Quitte ou double à Vitrolles en Provence
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30/09/02 |
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18.47 t.u. |
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Philippe Randa |
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Mêmes les cauchemars ont une fin pour tout à chacun : la preuve, Bruno Mégret a sauvé l'honneur à défaut (peut-être) de la Mairie avec le premier tour des élections municipales de Vitrolles, hier dimanche 29 septembre 2002. Après avoir connu un score, petit certes, mais toutefois honorable à l'élection présidentielle, puis une débâcle comme tant d'autres partis de ses candidats aux élections législatives suivantes, et enfin vu ses cadres quitter par fédérations entières le navire de son Mouvement national républicain, la liste conduite par son épouse Catherine est arrivée en tête. Et le résultat final, dans une semaine, est loin d'être joué pour l'opposition : la gauche ex-plurielle comme la droite parlementaire, sont divisés et le frère ennemi du Front national inexistant avec ses 2 % de voix.
Il est certain qu'une défaite "du couple Mégret" comme la Presse nomme désormais les principaux protagonistes de cette élection, mettrait un terme définitif aux ambitions politiques du mari : on ne voit pas ce qu'il lui resterait à faire, sinon de se consacrer à sa carrière d'énarque, seule profession où les échecs, même à répétition, ne sont jamais bien graves et en tout cas rarement sanctionnés.
En revanche, une victoire prouverait que "le cadavre bouge encore" et en politique, une telle hypothèse est souvent lourde de surprises. On en a vu revenir de loin et ce n'est ni Jacques Chirac, ni Jean-Marie Le Pen et avant eux Charles De Gaulle ou François Mitterrand qui pourraient dire le contraire. Tous ont connu de terribles échecs et d'impitoyables traversés du désert dont ils sont sortis plus redoutables que jamais.
De plus, les récents déboires à répétition de Bruno Mégret pourraient bien avoir un effet inattendu : celui de le rendre (une prouesse !) sympathique aux Français, plus sympathique en tout cas que les quelques dizaines de cadres ex-FN qui l'avaient suivis au temps où il semblait en mesure "d'emporter le morceau" et qui l'ont lâché au vu des mauvais résultats électoraux de son mouvement.
Il est parfois plus utile en politique de ne conserver autour de soi qu'une poignée de gens décidés, plutôt qu'un nombre important d'apparatchiks se targuant, faute de conquêtes électorales, de l'inflexibilité de leurs convictions politiques, à l'image de ses vieilles filles excipant, elles, faute de conquêtes sentimentales, leur dramatique certificat de virginité.
Il est d'ailleurs amusant de constater que nombre de cadres qui ont lâché Bruno Mégret ces derniers mois en le couvrant d'opprobres, sont ceux qui avaient voué aux gémonies avec le plus de férocité, de démesure et d'outrances Jean-Marie Le Pen deux ans auparavant.
Et puis, débarrassés d'un nombre conséquent de ces éternels militants des causes perdues en général et de celle du nationalisme en particulier, le Mouvement national républicain qu'il préside pourrait bien apparaître plus cohérent.
Car de cohérence, il faut avouer que le MNR et son Président n'en ont guère eu depuis quatre ans. Se voulant une droite nationale "présentable", ils récupérèrent ainsi les éléments les plus ultras du nationalisme. Ambitionnant de rénover la Droite, ils calquèrent au millimètre près son organisation sur celle du Front national, déjà d'autant plus inadaptée qu'elle était directement inspirée d'un centralisme démocratique que même le Parti communiste français n'a de cesse de vouloir abandonner. Enfin, reprochant à Jean-Marie Le Pen de trop vouloir "faire le jeu de la gauche", ils apparurent rapidement comme n'ayant de cesse de trop vouloir faire celui de la droite parlementaire.
S'il sauve les meubles dimanche prochain, l'homme du couple Mégret aura bien besoin de songer à sa propre Révolution culturelle, mais c'est une pratique qui a rarement cours dans la Haute Fonction publique.
Philippe Randa
Philippe Randa
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