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Winston Smith et le chemin de Paradis
Christian Bouchet |
�ditorial
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D�but mai, j�ai visit� � Martigues la bastide du chemin de Paradis, demeure familiale de Charles Maurras.
Par un �trange hasard, j�ai partag� mon guide avec l��crivain Renaud Camus qui y cherchait la mati�re pour une entr�e dans le nouveau tome de ses � Demeures de l�esprit �, cette s�rie de livre qu�il consacre aux maisons d��crivains. J��tais l�, quant � moi, car je travaillais � un dossier sur ce qu�il subsiste du maurrassisme (1).
En 2006, lors d�un pr�c�dent passage, j�avais d�j� �t� frapp� par l��tat de d�labrement de la demeure, depuis la situation s�est encore agrav�e�
Pour r�sumer la situation, disons que Charles Maurras tenait �norm�ment � cette ancienne maison familiale, qu�il y avait accumul� une tr�s importante biblioth�que et qu�il avait souhait� en faire un t�moignage du classisisme latin pour les g�n�rations futures. Ainsi, alors qu�il �tait emprisonn� � Clairvaux, il continua � y faire faire des travaux et c�est de sa cellule qu�il con�ut l�agencement actuel du jardin.
� son d�c�s, le bien revint � Jacques Maurras, son neveux, qui, en 1997, s�en d�barrassa en en remettant les clefs au maire communiste de Martigues. L�affaire fit un certain bruit � l��poque, et des esprits clairvoyants s�inqui�t�rent. On les rassura� Or ils avaient raison�
Quatorze ans apr�s, Winston Smith a fait son travail et Charles Maurras a presque totalement �t� effac� de l�histoire de la ville qui l�a vu na�tre.
Si je devais d�crire la situation en peu de mots, je dirais que seul le jardin a �t� entretenu� Et encore ! Charles Maurras l�avait fait d�corer d�amphores antiques. Or elles ont disparu, toutes ayant �t� soit vol�es soit bris�es.
Quant � la bastide, ses murs sont fendus et ses boiseries sont sans peinture. Pire, on ne la visite plus, ou presque.
En effet, alors qu�une maison d��crivain banale attire plusieurs milliers de curieux chaque ann�es, pour visiter la maison de Charles Maurras, il faut prendre rendez-vous au pr�alable aupr�s de la mairie pour une visite qui n�a lieue que le mardi matin et qui est r�serv�e � cinq personnes � chaque fois�
Il est vrai qu�il faut mieux nous dissuader de p�n�trer dans les lieux car ce qu�on y voit est terrible : objets personnels laiss�s � l�abandon, biblioth�que dont les livres tra�nent en lambeaux, etc. Le tout donnant l��trange impression d�un squat abandonn�.
Et il faut supporter, de surcro�t, l�impatience et la mauvaise humeur d�un guide dont on comprend sans mal qu�il a r�v� un jour �tre un commissaire politique�
Alors qu�une biblioth�que comme celle que contient cette maison permet de comprendre tant la structuration d�une pens�e que les curiosit�s de son possesseurs (2) ou ses relations avec d�autres intellectuelles (3), et a donc une grande importance au regard de l�histoire des id�es, tout est fait pour qu�il n�en reste rien.
Encore quelques ann�es de ce r�gime et la bastide du chemin de Paradis ne sera plus qu�un lieu vide, que l�on pourra alors r�nover et faire largement visiter aux touristes car il s�agit d�un exemple typique d�architecture proven�ale du XVII�me si�cle. On oubliera tout simplement de leur dire qu�y naquit et y v�cut Charles Maurras qui fut un grand nationaliste fran�ais, un grand �crivain latin et un de nos plus brillants acad�miciens.
Il y aurait l� un combat � mener pour la pr�servation de notre identit�, de notre h�ritage et de notre patrimoine, mais qui s�y risquera ? Qui saura affronter le politiquement correct et les oukazes de la bien pensance ?
1 � Il sera publi� dans le bimensuel Flash dans le courant de l��t�.
2 � J�ai ainsi d�couvert que Charles Maurras poss�dait une �dition de 1911 du Zohar�
3 � Durant ma visite, j�ai pu ramasser sur le sol, parmi des papiers souill�s, plusieurs d�dicaces d�auteurs montrant des connivences et des amiti�s oubli�es�
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Niveau 2 :: La Lettre � Les N�tres �
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Niveau 3 :: R�sistance Hors Serie
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