Épée de Damoclès islamo-africaine
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03/03/03 |
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14.58 t.u. |
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Philippe Randa |
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Chaque jour qui passe nous rapproche de la guerre en IrakŠ et chaque jour qui passe isole également un peu plus les États-Unis d¹Amérique et leurs alliés espagnols et anglais. Leurs velléités impérialistes ne sont plus seulement dissimulées, mais cette fois dénoncées par l¹écrasante majorité des gouvernements du monde et la quasi-totalité des peuples.
Les trois derniers avatars de l¹Oncle Sam sont ainsi révélateurs.
D¹abord, se pliant aux exigences de l'ONU, Bagdad a commencé samedi 1er mars 2003 à détruire ses missiles prohibés Al-Samoud 2.
Ensuite, le Parlement turc a refusé au même moment le déploiement des Américains sur son sol, déjouant ainsi les plans du Pentagone.
Enfin, réunis en sommet dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, les chefs d'État des 22 pays de la Ligue arabe ont adopté une résolution qui proclame leur ³refus total² de la guerre.
Dix millions de ressortissants africains
De plus en plus, la question n¹est pas de savoir quand les États-Unis d¹Amérique attaqueront l¹Irak, ni comment et combien de temps résistera l¹armée de Saddam Hussein, mais ce qu¹il adviendra ensuite, non seulement dans cette région, mais surtout, dans le reste du monde.
Je laisse aux ³observateurs attentifs² le soin de répondre sur ce sujet, et, sans doute, de se tromper comme ils en ont la très mauvaise habitude.
Pour ma part, je reviendrais seulement sur le cas de la France et sur la position vraiment surprenante de son Président Jacques Chirac. Son attitude, sa fermeté et surtout sa ténacité m¹ont surpris comme sans doute bien d¹autres de nos compatriotes.
Méfiant, je m¹attendais à ce que le personnage joue une fois de plus les girouettes : n¹a-t-il pas toujours renié toutes ses promesses, sauf celle de combattre la droite dite extrême par tous les moyens ?
Non seulement, Jacques Chirac a tenu, mais il a tenu bon et l¹on voit mal désormais comment il pourrait faire machine arrière en retournant sous le giron américain, fut-ce en chemise et la corde au cou.
L¹homme est donc capable de quelque sincérité. Est-ce la sagesse de l¹âge ou le syndrome de sa réélection de Président de république bananière ? Et l¹une exclue-t-elle forcément l¹autre ?
82 %, c¹est non seulement son score d¹avril 2002, mais également, sans doute, le nombre de Français qu¹il réunit derrière lui en s¹opposant à la guerre de George W. Bush. Cerise sur le gâteau, il y compte même son adversaire tellement haï de l¹élection présidentielle.
Toutefois, une autre raison a peut-être bien poussé Jacques Chirac à prendre la tête du ³camp de la paix² : celle des dix millions(2) de ressortissants africains et surtout nord-africains installés sur notre sol.
Cette présence et que l¹islam soit en passe, dans les prochaines années, de devenir la première religion en France et dans nombre de pays européens, ont sans doute pesé de quelques poids dans la décision de notre Chef d¹État, du chef de la diplomatie belge Louis Michel, et du retournement subit de l¹Italien Silvio Berlusconi en faveur de la paix.
C¹est également dans cette optique qu¹il faut comprendre l¹attitude de la Turquie pays a 80 % musulman et dont ³la rue² s¹oppose avec énergie à la ratonnade anti-Saddam qui refuse sur son sol le déploiement prévu de quelque 62 000 militaires américains. Ce, à la stupéfaction générale et à la grande consternation du Département d'État américain qui a été ³complètement surpris², nous apprend-on.(3)
Le pétrole est l¹enjeu évident de la guerre des États-Unis d¹Amérique contre l¹Irak. Mais l¹enjeu des leaders du ³camp de la paix² ne serait-il pas, lui, de sauvegarder la ³paix sociale² au sein de leur propre pays ?
Si c¹était le cas, quel terrible aveu d¹impuissance ! Et quelle menace pour l¹avenir, car les politiques d¹immigration et de sécurité au sein des pays membres de l¹UE ne semblent pas, à l¹évidence, vouloir remédier à la suppression de cette épée de Damoclès islamo-africaine, suspendue au-dessus de nos têtes.
Notes
(1) Impossible n¹est pas anti-yankee ! et Le ³Nouveau Monde² est désormais européen !
(2) Chiffre évidemment non-officiel et soigneusement caché tout autant que démenti avec virulence par nos responsables.
(3) Washington n'avait pourtant pas lésiné sur les moyens pour obtenir le ³feu vert² de la Turquie, allant jusqu'à lui promettre une aide de 26 milliards de dollars ! C¹est aussi une façon pour Ankara de préparer son entrée dans l¹Union européenne, puisqu¹elle apparaît désormais comme solidaire des autres dirigeants européens.
Philippe Randa
Directeur du site www.Dualpha.com
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