Quand le D�partement d��tat rebat ses cartes dans le Nord de l�Afrique
Il est difficile d�avoir une vision pr�cise de ce qui s�est pass� hier en Tunisie et de ce qui se passe aujourd�hui en �gypte tant les � �crans font �cran �� Que conna�t-on en effet de la r�alit� de la situation ? Rien sinon ce que nous en livrent les TV, les quotidiens et les agences de presse du Grand Occident, c�est � dire un unanimisme pro-r�volutionnaire et l�affirmation, r�p�t�e en boucle, que ce que veulent les masses de Tunis ou du Caire c�est uniquement un plus grand respect des droits de l�homme et plus de d�mocratie � l�occidentale.
Or, il semble bien que des �meutes de la faim, motiv�es par des prix alimentaires ignominieusement hauts du fait de la sp�culation boursi�re, aient �t� l�occasion pour les strat�ges de Washington - qui les pr�paraient depuis plusieurs ann�es - de d�clencher en Tunisie, puis en �gypte, des r�volution de la fin � des �quipes dirigeantes en place.
En juin 2009, dans son discours du Caire, Barack Obama avait appel� � un � nouveau d�part fond� sur l'int�r�t commun et le respect mutuel � entre les �tats-Unis et le monde musulman avec comme objectif de renforcer son contr�le sur celui-ci afin d�emp�cher qu�il ne puisse pencher, � un moment ou � un autre, du c�t� de P�kin ou de Moscou. Jusqu�� aujourd�hui, on avait vu la mise en place progressive de ce projet principalement dans la modification des rapports que Washington entretient avec Tel-Aviv
Les �v�nements de Tunisie et d��gypte peuvent appara�tre comme une seconde phase de ce plan : le changement de nomenklatura locales vieillies et peu s�res. Dans les deux cas des �quipes de remplacement �taient en attente et il n�y avait qu�� les d�signer aux m�dias pour que ceux-ci nous les pr�sentent comme le choix des masses populaires� L�int�gration dans la sph�re gouvernementale, d�une mani�re ou d�une autre, comme participants ou comme opposition respectueuse, des islamistes locaux dont les dirigeants, totalement erdoganis�s, rentrent d�un exil qu�ils ont pass� � Londres et non pas � T�h�ran, confirme ce que nous savions depuis longtemps : l�islamisme sunnite est parfaitement compatible avec la vue du monde g�opolitique des strat�ges yankees.
Ainsi, la � r�volution du jasmin � et celle de la place Tahrir peuvent elles, au final, �tre vues comme rien d�autre que des versions nord-africaines des � r�volutions color�es � � l��uvre, pr�c�demment, dans nombre de pays de l�ex-bloc de l�Est.
La Chine et la Russie ne s�y trompent d�ailleurs pas. Le quotidien chinois de langue anglaise The Global Times, rendant compte des �v�nements du Caire, a insist� sur le fait que � les r�volutions de couleur n�accouchent jamais de r�elles d�mocraties � et le pr�sident russe Dimitri Medvedev n�a pas cach� qu�il a eu un long entretien t�l�phonique avec Hosni Moubarak dans lequel il l�a assur� qu�il s��levait contre les ing�rences �trang�res auxquelles il �tait en butte. Position r�percut�e � l�ONU par l�ambassadeur de la F�d�ration de Russie qui s�est publiquement inqui�t� des d�clarations de Ban Ki-Moon, favorables � un changement rapide de r�gime en �gypte.
Quant � la France et � l�Europe, qui n�ont eu de cesse de r�clamer plus de d�mocratie � Tunis et une transition plus rapide au Caire, elles apparaissent comme les v�ritables dindons de la farce, sans influence politique aucune sur ce qui se d�roule � leur porte et incapables de concevoir dans l�urgence une politique coh�rente de remplacement.