidien israélien, Yediot Aharonot d’aujourd’hui, tandis que le site ouèbe du même journal déclarait que " les cœurs et les prières des Israéliens sont tournés vers les forces armées des États-Unis ". [Ben voyons ! Ndt]
" La plus grosse part de la justification idéologique et de la pression politique en faveur de la guerre contre l’Irak est venue des sionistes américains de droite, dont de nombreux juifs étroitement alliés au Premier ministre israélien Ariel Sharon et occupant des fonctions d’influence tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’administration Bush. Il s’agit d’une guerre de Bush et de Sharon contre l’Irak ", a écrit Patrick Seale, observateur britannique spécialiste du Moyen-Orient. Seale a raison – jusqu’à un certain point : les rangs des sionistes " de gôche ", dont beaucoup sont juifs, sont infestés de Mammonites, à l’instar de leurs acolytes de droite.
Bob Norman écrit, depuis le Sud de la Floride(2) : " Robert Wexler s’est fait l’un des critiques les plus acerbes du Président Bush. Ce membre libéral du Congrès a attaqué Bush sur les questions environnementales, la lutte anti-drogues, les scandales des grandes firmes, les suppressions d’impôts en faveur des riches et la tactique électorale du président en 2000. Mais ce Wexler a néanmoins déclaré à la télévision que la guerre contre l’Irak était une belle et bonne idée. Wexler et plusieurs autres juifs démocrates du Congrès, emmenés par le Sénateur du Connecticut Joe Lieberman et un petit troupeau de Représentants de Californie et de New York, ont tombé la veste pour mener la bagarre en faveur de la guerre. Ces mêmes hommes politiques représentent habituellement le noyau dur de l’opposition (démocrate) à Bush : ils ont donc contribué, ce faisant, à démolir tout espoir de voir le parti démocrate retenir les chiens de guerre de Dick Cheney ".
En soutenant la guerre, les sionistes américains et britanniques ne mettent pas en danger, eux, les fondements de leur pouvoir. Alors que leurs positions éminentes dans les médias sont bien connues, " il y a moins de quinze soldats juifs (0,03 % de la force d’invasion britannique en Irak) parmi les 45 000 soldats britanniques actuellement en action dans le cadre de la campagne militaire sous direction américaine "(3), écrit le quotidien israélien Ha’aretz. Cette disparité en dit très long, et explique notamment l’expression satirique de " fauconneaux " (du Pentagone). Les idées démentes de ceux-ci incluent la restauration du Grand Israël du Nil à l’Euphrate, ainsi que la " revanche historique " sur Babylone pour la destruction du Temple de Salomon, en 586 avant J.C., revanche à laquelle appelait David Ben-Gourion, le fondateur d’Israël. Inutile de dire que ces plans démentiels ne sont ni dans l’intérêt bien compris des Américains, ni dans celui de la majorité des juifs, heureusement sains d’esprit.
En rejetant le pacte entre les Mammonites et les sionistes, nous n’identifions nullement l’ennemi avec un groupe ethnique ou religieux. Et il est de fait que de nombreux Américains d’origine juive sont contre la guerre et contre les Mammonites. Je ne veux pas à nouveau mentionner ici leurs noms éminemment respectables, car il n’est nul besoin d’établir un distinguo quelconque entre eux et les Américains honnêtes non-juifs. L’ennemi, c’est l’idéologie mammonite, " cet étrange croisement entre attitudes romaines et hébraïques ", pour reprendre l’expression de Simone Weil, qui a écrit :
" Les Romains et les Hébreux sont très admirés, et on les cite à chaque fois que l’on veut justifier un crime. Les peuples conquis par les Romains faisaient l’objet de leur mépris, et ils n’avaient droit à aucun récit épique propre, à aucune tragédie. Pour les Hébreux, la cruauté envers les peuples vaincus était licite, et même indispensable ". Simone Weil voyait dans les Evangiles l’ultime et brillante manifestation de l’esprit hellène de l’Iliade, cet esprit de compassion qui prend en compte l’humanité des deux camps dans la guerre. C’est cet esprit que les Américains feraient bien d’invoquer.
L’Amérique compatissante et férocement indépendante d’Henry Thoreau et Gore Vidal peut et doit remporter sa longue bataille contre l’esprit mammonite. Etant donné que les principales régions des États-Unis sont infiltrées au même point, l’issue consiste à donner plus, beaucoup plus, de pouvoir aux États, tout en réduisant les fonctions du Gouvernement fédéral, en les réduisant à la gestion de la poste américaine. Le meilleur magasine intellectuel américain, Harpers’ Monthly, a tracé récemment un portrait idyllique d’un monde dans lequel, au lieu des États-Unis monstrueux, quelques sept ou huit États (la Californie, la Nouvelle Angleterre, le Texas, la Confédération, etc.) occuperaient le territoire nord-américain situé entre le Mexique et le Canada. Ces États plus petits et donc plus gérables (ils auraient la taille de la France !) seraient à même de forger des relations faisant sens entre leur population et leur territoire, de créer des communautés réelles et non pas seulement imaginaires comme c’est aujourd’hui le cas, de produire de l’art et de relier l’Homme et Dieu.
Les Américains vivraient bien mieux, seraient plus heureux, auraient des vies plus inspirées. Ainsi, par exemple, les 75 milliards de dollars que l’Amérique est en train de dépenser pour sa guerre en Irak permettraient d’offrir à cinquante millions d’Américain des soins gratuits, ou encore d’offrir à six millions de jeunes gens un enseignement universitaire. Les Américains seraient à même de célébrer la Nativité du Christ, et non pas seulement les " soldes " de Noël, et sa Résurrection à Pâques, sans peur.
Il n’est pas jusqu’à l’esprit de commerce mammonite qui ne fût capable de s’ébrouer de sa destructivité, si on le confinait à la Grosse Pomme. Qui sait, peut-être une New York indépendante recréerait-elle la gloire de Venise, la grande République commerçante, une fois dégagée de l’emprise du continent géant ?
Israël, l’État juif exclusiviste, n’a quant à lui pas de place dans un Moyen-Orient libéré ; mais ses habitants, Palestiniens adoptifs de religion ou d’origine juive, seront les citoyens bienvenus et désirés du Commonwealth palestinien, à égalité avec les indigènes palestiniens. Leurs capacités les aideront à mener leur pays commun vers la prospérité et l’égalité. Ainsi, le noble objectif sioniste de ramener les juifs au foyer de leurs ancêtres sera accompli, et les descendants des juifs, ailleurs dans le monde, pourront oublier le séparatisme et se fondre pacifiquement dans les nations au sein desquelles ils vivent.
Notes
(1) http://evatt.labor.net.au/news/201.html
(2) http://www.newtimesbpb.com/issues/2002-09-26/norman.html/1/index.html
(3) http://www.haaretzdaily.com/hasen/spages/275621.html
© mailto:[email protected] .
|