22/09/03 10.53 t.u. Philippe Randa

Après les automobilistes, les fumeurs sont désormais désignés comme de dangereux criminels. Et l’État de les combattre avec une belle hypocrisie. Pour le fumeur, pas de répit : la traque des miliciens de Bercy est rythmée par les hauts tambours du tiroir-caisse.

« Ne dîtes surtout pas à ma mère que je suis fumeur, elle croit que je suis séropositif ! », finira-t-on sûrement par entendre.
Certes, personne n’a jamais affirmé que fumer était bon pour la santé. Mais boire trop ou se gaver de mauvaises graisses n’est guère préférable. À défaut d’être exemplaires, les débits de tabac ne sont donc pas plus condamnables que bistrots ou fast-food. Qu’à cela ne tienne, l’État garde sans doute ces derniers en réserve pour remplir ses caisses lorsque le fumeur-citron aura été pressé jusqu’à la dernière bouffée.

Intolérable hypocrisie
Dernière trouvaille pour masquer les incessantes augmentations des taxes sur le prix du tabac, l’obligation faite d’inscrire sur chaque paquet la mention « fumer tue ». Conséquence immédiate, chaque fumeur achète un étui en plastique dans lequel il glisse son paquet de cigarettes afin de cacher un slogan d’une intolérable hypocrisie.
« Nous sommes en rupture de stock de ces étuis, m’a indiqué le responsable d’un débit de tabac. Cette inscription débile n’arrête personne. »
C’est au même commerçant que j’avais demandé, voilà plus d’un an, s’il souffrait beaucoup des campagnes anti-tabac. Sa réponse avait été nette :
« Mon chiffre d’affaires n’a pas baissé et au contraire, j’ai vu arriver de nouveaux clients, mais des très jeunes, vraiment très jeunes. Moi, j’ai commencé à fumer à l’âge de quatorze ans, ce dont je ne tire aucune fierté. Aujourd’hui, ce sont des mômes de moins de dix ans qui fument. Et ça, c’est moche ! Mais c’est leur campagne à la con qui leur en donne l’idée ! »
L’État gagne trop d’argent sur le tabac ; il préfère augmenter les tarifs, sachant que cela ne freine personne et qu’il engrange alors davantage encore de bénéfices… Et plus les gens mourront jeunes, moins il y aura de retraite à assurer. C’est tout bénéfice !

Épée de Damoclès
Hypocrite et inutile, cette inscription « Fumer tue » est également une véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de l’État : comment peut-il laisser faire de telles pratiques et surtout, comment ose-t-il prélever sa dîme sur chaque achat de tabac ? Tôt ou tard, dans une société qui suit le modèle de plus en plus procédurier de l’American way of life, les familles des victimes du tabac verront là une judicieuse - à défaut d’honorable - façon de se remplir les poches en portant plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui » avec enrichissement personnel.
Et une fois de plus, ce sera le cochon de contribuable, fumeur ou non, qui crachera au bassinet.


(15 septembre 2003)

Philippe Randa
Directeur du site www.Dualpha.com
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