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Mercredi, 3 Septembre 2003
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Des « diffamations sanglantes » à vous glacer le sang
Israël Shamir
Impérialisme :: Antisionisme
[Une histoire pour l’été]

La canicule met à rude épreuve ceux qui ne bénéficient pas d’air conditionné. Lorsque le thermomètre s’affole, atteignant des quarante degrés et plus (ou des valeurs a trois chiffres, pour les adeptes de la graduation Fahrenheit), l’humanité marque le pas et elle s’enquiert de trouver son salut en se réfugiant dans des lieux ombragés et – si possible – frais. Des parents quittent les villes, emmenant leurs enfants à la plage. Des couples bon chic bon genre s’acheminent vers les montagnes. Mais la recette la plus sophistiquée pour se défendre contre l’inconfort causé par la sueur qui vous fait coller les vêtements à la peau, ce sont les Japonais, toujours très inventifs, qui l’ont découverte. Par les nuits d’été les plus caniculaires, ils forment des petits groupes, et ils se racontent des histoires d’horreur à faire dresser les cheveux sur la tête, ce qui leur envoie d’agréables frissons le long de la colonne vertébrale et leur donne la chair de poule, bien qu’ils aient souvent une peau d’ivoire. En juillet, tous les cinémas de Tokyo passent les grands classiques de l’horreur, depuis Kwaidan et sa flopée de fantômes jusqu’à Godzilla exerçant sa terrible vengeance sur New-York. Après des films pareils, les Japonais sont (un peu) plus armés pour affronter bravement la chaleur suffocante…

Cet été, l’exemple japonais a fait un émule en la personne de David Aaronovitch, dans l’hebdomadaire britannique Observer. Afin de glacer (charitablement) le sang de ses lecteurs anglais, il a eu recours à la «Diffamation Sanglante», cette histoire récurrente de juifs enlevant des enfants chrétiens, les tuant et « utilisant leur sang pour des rituels ésotériques ». « L’Angleterre, aux douzième et treizième siècles, a connu une flambée de ces fantasmagories, et de nombreux juifs ont perdu la vie a cause d’elles », a-t-il notamment écrit, feignant ensuite de s’interroger : « Alors, dites-moi ce qu’une diffamation sanglante peut bien fabriquer dans un éditorial du vénérable quotidien égyptien a grand tirage Al-Ahram, ou encore dans un livre écrit par le ministre syrien de la Défense, ainsi que dans des sermons radiodiffusés depuis certaines mosquées de Palestine ? » Après quoi, Aaronovitch nous explique que « la diffamation sanglante en question est celle de l’affaire des disparitions de Damas, en 1840, dans laquelle plusieurs juifs (dont un certain David Harari) ont « avoué » aux autorités ottomanes – bien entendu, sous la torture – avoir kidnappé un prêtre et en avoir utilise le sang pour leur rituel. »

Le prêtre assassiné à Damas était loin d’être un enfant, mais il en faudrait plus pour arrêter Aaronovitch. Il ne sait absolument rien de cette affaire, mais cela n’a pas l’air de l’arrêter non plus. C’est simple : IL SAIT – Un juif ne peut qu’être innocent. Aaronovitch n’est pas seul dans son cas. Jackie Yakubowsky, en Suède, et une pléthore de ses clones, de New York à Moscou, rappellent à leurs lecteurs les infamies de Damas. Si vous effectuez une recherche sur Internet, vous trouverez cette expression de « diffamation sanglante », utilisée d’abondance dès lors qu’un écrivain juif est irrité par une accusation portée contre un juif. Qu’il s’agisse d’un Marc Rich soustrayant au fisc des milliards d’impôts, d’un George Soros mettant la Malaisie sur la paille, d’un Ariel Sharon accuse de massacre de masse devant un tribunal belge ou encore de Muhammad al-Durra, tiré comme un lapin sous les yeux de millions de téléspectateurs, nous avons affaire, à chaque fois, à un cas de «Diffamation Sanglante ». Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire qu’il y ait des enfants et du sang. Dès que les juifs n’aiment pas un truc, c’est de l’«antisémitisme ». Cela, on le sait. Mais si une accusation vraiment gênante est formulée, la meilleure défense consiste à lever vos yeux vers le ciel et à vous exclamer : « Mais, c’est de la Diffamation Sanglante ! » Exercice : Devant la glace, essayez d’imiter la mimique de Shimon Peres après la condamnation mondiale du massacre de Jenine.

«Diffamation Sanglante ! », voila le cri de guerre juif, a l’instar du «Montjoie Saint-Denis ! » des Croises français et du « St George for merry England ! » des chevaliers anglais. Dès qu’il est proféré, les juifs sont mobilisés, prêts a l’action, tandis que les Gentils, horrifiés par l’accusation, restent médusés.

Le tribut des enfants palestiniens tués par Tsahal ayant atteint plusieurs centaines et ayant commence à attirer l’attention des organisations internationales, l’épouvantail de la Diffamation Sanglante, ultime défense des assassins, fut promptement ressorti du hangar. Cela a aidé, même si le chef du Shabak, les services secrets israéliens, n’a pu s’empêcher de se demander, au cours d’une interview télévisée diffusée a une heure de grande écoute, pourquoi autant d’enfants étaient assassinés sans raison par les soldats israéliens ?

Cette expression terrifiante peut aussi être utilisée contre des juifs désobéissants, notez bien. Après qu’Edward Herman, auteur de Manufacturing Consent [1] (La fabrique du consensus), ait écrit ceci : « Le puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis promeut les intérêts d’Israël en favorisant l’accroissement des aides et de la protection américaine a ce pays, ainsi, actuellement, qu’en faisant pression en faveur d’une guerre contre l’Irak, qui servira a son tour les intérêts israéliens. Ce lobby n’a pas seulement contribue a contrôler le débat médiatique et à transformer le Congres américain en territoire occupe par Israël, il a veillé a ce que de nombreux officiels a la loyauté duplice occupent des postes stratégiques dans l’administration Bush… », un réalisateur de cinéma américain, juif, David Rubinson m’a écrit, qualifiant ces propos d’Herman de « summum de la Diffamation Sanglante ». Mes allusions personnelles aux enfants palestiniens assassinés ont été qualifiées de « Diffamation Sanglante » par le Jérusalem Post, un quotidien d’extrême droite publie par Conrad Black.

L’utilisation fréquente et tendancieuse de cette catégorisation horrifiante (à côté d’ « antisémitisme » et de « protocoles des Sages de Sion ») a entraîné une certaine dépréciation de sa valeur faciale, mais elle n’en est pas moins encore fort importante. Vous ne pouvez jamais, au grand jamais, considérer qu’il puisse y avoir un fond de vérité dans la Diffamation Sanglante, cette accusation de meurtres rituels d’enfants. A moins que ? Une Diffamation Sanglante a été diffusée, récemment, par l’Observer, ce même hebdomadaire qui avait publié les propos d’Aaronovitch, et pourtant, rien ne s’est passé. Voici l’extrait : ‘Torso boy’ was sacrificed by Martin Bright and Paul Harris. A boy whose mutilated torso was discovered floating in the Thames in London was brought to Britain as a slave and sacrificed in an African ‘religious’ ritual intended to bring good luck to his killers. Genetic tests on the boy – found last September with his head and limbs removed and wearing orange shorts – point to West African origin. Further analysis of stomach contents and bone chemistry show the child, aged between four and seven, whom police have named Adam, could not have been brought up in London. Detectives are now working on the theory that he was bought as a slave in West Africa and smuggled to Britain solely to be killed. Experts of African religion consulted by police believe Adam may have been sacrificed to one of 400 "Orisha" or ancestor gods of the Yoruba people, Nigeria’s second largest ethnic group. Oshun, a Yoruba river goddess, is associated with orange, the colour of the shorts that were put on Adam’s body 24 hours after he was killed in a bizarre addition to the ritual. From analysis of his clothing police believe Adam may have arrived in London from Germany. His fate shocked the West African community in Britain. The vice-chairman of the African Caribbean Development association, Temi Olusanya, said: "This crime cannot be tolerated in African religions. Murder is murder". The Observer.

Alors, je vous ai fait peur, pas vrai ? Eh bien, non : pas tout suite, l’extrait… Maintenant, la, voilà. Vous avez repris votre souffle ? Vous êtes détendu ? Bon… Dans le passage en question, ce sont les Noirs, qui commettent des meurtres rituels, pas les juifs ! A-t-on entendu une quelconque protestation ? Dans le roman Farewell, My Lovely [Adieu, mon amour], de Raymond Chandler, un paparazzo entre sur le théâtre d’un crime, littéralement couvert de sang. Apprenant de la bouche d’un policier que la boucherie a été perpétrée par des habitants de Harlem, s’exclame : « Ah ca, ca saute aux yeux ! » avant de s’éloigner en voiture. Pour quelque raison obscure, on ne qualifie pas une accusation de meurtre rituel impute à des Noirs de « Diffamation Sanglante », de même qu’un génocide perpétré contre des Noirs ou des Arméniens ne saurait être qualifié d’ « Holocauste ».

« Si les Palestiniens étaient des Noirs, Israël serait un Etat paria, assujetti a des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis », a écrit The Observer dans un éditorial après l’éclatement de la deuxième Intifada. Oh que non ! Si les Palestiniens étaient des Noirs (quelques-uns d’entre eux, au demeurant, en sont), l’esclavage serait rétabli aux Etats-Unis et la maxime du grand sage juif Maimonide [2] « Les Noirs ne sont pas des êtres humains » serait inscrite en lettres d’or sur les dollars américains. Et il est de fait qu’en cent soixante ans d’existence le Liberia, cet « Israël » afro-américain, a reçu des Etats-Unis moins d’aide que le « Liberia » juif, Israël, en perçoit en un mois.

Pourquoi l’accusation de meurtre rituel portée contre des Noirs est-elle prise autant a la légère, tandis qu’une accusation formulée a l’encontre d’un juif crée des vagues dans les consciences ? Pouvons-nous considérer une accusation formulée contre des juifs de la même manière sereine, détachée et pragmatique dont The Observer et Scotland Yard ont considéré une accusation de même nature portée contre des Noirs ? Si ce n’est pas le cas, alors : notre antiracisme autoproclamé ne vaut pas un clou !

La Diffamation Sanglante, les juifs n’ont rien contre, a l’occasion. Les parents palestiniens sont constamment accusés par des scribouillards juifs de sacrifier rituellement leurs propres enfants en les exposant à la furie « (o combien) justifiable » des soldats israéliens. Dans un article intitule Child Sacrifice, Palestinian Style [Sacrifice d’enfant, a la mode palestinienne], un certain Reuven Koret remarque, dans Capitalism Magazine du 13 novembre 2002 : [3] : « Les Palestiniens sacrifient désormais leurs propres fils et filles pour des raisons politiques, comme en un rituel sacré. » Le Jérusalem Post a décrit [4] « des parents et des dirigeants palestiniens (qui) envoient, fiers d’eux, des enfants mourir dans des attaques contre Israël et ont recours, tout aussi bien, a des attentats ciblant des enfants israéliens », tandis que la particulièrement maligne Cynthia Ozick a ose écrire : « Mais l’invention sociétale palestinienne la plus ingénieusement barbare, laissant loin derrière toute autre innovation imaginative, consiste a recruter des enfants palestiniens qu’on envoie se faire exploser dans le but de détruire le plus grand nombre possible de juifs dans les endroits accessibles les plus bondes possible. » Pour quelque raison inconnue, pratiquement aucun lecteur juif [5] n’a écrit a ces publications afin de protester contre la « diffamation sanglante » qu’ils formulaient, ni contre « la mise en cause globale de l’ensemble d’une communauté, stigmatisée de manière ignoble afin de diffuser la haine et d’attiser l’animosité raciale jusqu’à la porter au degré du meurtre et du massacre », pour reprendre les termes de la protestation formulée par David Rubinson contre les articles de Herman, et les miens. Apparemment, on peut accuser une communauté entière, dès lors que cette communauté n’est pas juive. La diffamation sanglante ne pose aucun problème, dès lors que les juifs sont les accusateurs, et non les accusés. Néanmoins, voyez-vous, c’est la croyance dans les meurtres rituels juifs (et non pas palestiniens) qui s’est répandue historiquement et qui persiste aujourd’hui. L’ancienne Jewish Encyclopaedia (Vol. III, p. 266) énumère les cas suivants, en commençant par William de Norwich : cinq au douzième siècle ; quinze au treizième ; dix au quatorzième ; seize au quinzième ; treize au seizième ; huit au dix-septième ; quinze au dix-huitième et trente-neuf au dix-neuvième siècle. Le comput s’arrête en 1900. Total : cent treize meurtres rituels. Il y a eu encore plus de cas au vingtième siècle [6].

Quelle est la raison de cette croyance ? Y aurait-il eu une conspiration d’ampleur mondiale – persistant au cours des siècles – de surcroît, visant a impliquer des juifs innocents dans des crimes haineux, où y a-t-il réellement un crime derrière ces accusations ?

II

L’intrépide Professeur Israël Yuval, de l’Université Hébraïque de Jérusalem, s’est attaque a cette question, dans un ouvrage fondateur [7], disponible en hébreu. Sa traduction anglaise aurait du paraître il y a quelques années aux Presses de l’Université de Californie, mais, pour un certain nombre de raisons, elle n’est pas encore disponible. C’est certainement pure coïncidence, si certains universitaires juifs américains ont formulé des objections contre la publication de ce livre et ont appelé a ce qu’il soit « effacé de la conscience publique »…

Yuval a découvert qu’il y a eu des cas irréfutables d’assassinat d’enfant derrière ces Diffamations Sanglantes. Durant la Première Croisade, des gens impatients ont tenté de baptiser par la force des juifs de la vallée du Rhin afin de sauver leur âme du culte satanique de la haine, car c’est ainsi qu’ ils considéraient le judaïsme. Leur refus d’être baptisé fut considéré comme un attachement borné a Satan : pour des gens pré-modernes, notre indifférence religieuse actuelle était totalement inacceptable. Ils voyaient un lien direct entre la foi et le comportement, et ils ressentaient la nécessité d’une foi partagée, afin d’unifier la communion des croyants. Un juif résidant en permanence dans un pays chrétien créait une situation compliquée : il était libéré du devoir de l’amour fraternel et pouvait se comporter de manière antisociale (ce qu’il faisait fréquemment) en pratiquant, par exemple, l’usure et la sorcellerie. Les Chrétiens étaient particulièrement outrés par la coutume très respectée par les juifs de maudire les Gentils. Chaque jour, les juifs demandaient a Dieu de tuer, de détruire, d’humilier, d’exterminer, d’affamer, de diffamer, d’empaler… les Chrétiens, de faire tomber sur eux sa Divine Vengeance et de couvrir le manteau de Dieu du sang des goyim. Le livre d’Israël Yuval offre au lecteur une riche sélection de malédictions a vous glacer le sang [A lire par temps de canicule… ndt].

Les Croises n'étaient pas racistes. Ils ne pensaient pas que les juifs fussent irrémissiblement mauvais, mais ils rejetaient l’idéologie de la haine et de la vengeance que les malédictions juives exprimaient. Ils avaient également peur de ces malédictions, au moins autant que les juifs. (Dans l’Israël moderne, maudire quelqu’un est considéré comme un délit passible de prison). En réalité, pour les juifs comme pour les chrétiens de l’époque, les malédictions n'étaient pas de simples propos offensants imbéciles. Les malédictions étaient des armes – puissantes. Les Croisés donnaient le choix aux juifs entre l’expulsion et la conversion ; c’était la l’équivalent archaïque de notre traitement psychologique moderne destine aux adeptes des sectes totalitaires. A l’époque, on baptisait de force les Slaves et les Scandinaves, par exemple, et il était évident pour tout le monde que les juifs vivant en terre chrétienne devaient être baptisés, eux aussi.

Toutefois, les juifs ne prenaient pas a la légère la tentative de les faire passer dans le Nouvel Israël. Lorsque le « danger » du baptême devenait imminent, beaucoup d’entre eux assassinaient leurs propres enfants et se suicidaient. Ceci est amplement attesté : les chroniqueurs juifs et chrétiens de cette époque décrivent longuement ces événements, les juifs glorifiant ce comportement a la mode de [la ferme de] Waco, les Chrétiens le condamnant. Assassinaient-ils les enfants afin de les sauver des griffes du Christ-demon ? Eh bien, pas exactement. Cela aurait déjà été, en soi, suffisamment affreux, mais la réalité était pire. Le crime était perpétré a la manière d’un abattage rituel, suivi de libations du sang de la victime.

En effet, les juifs ashkénazes croyaient fermement que le sang juif répandu avait la vertu magique d’appeler la Vengeance Divine sur la tête des Gentils. D’autres utilisaient le sang de la victime en expiation. A Mayence (Mainz), Yitzhak ben David, le chef de la communauté juive, amena ses jeunes enfants a la synagogue, les égorgea, puis il répandit leur sang sur l’Arche, en proclamant : « Que ce sang d’agneau innocent soit en expiation de mes péchés. » Cela s’est passe deux jours après des heurts avec les chrétiens, aucun danger n’étant plus a redouter.

L’image de juifs tuant des enfants pour des motifs cultuels eut un impact énorme sur les peuples chrétiens d’Europe. Ce comportement était en rien comparable au martyre chrétien. Alors que les martyrs chrétiens permettaient que d’autres les tuassent au nom de leur foi, jamais aucun d’entre eux ne s’est suicide, ni a fortiori n’a assassine ses enfants, ou ceux de quelqu’un d’autre, a cette sublime fin. Cela contribua a imposer une image de cruauté et d’impitoyable dureté des juifs. Au fil des ans, les circonstances exactes qui avaient entouré les assassinats d’enfants furent oubliées, mais l’image d’un juif tuant des enfants resta inscrite dans la psyché européenne. (Yuval reprend la thèse de Robert Graves [http://www.robertgraves.org], qui expliqua bien des traditions de l’Eglise par la lecture erronée qu’elle fit au cours des siècles d’images remontant a un lointain passe). Cela fut a l’origine de l’idée voulant que les juifs trucidassent des enfants chrétiens, alors qu’en réalité, les juifs assassinaient leurs propres enfants, nous explique le Professeur Yuval.

Et il est de fait que les accusations de crime rituel apparurent peu de temps après que des enfants eurent été assassinés en Allemagne. Yuval évoque ces accusations avec horreur, passant à côté d’un point essentiel : un assassinat rituel d’enfant est un assassinat rituel d’enfant. Si des juifs ont pu commettre ce crime haineux a Mayence et a Worms, et si d’autres juifs ont pu exalter ce crime, le transformant en comportement exemplaire, jusque dans des ouvrages historiques publiés en Israël dans les années 1950, peut-on encore s’indigner et être horrifie par des accusations de crimes similaires perpétrés a Norwich ou à Blois, ou encore a Damas et a Kiev ? Si Yuval pense qu’un juif peut utiliser seulement du sang juif pour des libations destinées a réveiller Adonai [la furie de Jéhovah], il n’en reste pas moins que, dans certains cas, l’enfant kidnappe était circoncis juste avant être assassiné, c’est-à-dire qu’on l’avait auparavant « transforme en enfant juif ». Quant a l’expiation des péchés, même le sang d’un agneau aurait fait l’affaire.

De nombreux récits médiévaux de juifs tuant leurs enfants parce qu’ils étaient entrés dans une église ou parce qu’ils avaient manifesté le désir d’être baptisés n’ont rien de particulièrement étonnant, lorsqu’on sait que les parents et la famille plus éloignée de juifs convertis portaient le grand deuil de ceux-ci. Encore au vingtième siècle, le doux Tevye le Laitier, héros idéalisé du Violon sur le Toit de Sholem Aleichem, prend le deuil de sa fille baptisée. Le rite de deuil pour une personne encore vivante est un rite magique destine a tuer cette personne. Des gens intimement convaincus des pouvoirs de la magie pouvaient en mourir, comme nous l’explique Frazer dans son énorme encyclopédie des croyances populaires. Si vous êtes capable d’essayer de tuer quelqu’un par la magie, pourquoi reculeriez-vous devant des méthodes plus classiques pour ce faire ?

Sur une période de huit siècles, les juifs ont été convaincus de plus de cent cas de meurtre rituel et d’offrande de sang. C’est raisonnable, si nous tenons présent a l’esprit le nombre de maniaques religieux. Sans doute toute autre communauté religieuse de taille comparable aurait produit un nombre approchant de déviants dans le style d’un Gilles de Rais [maréchal de France, au quinzième siècle] ou d’un Comorre le Maudit [un chef breton du sixième siècle]. Il serait bien étrange que tous ces cas ressortissent eux aussi a la « diffamation ». Le concept des pouvoirs magiques du sang était profondément ancré dans la pensée juive. Le sang était utilisé, nous l’avons vu, pour des libations et des expiations. Bien sûr, il s’agissait du sang d’un agneau. Mais, dans l’affaire de Mayence, c’est du sang d’enfant qui a été utilisé, en l’occurrence. Dans le monde chrétien, certaines personnes pratiquaient la magie noire, accompagnée de sacrifices humains, au cours d’un rituel « chrétien » perverti. Ils remplaçaient par du sang humain le vin de la communion, qui est le sang du Christ, lui-même sang de l’Agneau Pascal. Peut-on raisonnablement penser que les juifs n’ont jamais vu naître chez eux de magiciens ni de sorciers capables d’utiliser du sang humain afin de laver les péchés ou de hâter le Salut ?

III

Par ailleurs, le rapport établi entre les sacrifices de sang et les matzot de la Pâque ou l’homentash de Purim relève tout simplement de la croyance populaire : le mysticisme inhérent a la notion de libations pouvait être mal interprété par des gens simples. Yuval voit dans ces fantasmes une combinatoire de différentes traditions, de surcroît, mal interprétées.

Les juifs haïssaient de tout leur cœur la chrétienté et ils organisaient plusieurs cérémonies magiques visant le Christ et la chrétienté, au moment de Pâques, de Purin et de la Pâque (juive). Ils confectionnaient des figurines qu’ils attachaient a une croix, et ils les brûlaient ou ils les mutilaient de différentes manières ; ils désacralisaient des hosties et parodiaient la communion. La coutume consistant a éliminer toute trace de ferment (levain), observée par les juifs au matin de la Pâque, entendait aussi symboliser l’éradication des goyim, et a y conduire magiquement, écrit Yuval.

A l’occasion, les juifs tuaient des prêtres et des nonnes. Les prières de la Pâque regorgeaient d’allusions anti-chrétiennes, dont certaines ont survécu jusqu’à ce jour, notamment le Shepoch Hamatha, une prière appelant la vengeance de Dieu sur les goyim, et le Aleinu Leshabeyach, qui décrit le Christ et Sa (sainte) Mère dans les termes les plus blasphématoires qui soient.

Les Chrétiens ont associé mentalement ces phénomènes, écrit Yuval. Si les juifs haïssent le Christ et les chrétiens, profanent des hosties et ont été vus parfois en train de tuer rituellement leurs propres enfants, les chrétiens devaient penser que, sans doute, les juifs assassinaient itou les enfants des autres, au moment de Pâques ou de la Pâque, nous explique-t-il. Néanmoins, Yuval pense que, même si les faits motivant cette déduction étaient exacts, la conclusion, en revanche, ne l’était pas. Les juifs ne mettaient pas de sang dans leurs matzots, conclut-il.

Toutefois, la croyance en l’utilisation de sang humain par les juifs pour la confection de leurs matzots (pain azyme, ndt) peut s’expliquer de manière plus satisfaisante si l’on tient compte de l’intensité de la haine généralisée des juifs envers les chrétiens. Dans les rites de la Pâque juive, un petit morceau de pain sans levain – Afikoman – symbolisait l’Agneau Pascal. Au début du repas (Seder) de la Pâque, on le tenait caché. On peut imaginer qu’un mystique ait pu donner un sens littéral a la métaphore de l’Afikoman en tant qu’Agneau Pascal. Cela a été affirme par de nombreux juifs qui ont quitte le bercail et qui ont rejoint l’Eglise. Ils ont aussi témoigné du fait que l’afikoman était cuit séparément et en grand secret. Certains parmi eux expliquèrent que du sang était certes pas ajouté directement a la pâte de ce pain pascal, mais brûlé, et que les cendres de ce sang étaient utilisées au cours d’un rituel évoquant la purification de la Génisse Rousse.

Pour Israël Yuval, qui est un juif observant, tout témoignage d’un converti est « suspect » et « douteux », mais discréditer les témoignages de tout non-juif, voilà qui relève d’une tradition juive ancestrale. De la même manière, les « Nouveaux Historiens » israéliens n’ont fait que confirmer les informations auxquelles leurs collègues palestiniens étaient parvenus. Mais la confirmation, par eux, des horreurs de 1948 eut un impact considérable en Occident, car les recherches effectuées par des non-juifs étaient considérées « suspectes » et « douteuses » par un discours occidental soumis a l’emprise juive. Pour des non-racistes, il n’y a aucune raison de douter du témoignage donne par un non-juif ou un ex-juif. D’ailleurs, si l’objection opposée a des convertis devait être fondée sur le rejet en soi des renégats, on devrait rejeter les arguments avances par les auteurs du Zéro et l’Infini [Darkness at Noon] (Arthur Koestler) et de La Catalogne libre [Homage to Catalonia] (George Orwell), ou même ceux notre David Aaronovitch, car tous ont renié leur foi communiste pour adopter un autre credo.

Les convertis savaient de quoi ils parlaient, et Yuval le confirme. Ainsi, un converti de Norwich a expliqué que « les juifs croient que, sans verser du sang humain, ils ne peuvent recouvrer leur pays et leur liberté. » C’est la, pour Yuval, une interprétation correcte de l’idée ashkénaze de Vengeance en tant que voie vers le Salut. « Les juifs croyaient effectivement que leur Salut dépendait de l’Extermination des Gentils », écrit-il. Certes, ils espéraient que Dieu et/ou leur Messie se chargerait de faire le boulot. Mais cette restriction peut-elle servir d’alibi ? Si j’espère et prie Dieu que Pierre tue mon ennemi Paul, et que Paul est effectivement trouvé assassiné, mes espoirs et mes prières ne seront-ils pas la cause de fortes présomptions a mon égard, plutôt qu’un alibi en béton ?

« Oh, non, il espérait que Pierre ferait sa fête a Paul… Donc, ce n’est certainement pas lui qui a fait le coup ? » Cela me rappelle une réplique immortelle chez Raymond Chandler [8]. Marlowe, son détective privé, découvre sur le lieu d’un crime un mouchoir orne d’initiales non dénuées de signification. Le suspect – en l’occurrence, la suspecte – une jeune femme très distinguée, très intime avec la victime, rejette les soupçons de Marlowe avec indignation. Marlowe s’exclame, ironiquement : « Ce bout de chiffon porte vos initiales. De plus, l’a trouvé sous l’oreiller de la victime… Mais ce torchon empeste le parfum de santal a bon marche, et vous n’achèteriez pour rien au monde un parfum bas de gamme. Et il ne vous viendrait jamais a l’idée de mettre vos mouchoirs sous l’oreiller d’un mecton. Donc, vous n’êtes pour rien dans cette histoire ! Vous ne trouvez pas que c’est un peu tiré par les cheveux, comme explication ? »

IV

Le dernier débat autour des sacrifices rituels s’est tenu, il y a un peu moins d’un siècle. En 1911, a Kiev (aujourd’hui capitale de l’Ukraine, a l’époque, il s’agissait d’une ville importante des provinces de l’Empire russe), Andrew, un écolier d’une école religieuse, âgé de douze ans, fut assassiné de manière horrible et inédite. On releva quarante-sept blessures sur son cadavre. Il avait été vide de son sang, et il avait été bâillonné. Il semble que ce crime ait revêtu un caractère rituel, comme celui de Torso boy, en Angleterre [jeune Africain victime d’un crime, dont le cadavre a été retrouve flottant sur la Tamise, a Londres], de nos jours. Cela pouvait être l’œuvre d’un sataniste, d’un fanatique ou de tout autre obsédé. Pouvait-il s’agir d’un juif ? Oui. Le meurtrier aurait-il pu être pousse par quelque déformation particulière de la religion juive ? Nous avons vu que la réponse est : « oui ».

Toutefois, quatre cents rabbins envoyèrent une lettre ouverte aux autorités et au tribunal, rejetant la possibilité même d’une telle scélératesse. Dans un paroxysme d’hystérie, la Russie se divisa entre ceux qui croyaient aux meurtres rituels et ceux qui n’y croyaient pas. Les journaux libéraux retinrent la thèse philosémite : un juif ne saurait tuer qui que ce soit. Certainement pas, en tous les cas, de manière rituelle. Le Tsar, avisé, s’enquit de savoir comment les quatre cents rabbins pouvaient être tellement surs de ce qu’ils avançaient. Il souleva un point fondamental. Il n’y a nul crime que des Russes, des Anglais, des Américains, des Français ou des Chinois, ou encore, des Chrétiens, des musulmans ou des bouddhistes jugeassent leurs compatriotes ou leurs coreligionnaires incapables de commettre. Nous savons que les hommes sont tout aussi capables des plus hautes inspirations que de la plus vile cruauté. Les sacrifices humains ont existé dans toutes les nations, même chez les Grecs (Iphigenie) et chez les Hébreux (Jephte). Toutefois, les juifs, dont la religion comporte l’obligation religieuse du génocide (Amalek), le devoir religieux de maudire les Gentils, et qui ont effectivement pratique le meurtre rituel d’enfants (quand bien même ce fussent les leurs propres), étaient disposés à se porter garants de leurs coreligionnaires, co-membres de la tribu d’Israël : des juifs ne pouvaient avoir fait cela. Ce degré extraordinaire de solidarité tribale plaçait les juifs dans une catégorie autre. Pour ainsi dire, hors-concours. Non pas une nation, non pas une religion, mais un syndicat de protection mutuelle.

« Il s’agit là d’une accusation portée contre l’ensemble du peuple juif », avaient écrit les rabbins. C’était un mensonge : seul, un homme était accusé, et son innocence finit par être prouvée. Mais l’approche des rabbins était utile, tactiquement : des masses de juifs, depuis New York jusqu'à Moscou, s’étaient mobilisés, prêts a défendre Beyliss. L’opinion libérale en Russie, en Europe et en Amérique leur apportait son soutien. Un seul homme de renom, Vassili Rosanov [9], non-conformiste brillant, poète, écrivain et théologien, naguère tombé dans l’oubli mais à nouveau très populaire dans la Russie post-soviétique, était convaincu qu’Andrew avait été martyrisé par des juifs, quand bien même il ne s’agit pas de Beyliss en personne. (L’intelligentsia russe, de ce fait l’ostracisa). Auparavant philosémite pur sucre (il envisagea même de se convertir au judaïsme), il fut bouleversé par le sort horrifiant du jeune Andrew et ulcéré par le fait qu’aucun des défenseurs de Beyliss ne se préoccupait le moins du monde de cet enfant assassine dans des circonstances horribles. Il écrivit un mémoire très intéressant [10], dans lequel il s’efforce de démontrer que les juifs ont effectivement pratique des sacrifices humains. Il s’était initié a la cabale, avait mis les blessures d’Andrew sous la forme de schémas dignes de son contemporain Aleister Crowley, et il cite force passages de l’Ancien Testament, du Talmud et même du Nouveau Testament, faisant allusion au sang. Dans ses conclusions, il fait référence a la coutume juive de sucer du sang du membre circoncis (des bébés) et aux rituels juifs d’abattage des animaux de boucherie (aujourd’hui interdits dans certains pays européens). Son intuition la plus intéressante est tout à fait surprenante, même pour le chrétien déchu qu’il était : il considère que le judaïsme biblique ancien, précurseur du christianisme, connaissait et pratiquait les sacrifices humains ; car, sinon, (raisonne-t-il), le Christ ne se serait pas offert Lui-même en victime pour le sacrifice suprême. Rosanov voit dans Isaie, 53 [il fut transpercé à cause de nos péchés, etc…] – non pas une prophétie de la Passion du Christ, mais la description d’un sacrifice humain réel pratique dans le Temple de Jérusalem. Le rite pratique dans le Temple dédié a Jéhovah a Jérusalem, était effectivement extrêmement sanglant et la Mishna évoque des rivières de sang s’écoulant depuis son autel. Cela fut condamné par les prophètes, qui avaient fini par faire du Temple une survivance anachronique, a l’époque de sa destruction. C’est la, probablement, la raison pour laquelle ce temple n’a pas été reconstruit. Toutefois, les hypothèses de Rosanov, qu’elles soient ou non fondées, ne répondent en rien a la question des sacrifices humains au vingtième siècle.

Une chose est sûre : on peut trouver de nombreuses citations, dans la Bible, dans le Talmud est dans des ouvrages cabalistiques plus récents, plaidant en faveur de l’existence des sacrifices humains. Dahl, un Danois auteur, au dix-neuvième siècle, d’un court traite de criminologie, fait référence a Nombres 23:24 « … il boit le sang de ses victimes… » ainsi qu’a plusieurs autres versets. Nous sommes mieux équipes, pour ce genre de recherche, que les contemporains de William de Norwich ou d’Andrew de Kiev, car nous disposons de meilleurs textes de référence. Ainsi, par exemple, en 1913, les experts n’auraient pas pu trouver la citation suivante, du Talmud [11] : « Il est bon de transpercer un jeune garçon goy, même un jour de Kippour, si le Kippour tombe un jour de shabat. Pourquoi « transpercer », au lieu d’ «égorger » ? Parce que l’égorgement exige une bénédiction, alors qu’on peut transpercer a sa guise sans qu’il soit nécessaire de prononcer la moindre bénédiction ». Aujourd’hui, nous disposons de ce texte imprime, dans de nouvelles éditions publiées en Israël. Il est convenu de considérer ce genre de citation comme une preuve de la haine exagérée des sages talmudistes vis-à-vis des gens ordinaires. Mais il pourrait se faire qu’un jour un mystique ou un praticien de la magie noire, y ait vu des instructions pour le sacrifice du Yom Kippour, les kapparoth.

Toutefois, cela ne prouve en rien que ces cas étaient nombreux, ni que cette tradition était largement répandue. De plus, les chercheurs qui ont étudié ce phénomène et qui ont été amenés à en admettre la réalité objective, ont conclu que ces cas étaient rares, et qu’ils demeuraient inconnus de la grande majorité des juifs. Rosanov se trompait, tout autant que les rabbins. Rien ne leur permettait a ceux-ci de denier a priori la possibilité qu’un crime ait pu être perpétré par un juif. Ils avaient tort, lorsqu’ils clamaient que « tous les juifs » étaient ainsi mis en accusation. Rosanov n’avait quant a lui aucun motif a être aussi péremptoire qu’eux. Mais Rosanov n’avait nul motif a faire des sacrifices humains la pierre angulaire du judaïsme. Toutefois, confronté au front uni du philosémitisme, il a laissé sa nature pugilistique prendre le dessus sur son bon fond. Nous devons rejeter son attitude, injuste et pleine de préjugés. En réalité, l’idée de sacrifice humain et de sang verse en expiation est bien connue des Chrétiens comme des juifs ; ainsi, le meurtre rituel perpétré sur la personne d’Andrew pouvait tout aussi bien avoir été le fait de personne(s) de culture juive, comme de personne(s) de culture non-juive.

Dans le meilleur des cas, le livre de Rosanov pourrait inciter un mystique juif a s’essayer au meurtre rituel et aux libations vampiroides. Mais les juifs y virent une attaque contre l’ensemble des juifs. Les défenseurs de Beyliss tentèrent de circonvenir l’un des témoins essentiels au procès, Vera Cheberiak. On lui offrit un énorme pot-de-vin par l’intermédiaire d’un avocat qui avoua l’avoir rencontrée de sa propre initiative, dans des circonstances douteuses. Les propres enfants de Vera Cheberiak avaient été tués par « des inconnus ». En 1919, après la victoire des Bolcheviques, elle fut arrêtée et maltraitée par les commissaires juifs de la Tcheka de Kiev. Elle refusa de revenir sur ses déclarations, réaffirma qu’elle avait dit la vérité. Mais elle fut exécutée, après un « procès » expédié en quarante minutes [12]. En ce même an de grâce 1919, le ministère soviétique de l’Education réunit une commission afin d’établir la vérité définitive au sujet des crimes rituels. Simon Dubnov, un historien juif, a participé a cette commission, composée de quatre juifs et de quatre chrétiens. Dans ses mémoires, il écrit : « Les membres russes (de la commission) n’ont pas exclu la possibilité qu’une secte juive secrète ait pu pratiquer des violences rituelles. Les membres juifs, pour leur part, étaient absolument certains que c’était totalement impossible. » Alexander Etkind, un contemporain, juif, russe, spécialiste des religions et auteur d’un ouvrage faisant autorité sur les sectes en Russie, a écrit dans la revue qu’il dirige [13] : « Aujourd’hui, nous pouvons être plus ouverts. Je ne considère pas comme impossible qu’il ait pu y avoir, chez les juifs, une secte cruelle et secrète. J’ai étudié les sectes en Russie, certaines d’entre elles peuvent a juste titre être qualifiées de sanguinaires, vicieuses, meurtrières. Je n’ai pas connaissance de l’existence d’une / de secte(s) juive(s) de cette nature, mais je ne saurais en exclure l’existence a priori. Apparemment, mes sentiments sont plus proches de ceux des membres russes de la commission que de ceux de ses membres juifs. »

Dans la longue histoire des études consacrées a l’accusation de crime rituel, c’est l’observation la plus avisée qui ait jamais été faite. Alexander Etkind a raison, tandis que David Aaronovitch a tort. Yitzhak Ginzburg, un cabbaliste et mystique juif célèbre, chef de la Yeshiva Od Yosef Hai, en Israël, en a apporté la confirmation en déclarant, récemment, a la presse américaine : « Un juif est autorisé a extraire le foie d’un goy s’il en a besoin, car la vie d’un juif a plus de valeur que la vie d’un goy, de la même manière que la vie d’un goy est plus précieuse que celle d’un animal ». Des gens qui pensent cela font-ils un quelconque distinguo un sacrifice animal et un sacrifice humain ?

V

La question des meurtres rituels divise l’humanité, mais il ne s’agit pas d’ une division opposant les juifs aux gentils, et réciproquement. La division réelle est tout aussi tranchée : d’un côté, les philosémites, les juifs et les gentils qui excluent a priori la possibilité d’une quelconque culpabilité juive. Même s’ils trouvent un cadavre et un juif muni d’un couteau ensanglante a cote, ils s’exclameraient : « Ah non, s’il vous plaît, pas encore une Diffamation Sanglante ! ». De l’autre, les gens normaux, juifs et gentils, qui prennent en considération toutes les circonstances de chaque cas, sans préjugés, comme le propose Alexander Etkind. Un philosémite est quelqu’un qui exclut toute possibilité qu’un meurtre cruel ou rituel ait pu être commis par un juif ; c’est un raciste naïf, dans le meilleur des cas. M. Aaronovitch ne cherche pas à se renseigner sur le cas des disparitions de Damas. Le meurtre a eu lieu en 1840, il y a si longtemps ! Il se contente de présumer qu’un juif ne peut pas être coupable. Point final.

Les suspects de Damas furent torturés. Par conséquent, leur témoignage est invalide, écrit Aaronovitch. La torture est un grand mal. Mais en Israël, les suspects de « crimes terroristes » sont invariablement torturés. D’après Amnesty International et d’autres institutions de défense des droits humains, des dizaines de milliers de Palestiniens, dont des enfants, ont été tortures dans les caves du Shabak. Néanmoins, il n’est jamais venu a l’idée d’Aaronovitch de mettre en doute les aveux arrachés par les tortionnaires israéliens.

La victime du meurtre de Damas était un prêtre, et cela amène Aaronovitch a classer l’affaire dans la rubrique de la « diffamation sanglante antisémite ». Mais des prêtres, des religieuses et des moines ont bel et bien été tués par des juifs. Des centaines ont été égorgés, en 610, a Antioche, et des milliers, en 614, a Jérusalem. Des moines et des prêtres se font tuer, encore aujourd’hui, en Israël. Ainsi, il y a quelques années, un colon, Asher Rabo, a tué plusieurs moines a la hache après quoi il a éclaboussé les murs de leur sang. Il a été arrêté par un moine du monastère du Puits de Jacob, et un tribunal israélien l’a jugé mentalement irresponsable. Plus tard, deux religieuses russes furent assassinées a la hache dans le monastère de Saint-Jean Baptiste. Pratiquement tous les assassins de prêtres et tous les profanateurs d’églises et de mosquées ont été jugés psychiquement dérangés par les juges israéliens, mais leur irresponsabilité psychique n’était certes pas d’une nature ordinaire.

Aaronovitch présente l’affaire de Damas comme une « diffamation contre l’ensemble des juifs ». Mais seul, un coupable a été accuse du meurtre. Or, cet accuse, Farhi, un juif de Damas, qui possédait « plus d’argent que la Banque d’Angleterre », a écrit un voyageur anglais, était responsable du trésor a Saint-Jean d’Acre. Si accuser un juif équivaut a les accuser tous, il n’y a des lors plus aucune possibilité de corriger des fautes bénignes en prenant des sanctions bénignes. En réalité, les philosémites à la Aaronovitch ont causé des calamités incroyables à l’humanité entière, dont les juifs. Ils ont exclu a priori toute possibilité que le Capitaine Dreyfus et Beyliss fussent coupables. Au lieu de se tenir tranquilles et de laisser la justice faire son travail, ils ont créé une hystérie collective en France et en Russie, et ils ont certes fini par obtenir ainsi des acquittements, mais au prix de la perte totale de confiance du peuple dans le système judiciaire de ces deux pays. Apres les procès de Dreyfus et de Beyliss, les juifs se sont placés au-dessus des lois. Cela a causé le retour de manivelle des années 1930, ainsi que le retour de retour de manivelle auquel nous assistons de nos jours. Et cela provoquera sans doute demain un retour de retour de retour de manivelle.

Dans un monde meilleur, les Dreyfusards et les Beylissistes seraient condamnés pour mépris de la chose jugée, car leur axiome non-dit était qu’«un gentil ne saurait juger un juif ». On ne devrait ni croire, ni ne pas croire, a priori, a la possibilité que des crimes rituels aient pu être commis. La capacité de l’homme a commettre des crimes est bien connue, et des monstres comme le Docteur Hanibal Lecter, dans le Silence des Agneaux, peuvent bel et bien exister. Certains d’entre eux sont guides par leur interprétation particulière de la Sainte Bible. De nos jours, le président d’une superpuissance a envoyé ses troupes de choc attaquer un petit pays affaibli, tuant des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, parce qu’il pensait que c’était la ce que Dieu voulait. (Certes, il s’agissait du Dieu Mammon, comme l’a fait observer avec à-propos un philosophe polonais [14].) Il aurait mieux fait de siroter tranquillement le sang de quelque bébé. Les juifs, de nos jours, savent rarement qu’ils sont supposés manger des matzot pour la Pâque, sans même aller jusqu’à chercher la petite bête avec l’afikoman. Bénis sont-ils de n’avoir nulle idée de l’héritage trouble du judaïsme médiéval. Néanmoins, de ces temps anciens, tout n’a pas disparu.

L’idée d’écrire cet essai m’est venue tandis que je prenais connaissance du décompte des enfants palestiniens massacrés, qui ne faisait que croître, de jour en jour. Depuis le début de la deuxième Intifada, le 29 septembre 2000, 2 237 Palestiniens ont perdu la vie. Ce total inclut 430 enfants tues ; 228 avaient moins de quinze ans, et 202 avaient entre 15 et 17 ans. Cela dépasse le nombre de tous les enfants que les juifs sont accusés d’avoir assassines depuis William de Norwich. Pourquoi nous préoccuper de ces vieilles accusations poussiéreuses, alors qu’un nouveau crime, irréfutable, vient – est en train – d’être commis ?

Parce que les nouveaux meurtriers ont bénéficié du camouflage traditionnel. Le système de l’étouffoir ne date pas d’hier, il a été hérité du Moyen Age, de l’époque ou les communautés juives étaient régies par la loi de l’omerta, par le code du silence et de la loyauté absolue. Un système dans lequel un criminel ne doit en aucun cas être remis a la justice par un frère criminel. Cette approche a fini par être intégrée a la vie interne des communautés juives. Elles ont même adopté une insulte criminelle, celle de « moser » (informateur), qui désigne quiconque informe les autorités non-juives de crimes perpétrés par des juifs sur des non-juifs. Un tel moser est « ben mavet » [hb. : enfant de la mort] : il mérite – il doit – être tué par n’importe quel [15] juif, de préférence a Purim ou a la Pâque, mais le Yom Kippur convient bien, aussi, comme jour, pour ce faire. Ainsi, par exemple, un juif ayant eu a connaître qu’un fanatique fou avait commis un (ou des) meurtre(s) rituel(s) n’était pas autorisé, sous peine de mort, a informer les autorités gentilles de ce crime. Cette attitude moyenâgeuse est encore la, puisqu’elle a trouvé une nouvelle vie dans le concept philosémite de l’innocence des juifs a priori. En d’autres termes, un philosémite qui rejette l’idée même qu’un crime put être commis par un juif se fait l’instrument en puissance d’un crime.

Examinons à nouveau les coupures de presse de l’Observer. Pourquoi n’ont-elles pas suscite une explosion d’indignation ? Cela signifie-t-il que « nous ne pouvons pas comparer les juifs et les négros » ? Ou bien cela signifie-t-il que les Noirs n’éprouvent aucun besoin pathologique et dépravé de défendre tous les autres Noirs [16], sans égard pour la gravité du crime dont l’un d’entre eux a été accusé ?

Et maintenant, le moment est venu de révéler le véritable crime sous-jacent a ces allégations, car ce crime est encore perpétré de nos jours. Des centaines de juifs avaient eu connaissance du plan satanique des «Vengeurs » conduits par Abba Kovner, consistant a empoisonner des millions de civils allemands innocents, hommes, femmes et enfants – et pourtant, aucun d’entre eux n’a averti la police. Quant a tenter de s’y opposer, n’en parlons même pas… A un moindre degré de gravité, tout juste aujourd’hui, le responsable de la communauté juive allemande a exprime son « soutien de tout cœur » au repoussant Michael Friedman, « cet homme qui a su faire de sa judéité un outil très utile », pour reprendre les termes du journaliste Benny Zipper, du quotidien israélien Haaretz [17], lequel Friedman a été pince par la police en train de sniffer de la coke en compagnie de prostituées ukrainiennes. Cette solidarité quasi-criminelle entre juifs – consistant a défendre Sharon, a défendre Mark Rich, a défendre Michael Friedman, et a donner refuge a n’importe quel malfaiteur s’il s’avère par hasard être juif ou « bon pour les juifs », - voila le crime réel que l’on veut cacher derrière la Diffamation Sanglante, car ce crime a cause la mort de centaines d’enfants palestiniens, dans le silence approbateur des philosémites.

VI

Paradoxalement, cette tendance qu’ont les juifs a accorder refuge a toutes sortes de criminels tient a leur vision du monde, diamétralement opposée a celle des Chrétiens. Le chiasme le plus profond entre le christianisme et le judaïsme ne se situe pas dans la zone glauque des sacrifices. Les juifs croient au salut collectif, a la culpabilité collective et a l’innocence collective, tandis que les Chrétiens croient au salut individuel, a la culpabilité individuelle et a l’innocence individuelle. C’est pourquoi un péché commis par un chrétien est sans conséquence pour les autres chrétiens. Un Chrétien est libéré du péché par l’incarnation, la mort et la résurrection du Christ, en vertu aussi de son propre baptême et de sa propre communion. Ainsi, aux yeux des Chrétiens, les juifs n’ont aucune culpabilité collective.

Pour un juif, admettre qu’un seul juif put être coupable entraînerait la culpabilité de l’ensemble des juifs. C’est pourquoi, pour les juifs, tous les Chrétiens (ou tous les Allemands, tous les Palestiniens, tous les… etc.) sont coupables d’une offense commise par l’un ou quelques-uns d’entre eux. C’est la raison pour laquelle des non-juifs sont toujours coupables, aux yeux des juifs. Coupables, les Américains, parce que leurs pères n’ont pas rassemblé tous les juifs sur leur giron dans les années 1930. Coupables, les Chrétiens, parce que leurs ancêtres n’aimaient pas se faire maudire et maltraitaient parfois ceux qui les maudissaient (les juifs…).

Les Allemands et les Palestiniens, les Russes et les Français : tout le monde, absolument tout le monde a des torts envers les juifs, a leurs yeux. De nos jours, l’idée de la responsabilité collective infecte la chrétienté. Les Allemands sont obsédés par leur sentiment de culpabilité, et dans une apothéose de masochisme, ils achètent les dégueulis de Goldhagen. L’Eglise catholique est allée jusqu’à demander le pardon aux juifs. C’est bien, que quelqu’un qui a mal fait aille demander le pardon de celui à qui il a porté tort. Mais l’adoption du paradigme juif de la culpabilité collective est une erreur de jugement, et c’est aussi une erreur théologique. Nous sommes libres de toute culpabilité. L’Eglise est libre de toute culpabilité. Et les juifs – les juifs d’aujourd’hui – sont libres de toute culpabilité, quoi que leurs ancêtres aient bien pu faire. Quand bien même les juifs du Moyen Age auraient réchauffé en leur sein une secte de tueurs d’enfants, les juifs – ceux d’aujourd’hui – sont libres de toute culpabilité.

Maintenant, en une époque où l’évocation de la Diffamation Sanglante est utilisé afin d’induire des sentiments de culpabilité chez les Européens contemporains, il faut bien le reconnaître que les Chrétiens ont été plutôt sympas vis-à-vis de la foule haineuse de mes ancêtres. En permanence, ils étaient prêts a les recevoir en égaux, en frères et en sœurs bien-aimés. Pensez-y : quotidiennement, les juifs souhaitaient que les Chrétiens tombent raides morts, foudroyés, et les Chrétiens continuaient a vouloir que les juifs viennent se joindre a eux et soient sauves. La générosité de l’Eglise était fabuleuse – même des juifs qui avaient commis un crime cruel pouvaient être sauves, grâce au baptême.

J’y pense toujours, lorsque je lis les attaques de Goldhagen contre l’Eglise, ou d’autres écrits juifs condamnant l’Eglise pour « son antisémitisme, qui a entraîné l’holocauste ». La gratitude n’est pas le point fort, dans le système juif des valeurs morales, force est de le constater. En 1916, Weitzman promit la reconnaissance éternelle des juifs aux Anglais qui avaient envoyé leurs soldats mourir a Gaza, a Beersheba, a Jérusalem et a Megiddo pour la création du foyer national juif. En 1940, l’éternité avait sans doute pris fin, et les juifs commencèrent a chasser et a tuer le soldat britannique. Durant la Seconde guerre mondiale, les Russes accueillirent tous les réfugies juifs qui affluaient chez eux. Ils perdirent des milliers de leurs soldats, et ils sauvèrent les juifs. En lieu et place de gratitude, les juifs comparèrent Staline a Hitler, évoquèrent des pogromes russes imaginaires et exigèrent (avec succès) que des sanctions soient imposées a la Russie. Les Maronites libanais étaient alliés a Israël, a seule fin qu’Israël les laisse tomber comme une brique brûlante en se retirant du Sud Liban. Mais l’ingratitude des juifs envers l’Eglise, c’est le cas limite. Le pompon. Cela bat tous les records !

Les Chrétiens voyaient dans les juifs un peuple possédé du démon, et les juifs étaient réellement en proie a un démon – le démon de la haine. Ils ne constituaient pas un groupe racial, mais un groupe idéologique et théologique et, en renonçant a ses idées de haine, un juif pouvait rejoindre la commune humanité. Les juifs étaient traités comme le sont les néonazis de nos jours : on voyait en eux des créatures repoussantes et haineuses, a éviter soigneusement, mais auxquelles il fallait pardonner pour peu qu’elles renonçassent a leurs errements. Les juifs étaient accueillis, nombreux, dans l’Eglise, et certains d’entre eux devinrent des saints, comme Sainte Thérèse (d’Avila). D’autres devinrent évêques, d’autres encore devinrent nobles, maîtres d’écoles, professeurs d’université. Mais la chose la plus importante qu’ils recevaient de l’Eglise, c’était leur libération totale de l’emprise de l’esprit de la haine. Ils étaient libérés du doute qu’on les aimât, et ils pouvaient, a leur tour, aimer les gens. Plus seulement les Elus. Non. Désormais, ils pouvaient aimer tout le monde.

VII

Cependant, nous pouvons proposer une autre lecture, sans doute plus pertinente encore, de la « diffamation sanglante », de l’accusation de meurtre rituel. Les gens du peuple, pré-modernes, étaient naturellement jungiens : ils avaient recours au mythe pour exprimer leurs pensées. Les juifs médiévaux étaient les précurseurs du capitalisme et de la mondialisation – tendances qui allaient s’avérer périlleuses pour les enfants et pour les futurs hommes ordinaires. Ils étaient des usuriers, et les usuriers « sucent le sang vital » de leurs débiteurs, même dans le langage moderne. Aussi l’accusation de sacrifice rituel représentait-elle un puissant « épouvantail », un avertissement métaphorique adresse a des emprunteurs potentiels de se tenir aussi loin que possible des usuriers et de regarder avec une suspicion maximale le capitalisme bourgeonnant.

Nous utilisons, aujourd’hui encore, des épouvantails métaphoriques. Le gouvernement pourrait dire : « Ne consommez pas de hachisch, car nous avons fortement investi dans les vins et les liqueurs et, de plus, nous voulons que vous vous distrayez en faisant du shopping, non en fumant des joints ». Mais non : le gouvernement a recours a des photos illustrant les effets de l’addiction a l’héroïne, histoire de foutre les jetons au public : des familles ravagées, des malades agonisants et des scènes de déréliction sociale, résultant de l’usage des drogues. Le haschich, allez-vous me faire remarquer a juste titre, ca n’est pas l’héroïne. Mais si ont ne fout pas suffisamment les jetons aux gens, les gens ne tiendront aucun compte de nos avertissements, semblent penser les publicistes.

Les pauvres gens de l’ère pré-moderne n’avaient pu bénéficier des enseignements de Marx, et ils utilisaient le langage des mythes. Et il est de fait que toutes les victimes des meurtres rituels appartenaient aux classes plébéiennes, et que la croyance dans les meurtres rituels juifs était très répandue chez les pauvres, qui furent les premiers a souffrir de l’avènement du capitalisme. Par ailleurs, l’entourage du roi, la noblesse et les classes supérieures étaient généralement favorables aux juifs et punissaient quiconque osait se plaindre de meurtres rituels. Dans certains pas, ces plaintes étaient passibles de mort, tandis qu’en Russie, le Tsar interdit par un Statut adopte en 1817 [18] jusqu’à la simple possibilité qu’un meurtre rituel put avoir été commis. On le sait : les classes dirigeantes, quant a elles, ne redoutaient ni le capitalisme, ni l’usure. Cependant, ce schéma de mise en garde fonctionna jusqu’à ce que les Chrétiens succombassent a la tentation de l’usure, en une époque de tolérance religieuse, ou « sucer le sang » cessa d’être une occupation exclusivement juive. Mme Bovary, ce personnage charmant et par trop humain de Flaubert, finit ruinée par un usurier français qui l’avait embobinée, apaisant ses craintes par ces paroles rassurantes : « Vous savez, je ne suis pas juif. » C’est alors que le vieux mythe effrayant, ayant perdu toute pertinence, tomba en désuétude.

Le monde devint civilise, des communautés et des pays entiers se retrouvèrent endettés et leurs citoyens – coincés entre les remboursements de prêts immobiliers et les crédits a la consommation. Avec la victoire du capitalisme et la déferlante de la mondialisation, les chances qu’avaient les enfants du peuple de grandir, de trouver un vrai travail, digne, et de vivre en paix dans leur maison, dans leur quartier, comme leurs parents avant eux, ces chances piquèrent du nez. Le grand danger, pour nos enfants, aujourd’hui, ce n’est pas quelque juif rejeté aux marges de la société ; ce sont les structures mêmes de cette société. Voilà qui appelle un mythe conjurateur d’une autre nature.

Israël Shamir

Notes :

[1] Cordite avec Noam Chomsky

[2] More Nevochim, ou Le Guide de l’Egaré, 3:51 « Les Chinois et les Noirs sont inférieurs aux êtres humains, mais ils se situent au-dessus des singes. »

[3] http://www.capmag.com/article.asp?ID=2110

[4] http://www.aish.com/Israel/articles/Targeting_Children.asp [5] A ce sujet, nous devons garder a l’esprit l’importante exception de nos merveilleux camarades juifs, qui soutiennent la cause de l’égalité en Palestine

[6] Voir Medieval Sourcebook [Références médiévales] http://www.fordham.edu/halsall/sbook.html pour plus de détails. Ce document en ligne propose des biographies des saints et des martyrs suivants : William de Norwich, + 1144 ; Richard de Pontoise (ou de Paris), + 1179 ; Herbert de Huntingdon, + 1180 - ; Dominique du Val, + 1250 ; Hugues de Lincoln, + 1255 ; Werner d’Oberwesel, + 1287 ; Rudolf de Berne, + 1294 ; Conrad de Weissensee, + 1303 : Louis (ou Ludwig) de Ravensburg + 1429 ; Anderl de Rinn, + 1462 ; Simon de Trente, + 1475 et Lorenzino Sossio, + 1485.

[7] Two Nations in Thy Womb, or Perceptions of Jews and Christians [Deux Nations en ton sein, ou Perceptions des juifs et des chrétiens], Tel Aviv, Am Oved 2000

[8] The Lady in the Lake

[9] http://www.reec.uiuc.edu/srl/Rozanov/rozanov_program.htm

[10] L’attitude des juifs devant l’odeur et le contact du sang, Moscou, réédition 1998.

[11] Hesronot Shas, Pesahim mem tet 13 bet, Omar R Eliezer, am haaretz mutar lenochro byom kipurim shehal lihiot beshabat. Omru lo talmidav, Rabbi, emor « leshohto »! Omar lahen ze taun bracha, uze ein taun bracha.

[12] Memoires d’un Tchekiste, Prague 1925, cite d’après Solzhenitsyn, 200 ans, I:451, 2000

[13] Kolo1klol Nr 1, Londres – Moscou, 2002

[14] Marek Glogoczowski

[15] Voir l’étude exhaustive dans l’ouvrage d’Israël Shahak et Norton Medvinsky, Jewish Fundamentalism in Israël [Le fondamentalisme juif en Israël]. Ecrit rapidement et mal édité (par exemple, il désigne l’Arche de la synagogue par l’expression : « le placard sacre » !), cet ouvrage fournit néanmoins la plupart des données utiles.

[16] Mis a part OJ [Simpson, ndt]

[17] Haaretz, 11 July 2003

[18] Le procès de Beyliss s’est tenu après les reformes politiques de 1905, qui avaient révoqué les anciens « statuts », ce qui rendit ce procès possible.
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