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Le devoir de mémoire
Christian Bouchet |
Éditorial
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Jean-François Touzé est un garçon taquin. Je suis un homme de mémoire. Nous sommes donc faits pour nous entendre…
Je précise cela car, le lundi 4 octobre dernier, sur son site (www.mediadroite.fr), Jean-François Touzé a publié un texte des plus intéressants intitulé « FN : la dédiabolisation passe aussi par le coup de torchon ».
Sous la forme de conseils donnés à Marine Le Pen pour qu’elle accéde à une situation « d’alliançabilité avec la droite » et qu’elle participe à une « grande alliance à vocation majoritaire et gouvernementale », l’ami Touzé assassine la future présidente du Front national en lui reprochant de récuser toute proximité avec la Droite Populaire, d’avoir un « discours stérile "anti-système", ouvriériste, "ni droite ni gauche" », d’être antilibérale et anti-atlantiste, et, last but not least, de compter parmi ses soutiens des ordures telles que moi !
Une ordure politique, je le suis aux yeux de Jean-François Touzé pour plusieurs raisons : je me « vautre dans le nationalisme révolutionnaire le plus radical, l’islamophilie (1), l’antioccidentalisme, l’antisionisme et le tiersmondisme »… Bigre !
Comme ce texte a été largement diffusé par des blogs tant sionistes (dont celui de la fameuse Ligue de défense juive) que gollnischiens, et comme l’hebdomadaire Rivarol a jugé bon de le reprendre sans commentaires, je me sens obligé, non pas de démentir mais de rappeler à mon ami Jean-François quelques souvenirs communs d’avant sa techouva.
Eh oui ! Jean-François Touzé n’a pas toujours été le sionard américanophile qu’il est maintenant et, dans les années 1990, il s’est trouvé une époque où question de nationalisme révolutionnaire, d’islamophilie, d’antioccidentalisme, d’antisionisme et de tiersmondisme, j’étais en comparaison de lui un grand modéré.
Pour le constater, il suffit de relire une collection d’Espace nouveau, une feuille militante d’excellente qualité qui connut 19 numéros d’octobre 1989 à mai 1992 et dont le directeur de la publication était… Jean-François Touzé.
Il s’agit d’une journal d’orientation nationaliste révolutionnaire très prononcée qui compte parmi ses collaborateurs des NR alors connus comme Robert Steuckers ou Yves Bataille.
Il s’agit d’un journal d’orientation antioccidentaliste et tiersmondiste qui fustige dans chacun de ses numéros les USA et leurs alliés, et prend clairement parti pour le Baath de Saddam Hussein.
Il s’agit d’un journal qui n’est pas le moins du monde islamophobe et qui n’hésite pas à prendre, dans son n°2, la défense des beurettes souhaitant porter le voile !
Etc.
On me dira que Jean-François Touzé a rapidement changé d’idées et que bientôt abandonnant « ses erreurs de jeunesse » il a choisi le côté lumineux de la force. C’est ce que l’ami Touzé voudrait nous faire croire, mais c’est ce que ne confirment nullement ses publications et ses relations ultérieures.
Après Espace nouveau, il y aura l’Alliance populaire, toujours dirigée par Jean-François Touzé. Un mouvement qui donnera à son organe de presse hebdomadaire le nom d’un groupuscule néo-fasciste chilien (Patrie et liberté), qui en confiera la rédaction en chef à un ancien bras droit de François Duprat, et qui publiera sans frémir les NR Jacques Bordes, Yves Bataille, Cédric Martin, etc., tout en faisant moult publicité pour le très antioccidentaliste et tiersmondiste bulletin World Report.
Je pourrais continuer ainsi longtemps. Faire des citations, être plus précis, rappeler à Jean-François Touzé qu’il a partagé une fois une tribune avec un national-communiste belge qui n’était pas connu que pour son engagement politique et une autre fois avec un espagnol ayant la double étiquette de militant national-socialiste et d’éditeur révisionniste…
Jean-François Touzé, qui n’est pas un imbécile, devrait songer à une chose : quand on veut vivre ses reniements en toute tranquilité, il faut éviter de taquiner ceux qui se souviennent du passé.
Il y a maintenant quarante ans que je milite dans les rangs du mouvement national. Je suis un homme d’ordre et de mémoire, en conséquence de quoi mes archives sont bien rangées… Le cas échéant je serais donc enchanté de faire partager leur contenu d’une manière bien plus précise et détaillée que maintenant, cela d’autant plus que je possède aussi une large collection de photos très instructives !
Que Jean-François Touzé et mes amis d’hier devenus aujourd’hui nationaux-sionistes le comprennent (s’ils le peuvent…) il n’est jamais prudent de réveiller un chien qui dort, ni d’ouvrir la boîte de Pandore…
A bon entendeur, salut !
1 – Je ne suis pas, bien entendu, plus islamophile que je ne suis islamophobe… Je tente juste de prendre en compte, avec intelligence, tous les aspects d’un problème qui est à la fois religieux, civilisationnel, géopolitique et économique, et de proposer au mouvement national des pistes de réflexions pour des solutions politiques viables.
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