Réponse à Libération
 |
09/04/03 |
 |
16.46 t.u. |
 |
Marcel Charbonnier |
|
Cher Monsieur Torquemada,
Une amie m'a signalé que le torchon (bien mal) intitulé "Libération" a commis (dans sa parution du jeudi 3 avril 2003) un article que je juge diffamatoire. Mon nom y est en effet cité.
Je suis reconnaissant à cette amie de cette information, car je ne lis pas la presse de caniveau, étant fort occupé à m'informer de l'actualité grâce à des sources sérieuses. Vous comprendrez donc que, quand bien même aurais-je eu du temps à perdre à parcourir Libération, j'aurais été empêché de me livrer à cette occupation oiseuse depuis le déclenchement de l'agression israélo-américano-britannique contre l'Irak, qui fait l'objet de toute mon attention.
Ayant reçu de vous, voici quelques jours, un message sybillin auquel j'avais jugé séant de ne pas répondre, je fais le rapprochement entre l'auteur de ce message et celui de l'article en question.
Dans un souci de transparence, je vous informe que ce message et votre article ont été transmis à la Préfecture de Police de Paris.
Je n'ai aucunement à me justifier de quoi que ce soit, mais je vous informe tout de même du fait que je ne partage pas toutes les opinions de Monsieur Israël Shamir, que je connais personnellement assez peu, bien que l'ayant rencontré à deux ou trois reprises à Paris. Pour être plus précis, je trouve parfois ses positions trop modérées, mais je suis partisan du dialogue et j'apprécie chez M. Shamir sa liberté de pensée et de ton. Je pars du principe qu'il connaît le judaïsme de l'intérieur, ce qui n'est pas mon cas, et que sa vision d'avenir pour la Palestine est porteuse d'espoir. Je m'étonne qu'il puisse continuer à vivre dans l'enfer israélien, mais je sais qu'il est quelqu'un de plus solide que je ne le suis moi-même, et qu'il a expérimenté personnellement pas mal de vicissitudes historiques.
J'ai bien noté la remarquable stabilité des grandes institutions françaises, qui n'est absolument pas affectée par les alternances politiques. Donc, c'est bien encore le journal Libération qui rend la justice dans la République française.
Je le note.
Le juge inquisitorial Michel Henry, ci-devant correspondant du quotidien Libération à Marseille, ayant décrété dans sa convocation à comparaître du 3 avril 2003, que le citoyen Marcel Charbonnier - je cite – " a pu apprécier mot par mot la logorrhée antisémite (d'un article écrit par M. Israël Shamir), qui ne l'a apparemment pas choqué (...) est aujourd'hui passible de sanctions pénales ", le dit citoyen Marcel Charbonnier attend que la force publique y mette la main.
Je suis quelqu'un d'extrêmement patient. J'ai aussi une excellente mémoire.
C'est pourquoi, si votre convocation devant votre tribunal inquisitorial personnel devait par trop tarder (je reste seul juge du délai qui me semblerait excessif), je vous assignerais en justice pour diffamation.
Dans l'attente, je vous prie d'agréer mes salutations distinguées
Marcel Charbonnier
|