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La grande braderie du patrimoine public des Français
Christian Bouchet |
Éditorial
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J’avais, cette semaine, l’intention de me livrer à une de mes manies habituelles: l’autocongratulation.
En effet, je voulais relever qu’une fois de plus les faits me donnaient raison.
Dans le numéro de septembre 2004 de Résistance, il y a donc un peu plus d’un an, j’avais annoncé que le ralliement de Bompard au vicomte vendéen était inéluctable. Certains avaient alors contesté avec ironie mon analyse : Bompard était un type si bien… Douze mois après, ce qui était prévisible se réalise : il passe à la réaction avec armes mais sans bagages (puisqu’il laisse à la porte du villierisme sa harka de mongoliens…).
J’en étais là de mes réflexions et j’envisageais une chronique aussi saignante que cinglante quand j’ai reçu, en service de presse, un livre qui m’a passionné et dont la présentation m’a semblé bien plus importante que l’analyse du reniement d’un troisième couteau du mouvement national.
Œuvre de Jean Roux, un fiscaliste connu, et intitulé « La grande braderie du patrimoine public des Français », cet ouvrage a été publié par les Editions FX de Guibert, habituellement plutôt classées « à droite ».
Ce livre n’apporte aucune révélation, mais il est le premier à mettre en perspective et à décrire la gigantesque « Opération Publique d’Achat » sur le patrimoine public des Français, et ce au profit des grandes société multinationales et des fonds de pensions américains.
La dépossession porte sur 500 milliards d’euros d’actifs : grandes sociétés nationales, transport aériens et ferroviaires, aéroports et réseaux autoroutiers, bâtiments publics, foncier domanial, patrimoine historique et artistique, musées nationaux, stocks d’or de la Banque de France…
La privatisation sournoise du système public de protection sociale et de retraites, l’abandon à la spéculation anarchique du domaine public et du littoral, la privatisation rampante de l’eau, de l’image, de l’espace… sont également étudiées, ainsi que les techniques financières de dépossession et les montages sophistiqués sur fond de laxisme et de démission.
Après avoir décrit l’évolution des paramètres clés, qui, en dix ans (1989-1999), ont conduit l’Argentine à la cessation de paiement, l’auteur étudie l’évolution de ces mêmes paramètres pour la France et annonce le risque d’une faillite en chaîne des budgets publics à l’horizon 2010 : Etat, caisse de protection sociale et de retraites, collectivités locales !
En vingt ans, sous le PS puis l’UMP, la dette de l’Etat français aura augmenté de 1000 milliards d’euros. Le cumul des braderies en cours et de l’augmentation de la dette de l’Etat représente le chiffre effarant de 1500 milliards d’euros dilapidés… de quoi offrir au peuple français un patrimoine équivalent à 10 millions de logements neufs, de 150.000 euros chacun !
La France n’est pas le seul pays européen concerné. Mais la richesse historique considérable de son patrimoine et ses atouts économiques, géographiques, culturels, donnent à ce gâchis sans précédent dans son histoire une dimension toute particulière et existentielle.
A la vitesse d’un milliard d’euros par semaine pour le budget de l’Etat, cumulé avec un milliard d’euros de déficit par mois pour les budgets sociaux, le peuple français, désinformé et inconscient, marche vers « la finale argentine », autrement dit vers l’abîme.
En conclusion, « La grande braderie du patrimoine public des Français » est un livre à lire et à faire lire. C’est un livre qui complète fort à propos les thèses les moins critiquables de la théorie de la convergence des catastrophes de Guillaume Faye et qui est de nature à apporter bien des matériaux pour une critique globale de notre société. En tous les cas, c’est un livre qui nous parle des choses importantes, de la véritable politique, loin des petites magouilles et des arrangements entre copains et coquins, entre Bompard et de Villiers.
Jean Roux, La grande braderie du patrimoine public des Français, Editions FX de Guibert, Paris, 2005. |
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