28/09/03 6.37 t.u. Philippe Randa

Le Grand Bornand-Toulouse : six mois durant, les journalistes nous ont servi un remake de mauvais goût d’Intervilles…

Autres temps, autres mœurs… Il y a de cela moins d'un demi-siècle - cela fait bien longtemps - les gens célèbres prenaient un soin qui frôlait l'obsession pour que rien ne filtre jamais de leur vie privée. Que ce soient les hommes politiques ou les artistes, leur carrière à tous en dépendait. Quand il s'agissait de scandale, c'en était aussitôt fini de leur moralité, ils ne pouvaient plus se produire : pour les uns comme pour les autres, les estrades étaient définitivement interdites. Ils disparaissaient sous l'opprobre et bientôt plus personne ne se rappelait jusqu'à leur nom.
Autres temps, autres mœurs… Apparurent les journaux à scandales. Leurs journalistes n'étaient pas toujours – et ne sont toujours pas – de fins limiers, contrairement à une réputation qu'ils entretiennent savamment. Généralement, les informations leur sont apportées sur un plateau, qui par un parti concurrent, qui par un rival jaloux… et aussi par les intéressés eux-mêmes car communication oblige, il n'y a rien de pire que le fait qu'on ne parle pas de vous.
Et voilà que depuis quelques années, nouveau temps, nouvelles mœurs, c’est la quasi-totalité des médias qui se pourlèchent l’audimat des fait-divers, quitte à les faire exagéremment mousser si nécessaire.


Serial squatter contre serial menteuse
Depuis plusieurs mois, l’Affaire de la disparition de la famille Flactif au Grand-Bornand accaparait bien du temps d’antenne, en compétition avec L’affaire Baudis (ou Affaire Allègre ou Affaire de Toulouse, on ne sait plus très bien comment on doit l’appeler).
Cette affaire-là est désormais close : le voisin était coupable. Ce jaloux a révolvérisé le promoteur Flactif et toute sa famille pour pouvoir coucher, avec toute sa famille à lui, dans un de ses chalets de luxe sans payer. Les fins limiers de l’information à la française ont réussi à tenir en haleine tout l’hexagone six mois durant – faisant miroiter une escroquerie exceptionnelle ou même la participation de la mafia – et la vérité était une minable jalousie de voisinage.
Reste l’autre affaire à Toulouse ! Là, c’est du sérieux : les fins limiers ont les dénonciations de deux putes et d’un maquereau devenu serial killer : tout le gratin de la bourgeoisie locale en est éclaboussé quatre mois durant. À tel point que l’ex-Premier Élu de la ville rose devenu président du CSA, doit demander sa mise en examen : des rumeurs font en effet état de sa participation à quelques parties chaudes sur fond de sado-masochisme et de crimes sexuels.
Confronté (enfin !) à la péripatéticienne – qui avait cessé de l’être entre temps – l’innocence de l’ex-édile est aussitôt démontrée : la dame avoue qu'elle ne l'a jamais rencontré !
Comme on dit dans les salons après une bonne histoire à laquelle personne ne rit : bide !
Non, pas tout à fait, car cette péripatéticienne pas très physionomiste se justifie aussitôt : des policiers sans scrupule et des avocats sans déontologie auraient fait pression sur sa petite personne pour qu’elle lâche le nom de Monsieur le Maire !… et pour ne pas être en reste, elle continue d’accuser l’ancien substitut financier de Toulouse, Marc Bourragué, aux pratiques sexuelles quelque peu… violentes et avec lequel elle aurait eu dans les années 90 une relation suivie.
Pour les médias, la juteuse affaire sexuello-maniaquo-criminelo-guignolesque continue, c’est le principal.

(22 septembre 2003)

Philippe Randa
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