Je n’ai guère l’habitude d’écrire du bien de Présent, or cette semaine, c’est sous la plume de Jean Madiran que j’ai trouvé la plus intelligente réflexion concernant la venue de Dieudonné aux BBR : « Fallait-il refuser cette présence ? Ou exiger une préalable rétractation de ses antécédents discutables ? Un parti politique n’est pas une Eglise, il ne demande pas que l’on soit en état de grâce pour accéder à sa communion. Et d’ailleurs Dieudonné n’apportait pas une demande d’adhésion. La vocation originaire des BBR, c’était d’instituer une fête populaire en réplique à l’annuelle fête populaire de L’Humanité, à laquelle vient toute la gauche. Les BBR ont bien réussi à être une grande fête populaire, mais la droite, incapable d’en faire autant, a toujours refusé d’y venir. Que Dieudonné lui fasse honte ! »

Jean Madiran aurait pu écrire la même chose qaunt à la présence du sioniste ultra Anthony Attal (1), j’aurais été de même en accord avec lui.

Dans le même temps, j’ai été peiné et gêné ces dernières semaines par des libelles et déclarations - dont certains ont été le fait d’amis idéologiques - qui après avoir contesté diverses déclarations de JMLP, de Marine Le Pen ou de Bruno Gollnisch, ainsi que des projets de voyages qui ont avorté, s’insurgeaient pour les uns contre la présence au raout lepeniste du comique franco-camerounais ou du gros bras circoncis.

Il y a quelques années, dans une chronique intitulée « La paille et la poutre » et consacrée à Gianfranco Fini , j’avais déjà abordé ce problème et je ne peux que reprendre les arguments d'alors en les adaptant à la situation française actuelle.

Ces controverses sont effectivement signifiantes. Mais de quoi le sont-elles ? D’une vision politique ? Non pas. Elles sont signifiantes ... d’une intransigeance qui n’est justement pas politique.

Que reproche-t-on au juste aux dirigeants du FN ?

En clair, qu’ils veuillent, en polissant leur discours et en l’adaptant à diverses cibles , transformer le Front national en un parti de gouvernement.

Fort bien.

Je peux moi même être critique vis-à-vis d’eux sur divers points. Mais je n’ai jamais dirigé autre chose que des groupuscules de quelques centaines de membres et une circonscription du MNR. En toute humilité j’avoue que cela ne me qualifie guère pour juger l’action d’hommes ou de femmes qui sont à la tête d’un parti qui doit être le troisième ou le quatrième de France. Je peux dire le principe, à quelques milliers de personnes sur ce site, à quelques centaines dans les journaux où je m’exprime. Les Le Pen et Gollnisch, eux, se coltinent au réel et nous ne jouons incontestablement pas dans la même cour !

Alors, il y a quelque chose d’indécent et de malsain à vouloir, par exemple, que Gollnisch se suicide politiquement en se déclarant publiquement révisioniste ou a vouloir plomber les scores des Le Pen en leur faisant obligation de se déclarer contre l’avortement. Sans compter les embargos décrétés sur certains pays, l’ostracisme réclamé vis à vis de certaines catégories de Français, etc.

Tout cela relève de la mentalité groupusculaire, que dans une chronique publiée sur ce site, Philippe Randa a défini avec justesse comme «une terrible fatwa citoyenne » mais en aucun cas de la réflexion politique.

Si nous voulons influer sur le réel, il nous faut admettre que la caractéristique d’un « grand parti » est la pluralité des opinions qui s’y expriment.

Tel est le cas au PS, à l’UDF ou à l’UMP. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas au FN.

« Il y a plusieurs maisons dans la demeure du Seigneur », nous disent les Evangiles, il devrait en être de même dans la demeure nationale. Unis sur l’essentiel, divergents sur l’accessoire, tels devrions nous lutter. Or l’essentiel, ce n’est ni la situation au Proche-Orient, ni l’avortement, ni le mariage des homosexuel, ni aucun autre combat marginal, mais la survie de notre nation.