Nous en resterons maîtres et seigneurs
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29/12/03 |
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5.29 t.u. |
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Philippe Randa |
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Quand l’actualité nationale ou internationale n’inspire guère, c’est finalement une bonne chose. Cela permet de présenter un livre, parmi les meilleurs qu’on ait lus ces temps derniers. En voici donc un consacré aux plus émouvants de mes compatriotes.
Des poètes normands et de l’héritage nordique
« Il n’y a pire ennemi de l’histoire que l’usure du temps », a l’habitude de répéter l’écrivain Francis Bergeron(1) ; cette maxime peut tout aussi bien s’adapter aux poètes de nos régions et c’est tout le mérite de Jean Mabire d’avoir arraché à l’oubli quelque 42 poètes de la Normandie, tous rattachés peu ou prou à cet « héritage nordique » dont cet historien renommé s’est fait un des chantres les plus acharnés.
« Depuis les élans du Romantisme jusqu’au renouveau de la littérature dialectale, en passant par les grandes fêtes du Millénaire de 1911, ils furent nombreux les poètes normands qui célébrèrent les Vikings et ces « drakkars » qu’il conviendrait, à en croire les savants, de renommer snekkars ou esnèques », écrit l’éditeur André Boscher(2) qui ajoute : « De leurs vers, écrits dans le style d’une époque littéraire aux reflets d’incendies, devait naître ce que l’on a appelé “le mythe nordique”, c’est-à-dire non pas une fantasmagorie, mais la prise de conscience d’une réalité identitaire, originale entre toutes. Les portraits d’une quarantaine de ces écrivains sont ici rassemblés, avec un choix de vers où l’on peut entendre le fracas des épées, le tumulte des vagues, l’appel des Walkyries et ce chant profond venu du Nord sur “la route des cygnes”.
Les paroles du dieu Odin rassemblent encore le peuple vivant sur cette terre normande, dont le premier duc Rolf le Marcheur, dit Rollon, avait affirmé à ses compagnons scandinaves, Norvégiens et Danois : “Nous en resterons maîtres et seigneurs”. »
Présenter un livre revient bien souvent à en révéler le contenu, à tel point que les lecteurs risquent de se dire alors : « Tout est dit, à quoi bon ouvrir le livre ? ». Je n’ajouterai donc rien à la présentation de ce recueil par l’éditeur pour ne pas tomber dans ce travers auquel a réussi a échapper la préfacière, Katherine Hentic.
Préfacer un livre n’est pas si simple que le croient ceux qui ne se sont jamais attaqués à la tâche, d’autant que celle Des Poètes normands et de l’Héritage nordique fait 38 pages. Je l’ai lue d’une traite et pré-découvert ainsi ceux dont Jean Mabire allait nous entretenir, mais surtout les souvenirs personnels qui rattachent la préfacière autant que l’auteur, à ces poètes ; il fallait à Katherine Hentic une bien belle sensibilité pour apporter un témoignage aussi riche que personnel.
On n’écrit pas assez à un auteur pour le féliciter de ce qu’il a écrit quand cela a plu ; encore moins, évidemment, à un préfacier. Jean Mabire sait quelle admiration je porte à son œuvre littéraire ; la préface de dame Hentic à ses poètes normands rend ceux-ci encore un peu plus immortels qu’ils ne sont déjà.
(24 décembre 2003)
(1) Journaliste, romancier et historien, initiateur de l’Inhir (Institut d’Histoire des Identités nationales et régionales – 17, rue du Parlement 36200 Saint-Marcel par Argenton) et président de la dynamique association des Amis d’Henri Béraud (BP 3 – 17111 Lois-en-Ré), il est entre autres, l’auteur d’un récent « Qui suis-je ? » consacré à Henri Béraud aux éditions Pardès (9 rue Jules-Dumesnil 45390 Puiseaux, 10 euros, 128 pages,).
(2) Des Poètes normands et de l’Héritage nordique par Jean Mabire (Éditions AntéE - 16, rue Jean de La Varende – 14250 Tilly-sur-Seulles, 360 pages, 30 euros franco, cahier photos).
Philippe Randa
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