19/04/03 15.37 t.u. Philippe Randa

Désormais, au moins, les choses sont claires : qui n'est pas « avec » les États-Unis d'Amérique, est « contre » eux. Nous en sommes aux menaces, même pas voilées ; à quand le « rétablissement de l'ordre » dans les « vieilles nations » en rébellion ?

Décidément, cette guerre d'Irak a montré que la morgue des dirigeants actuels des États-Unis d'Amérique s'affiche sans honte. Dernier exemple, le vice-ministre de la Défense Paul Wolfowitz a expliqué devant le Sénat que la France devra être punie en payant le prix de son opposition à l'intervention américaine en Irak.

Dans l'esprit de ce haut dignitaire du régime US, il est certain que la France, l'Allemagne et la Russie ne sont pas seulement de « vieilles nations », elles sont, ni plus, ni moins que de vulgaires et désobéïssants DOM-TOM. Situation à laquelle Washington veut rapidement mettre bon ordre comme elle vient de le faire au Moyen-Orient.(')

L'insupportable maréchaussée yankee

On a sans doute eu tort de prendre trop à la légère la vocation que les dirigeants américains - et pas seulement l'Administration Bush - se sont découverts : celle de « gendarmes du monde » ; et plus tord encore de s'en réjouir comme certains.

Que fait un gendarme, sinon rétablir à l'intérieur de ses frontières ? Que celles-ci soient étendues à la planète entière ne gênent en rien les Maîtres de la Maison-Blanche ; ne règnent-ils pas sur un pays où tout est surdimensionné : de leurs orgueilleux gratte-ciels aux simples et trop sucrés bâtons glacés ?

Néanmoins, les colonies ont toujours été, tôt ou tard, le talon d'Achille des empires.

Ne remontons ni trop loin, ni trop près de nous, contentons-nous de rappeler les origines d'un certain conflit d'indépendance, celui-là même des États-Unis d'Amérique :

« Par le traité de Paris de 1763, qui met fin à la guerre de Sept Ans, la Grande-Bretagne s'est fait céder par la France tout le Canada, la vallée de l'Ohio et la Louisiane à l'est du Mississippi ; ce règlement avantage en principe les colons américains, qui ne rencontrent désormais plus d'obstacle dans leur poussée vers l'Ouest. En fait, George III, souverain de Grande-Bretagne depuis 1760, entend réserver à la Couronne l'acquisition de ces nouveaux territoires et, en outre, comme le conflit a coûté cher à la Grande-Bretagne, son gouvernement redouble de sévérité dans l'application d'une législation fiscale votée à son profit par le Parlement et qui, frappant les colons, tend à leur faire payer une partie des frais de la guerre. C'est là une pratique tout à fait inusitée, les assemblées locales dans les colonies se chargeant traditionnellement de voter l'impôt. À cette prétention les colons opposent, conformément au principe constitutionnel anglais, leur droit de ne payer que les taxes consenties par leurs propres représentants et donc de rejeter celles que veut leur imposer un Parlement où ne siègent pas leurs députés. No taxation without representation, c'est-à-dire « Pas d'impôt sans représentation élue », devient rapidement leur mot d'ordre. Le désaccord initial, qui ne comporte pas d'intention de rupture, repose tout à la fois sur une question d'intérêts et sur une question de principes ».

Faire payer sa propre guerre aux autres est, comme on le voit, une pratique qui devrait faire réfléchir à deux fois les dirigeants actuels de la Maison-BlancheS Au risque de devoir inévitablement affronter une nouvelle menace : celle des Insurgents(3) européens.

(14 avril 2003)

Notes

(1) Quoiqu'en l'occurrence, l'expression « bon ordre » ne soit peut-être pas le plus exact (euphémisme) en ce qui concerne l'Irak depuis l'entrée des troupes US dans le pays.
(2) sources : http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/ni/ni_2330_p0.html.
(3) Nom donné aux colons d'Amérique du Nord qui, au XVIIIe siècle, se soulevèrent contre l'Angleterre.

Philippe Randa
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