03/09/02 9.46 t.u. Philippe Randa

Il y a des actions assez ignorées à leurs débuts qui se révèlent être, à terme, des événements d'une très grande importance. Ainsi la création de l'IHINR (Institut d'Histoire des Identités nationales et régionales). En avez-vous entendu parler ? Non, sans doute, à moins de faire partie d'une poignée d'initiés. Comme moi.
Inauguré ce dernier week-end d'août 2002 dans le petit village berrichon de Saint Marcel, près d'Argenton-sur-Creuse, cet Institut est sans doute une des initiatives les plus intelligentes qu'il m'ait été donné de voir concrétiser. On la doit à Francis Bergeron. Cet homme-là - tout à la fois journaliste, romancier et historien - est surtout et avant tout un collectionneur acharné auquel on doit plusieurs ouvrages de référence, dont le Guide du collectionneur politiquement incorrect.(1)
Pourquoi cet Institut ? Tout simplement pour qu'à l'intérieur de ses murs soit rassemblé, conservé, classé et facilement consultable par les particuliers tout autant que par les professionnels, toute la "mémoire du nationalisme français et européen et des identités régionales" : livres, journaux, tracts et affiches politiques, etc.
Déjà président de l'Association retaise des amis d'Henri Beraud, Francis Bergeron faisait remarquer qu'il n'y a pire ennemi de l'histoire que l'usure du temps : les souvenirs s'effacent, certes, mais surtout disparaissent les documents qui permettent de comprendre plus justement un événement, de saisir le "pourquoi" et le "comment" d'une époque. C'est ainsi qu'il justifiait, entre autres, l'urgence que soit rééditée par cette association l'intégralité des ¦uvres du grand écrivain retais, stupidement diabolisé par les sévères gardes-chiourmes de la République bien-pensante des lettres.
L'IHINR a également été créé pour accueillir les archives détenues par tous ceux qui ne savent soit où les entreposer, soit s'inquiètent de ce qu'elles deviendront à leur disparition. Nombre d'héritiers peuvent en effet se débarrasser de précieux documents parce qu'ils n'en connaissent pas la valeur historique ou parce que ne partageant pas les idées politiques de leurs parents, ils croient faire ¦uvre de salubrité publique en détruisant ce que ces derniers ont acquis et conservé leur vie durant. Il y a, hélas, des autodafés plus politiquement corrects que d'autres !
Ainsi, le président des Amis de la Varende(2) présent ce week-end à l'inauguration de l'Institut, nous apprit que la bibliothèque du célèbre écrivain normand venait d'être dispersée au plus offrant après héritage.
"Et ce n'est qu'un exemple parmi bien d'autres", se lamenta à juste titre Francis Bergeron.
Anne Brassié(3) expliqua ensuite "l'importance des archives pour la mémoire des écrivains", faisant remarquer que nombre d'historiens ne prenaient jamais la peine de consulter la moindre archive, le moindre document original, se contentant de consulter les livres déjà publiés sur le sujet qu'il traite, risquant ainsi de répéter inlassablement les erreurs ou ommissions commises par leurs prédécesseurs.
Est-il besoin de dire plus de bien de cet Institut ?(4) Sans doute pas. Ceux qui n'auront pas compris l'intérêt d'un tel lieu et d'une telle initiative auront sans doute déjà cessé de lire cette chronique. Quant aux autres, il ne leur manque qu'une dernière information : l'adresseŠ que voilà :
Institut d'Histoire des Identités nationales et régionales
17, rue du Parlement - 36200 Saint Marcel par Argenton.
Bien évidemment, Francis Bergeron et l'IHINR sont preneurs - avides serait un terme plus juste - de tout livres, journaux, archives, documents, etc. dont on accepterait de leur faire don.

Philippe Randa

Notes
(1) J'ai eu le plaisir de publier ce livre en 1996 dans la collection "politiquement incorrect" des éditions de l'Æncre. Quelques exemplaires sont encore disponibles. Écrire à Dualpha diffusion - BP 58 - 77522 Coulommiers cedex. 18 euros +5 euros de frais de port.
(2) Outre les Amis d'Henri Beraud (BP 3 - 17111 Loix-en-Re) et ceux de Jean de la Varende (BP 1 - 14350 Milly sur seules), le président des amis de Robert Poulet Thomas Rucki (Pangloss - BP 15 - 59331 Tourcoing cedex - [email protected]. L'abonnement est à 30 euros pour quatre numéros) et celui des Amis de Charles Maurras (16 rue du Berry 36250 Niherne) l'écrivain Yves Chiron, ainsi que plusieurs représentants des associations des Amis de Pierre Gripari (BP 329-16 - 75676 Paris cedex 16), de Robert Brasillach (case postale 3763 - 211 Genève 3 - Suisse) et du Bulletin célinien (BP 15 - 59331 Tourcoing cedex - [email protected]) avaient également fait le déplacement, tout comme les écrivains Jean Mabire et Louis-Christian Gautier et le journaliste Jean-Paul Angelleli, de l'hebdomadaire Rivarol.
(3) À laquelle on doit les biographies fameuses de Robert Brasillach et de Jean de la Varende et plus récemment celle de Sainte-Anne.
(4) Cet Institut comporte plusieurs salles dédiées à des écrivains et polémistes ayant particulièrement illustré les notions d'identité nationale et régionale : Henri Béraud, Antoine de Rivarol, Georges Bernanos et Léon Daudet.

Philippe Randa
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