L’affaire Lies Hebbadj, du nom de cet Algérien naturalisé français qui, selon Brice Hortefeux, « vivrait en situation de polygamie avec quatre femmes dont il aurait eu douze enfants. [Et dont] chacune de ses femmes bénéficierait de l’allocation de parent isolé », était vraisemblablement, aux yeux de ses initiateurs, sensée nous montrer que le gouvernement Sarkozy avait pris en compte le résultat des récentes élections régionales.
De cafouillage en cafouillage, elle nous prouve surtout l’incapacité de ce gouvernement à prendre une décision ferme et l’amateurisme des ministres qui le composent
On sait que nos parlementaires commenceront bientôt à discuter d’une loi visant à interdire le voile intégral sur la voie publique, Nicolas Sarkozy voulant qu’elle soit adoptée, en procédure d’urgence, avant l’été. Comme l’écrivent les journaleux, le but ultime de cette manœuvre est de « reconquérir le plus vite possible la partie de son électorat qui s’est reportée sur les candidats du Front national lors des élections régionales. »
Voulant sans doute mettre les parlementaires sous pression, Brice Hortefeux, notre si brillant ministre de l’Intérieur, a donc fait éclater une polémique ce week-end. Profitant qu’une « Française musulmane » qui avait reçu une amende de 22 euros pour avoir conduit sa voiture avec un niqab, contestait par presse interposée cette « contravention islamophobe ». Il a révélé que l’époux de la dite dame, Algérien naturalisé, était polygame et fraudeur aux allocations familiales, et qu’il convenait donc de le déchoir de la nationalité française et de le renvoyer chez lui
Au regard de la stratégie politique d’enfumage de l’électorat, poursuivie depuis quelques temps par Sarkozy et les siens, l’idée était, en soi, excellente. Las, le coup monté à la hâte s’est rapidement révélé foireux.
Très vite, on nous a annoncé qu’une «éventuelle déchéance» de la nationalité ne pourrait intervenir que lorsque la justice se sera prononcée sur les faits répréhensibles. Dans un second temps, nous avons appris que ceux-ci ne pourraient, en définitive, vraisemblablement même pas être poursuivis car si Lies Hebbadj est polygame aux yeux de son Dieu, il ne l’est pas au regard du droit français ; quant à la suspicion de fraude aux allocations, aucun organisme social n’avait porté plainte et là aussi les preuves semblaient difficiles à apporter.
L’affaire n’est pas close, mais pour nous elle est dès maintenant terminée. On sait déjà qu'elle ne débouchera sur rien et que tout continuera comme avant jusqu’à la prochaine opération d’enfumage.
A défaut d’agir, notre gouvernement clame haut et fort qu’il va agir et ne fait rien.
Ce week-end, le Petit journal de Canal+ a eu la cruauté de faire un montage de diverses déclarations de Nicolas Sarkozy. On y constatait que les mesures présentées comme inovatrices qu’il affirmait récemment vouloir prendre, avaient déjà été annoncée à au moins trois reprises ces dernières années sans jamais avoir vu, ensuite, un simple commencement d’exécution.
Incapable de résoudre une simple affaire de voile et d’escroquerie, incapable de venir à bout de l’insécurité, incapable de faire reculer le chômage, le gouvernement Sarkozy est, a fortiori, incapable de résoudre des problèmes encore plus importants et plus difficiles. Il communique mais n’agit pas…
Or, le roi est nu et de plus en plus nombreux sont ceux qui s’en rendent compte. Même si elle n’est pas certaine, la défaite de Sarkozy se profile donc à l’horizon 2012, et son rejet actuel est tel qu’un sondage du 22 mars dernier indique qu’une forte majorité de Français (58 %) ne souhaite pas qu’il soit candidat à la prochaine élection présidentielle.
Il convient donc d’agir, dès maintenant, pour imposer l’alternative et faire échec à l’alternance qu’on nous prépare déjà. A défaut, durant cinq années supplémentaires ce que nous connaissons maintenant perdurera quelque soit le président de la République élu.