01/08/03 4.33 t.u. Philippe Randa

« Bertrand est quelqu'un d'intense, mais il n'a jamais été impliqué dans aucune bagarre », explique le producteur du groupe Noir Désir après le drame survenu entre l'actrice Marie Trintrignant (dans le coma dépassé) et Bertrand Cantat (en désintoxication forcée). C'est qu'il n'avait sans doute pas encore trouvé d'adversaire à sa mesure.

C'est un fait-divers comme il y en a tant. Un homme tabasse une femme. Cela aurait pu se conclure par un |il au beurre noir, suivi éventuellement d'une partie de jambes en l'air réconciliatrice, mais cela risque de se solder par un cadavre.

Si les protagonistes n'étaient pour l'une fille de comédien célèbre et pour l'autre chanteur médiatisé à outrance grâce au politiquement correct, il y aurait eu trois lignes dans une rubrique de chiens écrasés - ou plutôt de couples en détresse - d'un quelconque journal de la capitale lituanienne.(1) Mais il s'agit de Marie Trintignant et de son irritable compagnon Bertrand Cantat.

En cette fin juillet 2003 où les évènements, nationaux ou mondiaux, ne cassent pas trois pattes à un canard, les journalistes trouvent dans cette vilaine affaire de quoi tirer les lecteurs d'une torpeur estivale si dangereuse pour l'audimat. Le malheur des uns, on le sait, fait toujours le bonheur de quelques autres.

« Sur scène, le chanteur s'est toujours distingué par son charisme et sa présence », lit-on dans Le Monde(2). Et, comme il vient de le démontrer, dans une chambre d'hôtel, il se distingue encore davantage par sa délicatesse et son punch.

Quand il ne chante pas, Bernard Cantat « citoyennise ». Comme une bête ! Il est en effet l'un des plus haineux adversaires de la droite nationale, que ce soit dans les textes de ses chansons, mais aussi par ses actes et ses manifestations, notamment à Vitrolles contre l'ex-maire Catherine Mégret. L'épouse du Président du MNR revient de loin ! Ce saltimbanque-là a d'évidence quelques rancoeurs contre les Nationaux en général et contre les dames en particulier.

Il va désormais lui être difficile de trop la ramener dans le registre des droits de l'homme. Quant à ceux de la femme, n'en parlons même pas !

Rappelons tout de même que c'est cet honorable chanteur et boxeur à ses heures qui fustigeait Jean-Marie Messier (qui produisait son Groupe) pour ses mauvaises manières ; lettre qu'il terminait par ses termes : « Aller, salut à toi camarade PDG de la nouvelle internationale d'universal ! Nous n'sommes pas dupes de ton manège, et si nous sommes tous embarqués sur la même planète, on n'est décidément pas du même monde ! »
J2M peut désormais lui répondre qu'ils ne sont pas non plus du même ring !

(30 juillet 2003)

Notes

(1) Marie Trintignant se trouvait en Lituanie depuis la fin du mois de juin pour le tournage de Colette, un téléfilm qu'elle a coécrit avec sa mère, Nadine Trintignant, chargée de la mise en scène, et qui devait s'achever dans quelques jours. Son frère Vincent en était le premier assistant-réalisateur. Le père de l'actrice, Jean-Louis Trintignant, est arrivé lundi soir à Vilnius.

(2) Édition du 30 juillet 2003.

(3) Dans une lettre intitulée « À Jean-Marie Messier lors des Victoires de la Musique » (2002)

Philippe Randa
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