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Qui se soucie du Wisconsin ?
Christian Bouchet |
�ditorial
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Les m�dias qui ne nous cachent rien, actuellement, des troubles qui agitent le Maghreb sont �trangement bien silencieux en ce qui concerne la situation dans le Wisconsin, o� des milliers d�Am�ricains ont entrepris, devant le parlement de cet �tat, d�imiter les pratiques tunisiennes et �gyptiennes pour faire chuter le gouverneur r�publicain Scott Walker.
Samedi 20 f�vrier, cela faisait six jours pleins qu�une foule, estim�e � 70.000 personnes au moment de la plus grande affluence, assi�geait le capitole de Madison et rien ne laisse supposer que l�affaire doive se r�gler � tr�s court terme.
Quel est la raison de cette col�re populaire ? Une loi en discussion au Parlement, qui a toutes les chances d��tre adopt�es et qui r�duirait de mani�re drastique les salaires et les droits des fonctionnaires de l��tat.
Avant d�aller plus loin, il convient de rappeler que les USA sont un �tat f�d�ral. � ce titre, si les salari�s du priv� sont prot�g�s par des lois f�d�rales, et ont donc de ce fait les m�mes droits sur tout le territoire national, les fonctionnaires (� l�exception de ceux des agences f�d�rales) d�pendent du bon vouloir des �tats, voire, pour certains, des comt�s ou des villes, qui les emploient.
Aux midterms de novembre dernier ce sont les repr�sentants du Parti r�publicain, option Tea Party (1), qui ont obtenu la majorit� dans le Wisconsin.
En janvier, ces nouveaux �lus ont vot� une premi�re loi afin de supprimer la quasi-totalit� des imp�ts touchant les grandes entreprises, en particulier les multinationales, install�es dans l��tat. Il en a r�sult� un manque a gagner pour les finances publiques de 170 millions de dollars et, alors que le budget annuel du Wisconsin �tait depuis de nombreuses ann�es en �quilibre (celui de 2010 avait m�me �t� clos avec un l�ger exc�dent), des pr�visions budg�taire en net d�ficit.
Un �tre normalement intelligent aurait vu le coup venir et n�aurait pas r�duit de mani�re si importante les imp�ts sur les soci�t�s. � d�faut, il aurait admis une erreur de calcul et serait revenu pour partie sur ses coupes fiscales. Le gouverneur Scott Walker a choisi, quant � lui, une toute autre voie : pour que le budget soit �quilibr�, il a d�cid� qu�il suffisait de faire baisser les d�penses de l��tat en r�duisant le co�t de ses fonctionnaires. Cela non pas en baissant les salaires mais, ce qui en d�finitive revient au m�me, en transf�rant � leur charge la majeure partie de la retraite et de la s�curit� sociale que payait jusqu�alors l�administration.
Les salaires de la fonction publique �tant d�j� peu �lev� dans le Wisconsin, nombre de fonctionnaires (dont des enseignants du sup�rieur�) ont t�moign� que la cons�quence de cette r�forme serait de ne plus leur permettre de vivre de leur salaire et qu�ils devraient donc exercer une autre profession en parall�le pour s�en sortir� Comme c�est le cas dans nombre de pays du tiers-monde.
De plus, tous les fonctionnaires ont �t� particuli�rement sensibles qu�au niveau symbolique, Scott Walker, comme un vulgaire Ben Ali ou Moubarak, ait de plus annonc� qu�il avait plac� la Garde nationale sur un pied d�alerte pour faire face � la r�sistance populaire. Or, la derni�re fois que la Garde nationale avait �t� d�ploy�e au Wisconsin dans le cadre d�un conflit social date du � 1er mai 1886, lors du mouvement pour la journ�e de huit heures. Elle avait alors ouvert le feu sur des m�tallurgistes en gr�ve faisant sept morts !
Il n�est pas r�ellement besoin de se demander pourquoi les grands m�dias ne nous parlent pas du Wisconsin alors qu�ils nous bassinent actuellement avec l�Alg�rie� L�-bas des Am�ricains de souche rejettent le lib�ralisme et nous montrent ses m�faits, alors qu�� Alger des agents d�influence de l�Empire tentent d�instaurer un r�gime plus lib�ral et plus ouvert au Grand Occident(2). Il est bien pour big brother que nous ignorions la r�sistance des uns et que nous soyons inform� positivement de l�action des autres�
Pourtant, il y a plus de risque que notre avenir, si nous ne r�agissons pas � temps, ressemble plus � celui des fonctionnaires de Madison, qu�� celui des trabendistes d�Alger.
1 � Rappelons, � ceux qui l�auraient oubli�, qu�� cette date l�excellent Bruno Gollnisch s�est f�licit� des r�sultats de ce mouvement n�o-con et n�a pas cach� les affinit�s qu�il avait avec ses th�ses�
2 - Sa�d Sadi qui anime le Rassemblement pour la culture et la d�mocratie - qui est avec ses courroies de transmission (essentiellement La Coordination nationale pour la d�mocratie et le changement et la Ligue de d�fense des droits de l�Homme) � le deus ex machina des manifestations d�Alger est par exemple, comme par hasard, un ami proche de Bernard Henri L�vy�
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