On doit à Friedrich Nietzsche cet aphorisme : « Il n’y a de grande politique, que la politique étrangère ».
Une remarque qui se vérifie au quotidien tant les appréciations faites au fil des événements et relevant de celle-ci sont révélateurs de choix plus profonds, souvent moins perceptibles en politique intérieure. Cela sans doute car dans le premier cas on parle sans le filtre de la politique politicienne, alors que dans le second ses effets font que tout un chacun modère ses propos en fonction du but qu’il souhaite atteindre.
J’écris ceci parce qu’une personnalité de premier plan du mouvement national a jugé bon de se féliciter de l’émergence électorale du phénomène des « Tea-Party » et du renouveau de la « droite républicaine » aux USA.
Ceux de mes lecteurs qui me feront remarquer que cet homme jouait alors son rôle dans le cadre de sa fonction ont parfaitement raison. Sauf que rien ne l’obligeait à s’exprimer sur le résultat des Mid-terms ni à se féliciter de leurs résultats. Tout en restant dans une modération de bon aloi d’autres positions étaient envisageables du silence à la réserve, en passant par la neutralité.
Que ce soit une forme d’empathie politique qui ait été manifestée est donc parfaitement signifiant.
Cela écrit, il convient de s’interroger sur le sens de cette empathie. En clair est-ce la marque d’une ignorance politique ou de la manifestation d’une affinité ?
L’ignorance politique joue, je le crois, pour beaucoup. Nul n’est obligé de connaître ce que les analystes des revues politiques des USA expliquent et démontrent depuis plus d’un an (voir par exemple l’intéressant article de Ron Brownstein dans le National Journal du 7 novembre 2009), à savoir la concordance d’intérêt entre l’électorat populaire de la droite républicaine et les grandes sociétés yankees qui réclament de commun moins d’État et, de ce fait, moins d’impôts, ainsi que moins de contraintes – sociales, écologiques et environnementales.
Ce qui fait que ce si sympathique phénomène des « Tea-Party » bénéficie d’un soutien conséquent de la part des grands industriels (leus financiers les plus connus sont les sociétés Verizon, AT&T, Philip Morris, ainsi que les frères David et Charles Koch libertariens de toujours, magnats du pétrole, et classés juste derrière Bill Gates et Warren Buffett dans la liste des grandes fortunes américaines), du Club for Growth (le Club pour la croissance, il s’agit du lobby patronal le plus favorable au libéralisme sauvage) et de la chaîne télévisée Fox News de Rupert Murdoch.
Nul non plus n’est obligé de savoir qu’afin d’éviter toute dérive, ce si sympathiques phénomène des « Tea-Party » a été initié par le Parti républicain lui-même, et depuis est soigneusement encadré et canalisé par une structure qui a été créée pour ce faire la Freedom Works Foundation, un mouvement ombrelle présidé par Dick Armey l’ancien leader des républicains à la Chambre des représentants.
Ignorant tout ce qui précède nul n’est obligé de comprendre que ce si sympathique phénomène des « Tea-Party » n’est rien d’autre qu’un théatre d’ombres au service des néo-cons et des multinationales américaines et qu’en conséquence ses succès, au lieu de nous satisfaire devraient nous inquiéter.
Ils devraient en effet inquiéter à moins que la droite républicaine yankee et les néo-cons soient pour certain un modèle inavoué…
Il y aurait donc bien dans ce cas une logique idéologique à cette empathie. Il est vrai que moins d’État, moins d’impôt, moins de contraintes, la libéralisation de tout ce qui peut l’être, est un programme qui est fort apprécié de certains courants de l’extrême droite la plus ringarde et la plus libérale, de celle qu’un journaliste de Marianne 2 décrivait, le 21 octobre dernier, comme « la frange historique de l’extrême-droite française, plutôt bourgeoise, qui, si elle rejette le libéralisme politique issu de la Révolution, épouse le libéralisme économique par intérêt de classe. »
Une extrême droite qui, tout se tenant, fait tout son possible actuellement pour empêcher la réalisation d’un rêve que nous sommes nombreux à vouloir concrétiser : faire du Front national, selon les termes même d’Alain de Benoist, « une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus. », faire qu’il devienne en clair le véritable « parti du peuple de France ».
Photo : une affiche de ces si sympathiques "Républicains" qui aide à se souvenir que Luther King était membre du Parti républicain et que celui-ci est communautariste en diable... |