Comme tout un chacun, j’ai été surpris par le résultat des élections législatives palestiniennes.
Mais, contrairement à beaucoup, j’ai été, pour ma part, agréablement surpris.
Bien sûr, mes vœux de réussite avaient été pour les candidats laïcs du FPLP, tout en sachant bien qu’on ne pouvait guère espérer d’eux que des résultats « de témoignage ».
La victoire du Hamas m’a cependant fait jubiler, comme j’avais jubilé un certain 21 avril au soir.
Comment ne pas se réjouir en effet quand on voit tous les visages des tenants du système se décomposer à l’annonce des résultats et quand on assiste en direct à leur déconfiture.
Cela étant écrit, il n’est guère certain que le résultat de ces élections change grand chose à court terme à la situation du Proche Orient.
Dans le quotidien Le Temps, Jean-Michel Vernochet a fait l’analyse que le succès du Hamas constituait « une véritable aubaine [pour Washington]. Comme annoncé de toute part, le refus de négocier avec l’« organisation terroriste » constituera un argument absolu et un prétexte idéal pour ajourner ou retarder les discussions sur la mise en œuvre de la Feuille de route. (…) In fine, si de guerre lasse le Hamas finissait par renoncer à la lutte armée, nul ne peut dire s’il deviendrait pour autant un interlocuteur valable. La carotte de son éventuelle admission à la table des négociations est déjà présentée dans les déclarations semi-officielle à Washington et à Jérusalem, lesquelles ne contredisent qu’apparemment les discours intransigeants (à l’encontre du Hamas) qui prédominent aujourd’hui. Un Hamas aux dents limées et désarmé est au bout du compte ce que visent les alliés. Vu sous cet angle et dans tous les cas de figure, le séisme des élections palestiniennes est donc plus ou moins condamné, sur le court terme, à faire long feu. Le Hamas électoralement vainqueur n’est non seulement pas un échec pour Washington mais une véritable aubaine, en partie programmée, qui laisse maintenant les mains libres au couple israélo-américain pour avancer ses pions dans la normalisation de l’espace proche-oriental. » Quant à l’éditorialiste d’el-Watan, Amari Chawki il a, dès les résultats, connus remarqué : « Une fois cette victoire acquise, comme un mauvais but de Zidane contre le reste du monde, que va-t-il se passer ? Rien. Israël restera à Sion et la Jérusalem arabe probablement un vœu aussi pieux que la récupération de l’Andalousie. »
Mais tout cela nous aura cependant donné une nouvelle leçon de choses sur la réalité de la démocratie. Qu’elle aille dans le sens des puissants et de la « nouvelle classe » et elle est alors quelque chose de merveilleux et d’irremplaçable. Qu’elle aboutisse à des votes en faveur du Hamas, de Chavez ou de Le Pen et elle est mise soudain entre parenthèse.
Les Palestiniens ont voté. Ils ont mal voté. Ils vont être, dans l’immédiat, puni par diverses mesures de rétorsion.
C’est surtout cela que je retiendrai et c’est pour cela que je suis convaincu qu’il nous faut toujours lutter pour plus de démocratie, tant en France que partout dans le monde.