Patrick, je te hais moi non plus
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14/10/02 |
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19.11 t.u. |
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Philippe Randa |
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"Patrick m'a tuer" pleurnichent aujourd'hui toutes les bonnes consciences dégoulinantes de grands sentiments humanitaristes. Certains s'en réjouiront, d'autres constateront seulement que les utopies gauchistes ont montré une fois de plus leur odieuse limite.
Patrick Henry est donc de nouveau sous les verrous après avoir été arrêté à Valence avec 10 kilos de cannabis dans sa voiture. Certes, il est incarcéré en Espagne et ce n'est déjà plus le contribuable français qui va cracher au bassinet de sa détention. Maigre consolation, car on nous annonce comme inévitable un retour dans une geôle bien de chez nous. Ce retour sera plus ou moins rapide, suivant la bonne volonté de l'intéressé et celle-ci est plus que sujette à caution, on s'en est aperçu.
Des considérations d'un autre temps
Franchement, pourquoi tant vouloir le retour en France du "meurtrier libéré" ? Le déchoir de la nationalité française serait pourtant la moindre des choses. Comme il a été la moindre des choses de la donner ces jours-ci à ces deux Africains en attente de régularisation qui ont sauvé un enfant de la noyade. Le symbolisme aurait été beau, non ? À un tueur d'enfant, le bannissement, à des sauveurs d'enfant, le droit à la citoyenneté. Mais ce sont là des considérations d'un autre temps, celui où la nationalité n'était pas un "droit allant de soi" et où l'acte d'assassinat était puni. De façon définitive.
Vraiment, elle est bien étrange cette volonté de voir revenir chez nous Patrick Henry. À moins qu'elle ne cache une autre intention, beaucoup moins avouable : la vengeance !
Et si on voulait lui faire payer sa conduite ?
Si ceux qui attendent avec impatience son extradition voulaient tout simplement se venger de lui ? Non pas pour l'assassinat en 1977 du petit Philippe Bertrand : il a été jugé pour cela et maître Badinter lui a sauvé la tête pour la plus grande satisfaction des abolitionnistes de la peine de mortŠ mais pour avoir, ces derniers quinze mois de liberté retrouvée, ridiculisé à deux reprises - par un vol de vis et de mèche à bois le 26 juin dernier et par le trafic de drogue de ce mois d'octobre - ses plus ardents défenseurs et tous ceux qui avait fait de lui une "icône de la réinsertion" : juges, experts, psychiatres, gardiens et directeur de prison, aumônier, employeur, etc.
L'avenir s'annonce en effet bien noir pour Patrick Henry. Quelques mois de prisons en Espagne, puis un retour en France où sa liberté conditionnelle sera très certainement révoquée. Retour donc à la case départ, c'est-à-dire une cellule qu'il a déjà connu vingt-cinq ans durant. Mais avec des changements et quels changements ! Plus de bonnes consciences de gauche pour s'apitoyer sur son existence ! Plus d'espoir de patron compréhensif prêt à l'embaucher pour hâter sa libération ! Et surtout des prisonniers qui lui feront regretter sa conduite. Oh ! pas au nom des grands sentiments humanistes et utopies gauchistes bafoués, non, tout simplement par simple rancune... En replongeant dans la délinquance, alors que rien ne l'y obligeait(1), Patrick Henry a compromis la chance de plusieurs d'entre eux de bénéficier à leur tour d'une liberté conditionnelle.
Les quelques années de prison qui attendent Patrick Henry ne s'annoncent guère "fraîches et joyeuses", tout comme les années qui suivront sa remise en liberté, plus âgé et avec moins, forcément moins, de facilité à l'embauche et au pardon.
Finalement, avec vingt-cinq ans de retard, Patrick Henry va connaître un châtiment bien plus terrible encore que celui auquel il avait échappé.
Philippe Randa
(1) Rappelons qu'outre les 10 000 euros gagnés en prison, Patrick Henry disposait d'un salaire de 1 100 euros mensuel et d'une avance sur droits d'auteur de l'éditeur Calmann-Lévy d'environ 100 000 euros. Déjà que peu de détenus libérés ont la même chance que lui de se voir proposer un travail sérieux, je connais bien des écrivains qui aimerait percevoir ne serait-ce que le dixième d'un tel à-valoir. quoique... Ces 100 00 euros ne sont-ils pas l'ultime ignominie faite à la mémoire du petit Philippe Betrand. Sans le cadavre de cet enfant de sept ans...
Philippe Randa
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