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Jeudi, 12 Décembre 2002
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Poutine et le FSB ont sauvé la Russie
Alexandre Douguine
Théoriciens :: Douguine
Une courte analyse des événements du théâtre « Nord-Ost »


1. Le 22 octobre 2002, en prenant des otages, les terroristes ont mis danger le destin de la Russie, le régime politique du Président russe Vladimir Poutine. Le destin de l’Etat russe a été mis en péril pendant deux jours. Ce n’était pas une simple attaque, c’était un véritable complot.
2. L’autorité du Président Poutine est fondée sur sa réaction politique et militaire aux attentats de Moscou [en 1999] et aux opérations de guérilla au Daguestan en 1999. Les Russes ont reconnu cela et l’ont choisi pour sa ligne de conduite dans cette situation. Sur cela repose le consensus national concernant sa légitimité.

3. Par sa réponse au défi des séparatistes tchétchènes, Poutine a défini le nouveau « programme » de la politique russe après Yeltsin. Le programme était en résumé : « La valeur intrinsèque de l’Etat russe ne peut pas être contestée ». Poutine a consolidé cette thèse avec les toutes premières actions de sa présidence. La société entière – l’intelligentsia, les médias, les Tchétchènes, le Tatarstan, les gouverneurs, les députés de la Douma – a dû accepter cela.

4. Par la suite : pendant ses trois années au pouvoir, après les premières avancées radicales – la réforme des districts fédéraux, la réforme du Conseil de la Fédération, l’envoi en exil des intrigants/oligarques géopolitiques –, Poutine n’a pas confirmé ses premières entreprises par des actions concrètes. Tous les acteurs du jeu politique ont eu l’impression d’un retour à la période de la fin du « Yeltsinisme ».

5. L’interruption des réformes d’Etat prévues fut accompagnée par des concessions géopolitiques au bénéfice des Etats-Unis – ce qui fut particulièrement évident après le 11 septembre 2001. Il semblait que les réformes de Poutine s’étaient enlisées.

6. Manifestement, certaines forces précises de la géopolitique mondiale et aussi certains opposants intérieurs potentiels – c’est-à-dire les séparatistes, les islamistes, certains oligarques, etc. – ont pensé que le bon moment était venu pour une sévère déstabilisation de la Russie de Poutine. Ils décidèrent de lancer un défi à Poutine, et à travers lui, à la Russie. Les tragiques événements de Dubrovska ont été l’expression de ce défi.

7. Cette attaque était dans l’intérêt de tout le monde sauf des Tchétchènes. Les Tchétchènes ont accepté les règles du jeu de Poutine. La diaspora tchétchène et ses représentants – presque sans exception – ont commencé à coopérer activement avec les autorités et les militaires russes ; la Tchétchénie du Nord a pleinement reconnu la légitimité fédérale, et même la majorité des commandants sur le front se sont adaptés d’une manière ou d’une autre à une certaine symbiose – parfois paradoxale – avec les militaires russes. La solution politique de la question tchétchène était au programme, et dans l’ensemble convenait à tous les Tchétchènes. L’attaque a effacé tout cela d’un seul coup. A partir de maintenant, les Tchétchènes, même sur un plan purement théorique, ne peuvent plus prétendre au statut d’« acteur politique ». En tant que peuple ils n’ont plus de droits. Il leur reste les droits des citoyens. Mais politiquement les Tchétchènes en tant qu’ethnie n’existent plus. Indéfiniment.

8. Les forces qui ont défié Poutine et la Russie ne peuvent pas non plus provenir directement du terrain de l’islam. L’islam, en tant que civilisation, est à de nombreux égards très faible, et certains partenaires – la Russie, l’Europe, les pays asiatiques, et d’autres participants potentiels à la construction du monde multipolaire – sont vitalement indispensables à la réalisation de ses objectifs stratégiques géopolitiques. L’islamisme, le radicalisme islamique – le wahabisme, Al-Kaïda – agit contre les intérêts des musulmans, contre l’Umma, au nom des idéaux de sa propre secte hérétique (le soi-disant « islam pur ») et en tant qu’arme de la géopolitique unipolaire atlantiste. Par conséquent les terroristes islamiques ne remplissent pas la mission des musulmans, mais de leurs adversaires, défendant les intérêts de ceux contre lesquels leur combat est apparemment dirigé. Les islamistes et leurs structures – toute les « internationales » et « comités islamiques » possibles – doivent être effacés de la surface de la Terre. Cela est dans l’intérêt non seulement de l’humanité, mais aussi des musulmans. Ces forces qui ont attaqué Moscou agissent contre les intérêts de l’islam.

9. En Occident – et spécialement aux Etats-Unis – les opinions sur le régime de Poutine et sur sa valeur géopolitique divergeaient. Une partie des stratèges considèrent que Poutine est acceptable pour l’Occident et que sa loyauté envers les Etats-Unis est suffisante. Une autre partie (Brzeszinski, Wolfowitz, etc.) est convaincue que Poutine ne fait que gagner quelque répit par la ruse pour la Russie, et qu’elle se redressera bientôt. Cette dernière tendance – soutenue par certains milieux anti-Poutine composés d’anciens Russes et de Russes – a cyniquement décidé de tester la véritable position du système de Poutine, qui (d’après certains signes extérieurs) commençait à montrer quelques fissures.

10. L’attaque de Dubrovska a été organisée avec l’appui de ces forces géopolitiques. Les islamistes tchétchènes – à ce propos, Movsar Baraïev a été converti à l’islamisme par Khattab et son assistant qui, comme chacun le sait aujourd’hui, étaient sur les listes des salariés de la CIA – étaient manipulés par des commanditaires complètement différents. Il n’y aura rien d’étonnant si on découvre que l’infrastructure de soutien des terroristes de Moscou ne se trouvait pas du tout dans la diaspora tchétchène.

11. Quand les terroristes mirent en œuvre la première phase du plan, beaucoup de choses devinrent évidentes. A nouveau, comme dans les derniers temps de Yeltsin, surgirent les soi-disant politiciens « démocrates », que les médias résiduels des oligarques expulsés tentèrent de réanimer avec l’aide des terroristes. A nouveau on entendit les slogans oubliés des idiots prétentieux : « Pas de guerre en Tchétchénie ».

12. Si cette entreprise avait atteint une certaine masse critique, et si Poutine avait vacillé, sa légitimité politique aurait été perdue, et nous serions maintenant dans un pays complètement différent. Cela supposait aussi une certaine préméditation habile : vacillant sur la question la plus importante, Poutine n’est plus Poutine, et la Russie – à nouveau, comme sous Yeltsin – n’est plus la Russie. C’était aussi l’enjeu.

La sévérité du défi fut aggravée par une autre circonstance. Si en résultat de l’assaut tous les otages étaient morts, alors Poutine aurait dû justifier une telle action, à laquelle il n’était psychologiquement pas prêt. De plus, cela aurait pu entraîner une vague incontrôlée de colère nationale spontanée et de tensions interethniques, qui aurait amené le pays au bord de la guerre civile. Les organisateurs de l’attaque avaient tout calculé avec précision : confronté à un tel défi, le système de Poutine – incapable de résoudre des problèmes plus simples dans des conditions favorables et tombé presque au plus bas niveau en trois années – ne pourrait pas le surmonter. Poutine aurait dû confirmer son choix radical par une série de mesures politiques si sévères que cela aurait été critique pour le pays et pour le peuple. Il n’y avait qu’une seule solution – la porte étroite, la solution dans l’esprit des Symplegades [épisode de la mythologie grecque].

13. Poutine, le système politique et toute la Russie ont été sauvés par les services spéciaux. Cette fois-ci les militaires ont résolu une équation presque insoluble. Quelques secondes de délai, et le nombre des victimes aurait été multiplié par dix. La Russie était entre les mains des tchékistes [le FSB]. Ils ne l’ont pas lâchée. Ils ont sauvé le Président, ils ont sauvé le pays, ils nous ont sauvés, vous et moi.

14. Le 26 octobre, ce ne sont pas seulement 700 otages qui ont été sauvés – c’est la Russie elle-même qui a été sauvée.

15. Poutine doit consolider sa difficile et dramatique victoire. Il a prouvé qu’il est « celui qu’il nous faut ». Il a justifié la confiance de ceux qui ont cru en lui. Il a élevé un mur sur la route de ceux qui avaient décidé – à cause de ses hésitations – qu’on pouvait le ligoter avec des cordes et retourner tranquillement en arrière. Comme on l’a vu, cela est impossible.

16. Nous avons gagné. Cela n’a pas été facile. Cela a été chèrement payé. Mais c’est ainsi. Les victimes innocentes ne sont pas mortes comme du bétail empoisonné. Elles sont tombées pour la Patrie, pour le pays. Parce que chaque Russe [russkii], chaque citoyen russe [rossiyanin] est déjà en guerre – il y a peu de gens autour de nous qui nous aiment, et personne n’est vraiment chagriné. Et nous devons être prêts à tout moment à payer le prix pour que notre pays soit la Russie, pour que notre langue soit le russe, pour être les citoyens d’une grande Patrie. Pour la grandeur, la dignité, la fierté et la liberté, il faut toujours payer. Il n’y aura pas de pitié pour nous. Mais nous devons aussi être cléments, dès que nous avons mis notre botte sur la poitrine d’un ennemi vaincu. Pas avant cela. Pas avant.

17. A partir de maintenant le Président Poutine a pris une nouvelle responsabilité devant la nation. Elle a cru en lui, et pas en vain, comme il vient de le montrer. Mais maintenant nous attendons d’autres actions. Le Président a les mains libres, le contrat de confiance est restauré. « Oui, il est capable de nous défendre, il est capable de dire durement ‘non’ aux ennemis » – pensent en eux-mêmes ou à haute voix les Russes, du Kamchatka à Kaliningrad. Il a levé tous les doutes.

18. Le problème de la Tchétchénie n’était pas celui de la capacité militaire ou celui de la communauté internationale, c’était celui de la corruption de la classe politique – incluant les militaires. Résoudre ce problème est impossible sans une véritable et complète révolution des cadres. Aujourd’hui ce n’est pas seulement possible, c’est inévitable.

Les médias : la 1ère Chaîne [ORT] et RTR se sont révélées être des chaînes russes compétentes. Elles ont aidé le Président, le peuple, les militaires. Elles ont passé l’examen avec honneur. Ce sont les médias nationaux. TVS a montré que les fils menant au lobby russophobe, jouant invariablement sur l’affaiblissement du statut de la Russie et de ses autorités, n’ont pas été tranchés. Ils ne le seront que par le gaz innervant. Leur comportement n’est pas allé jusqu’au soutien déclaré aux terroristes. NTV a démontré qu’elle n’est pas capable de se débarrasser complètement de l’ivresse du cynisme pseudo-humaniste. Dans l’ensemble, les médias se sont comportés convenablement, bien qu’un certain nombre de figures soient scandaleusement sortis du cadre des règles nationales de la correction politique. Cependant, dans l’ensemble : quel chemin nous avons fait avec Poutine depuis les temps terribles de Yeltsin ! Avant 1999, les terroristes auraient donné des conférences de presse sur toutes les chaînes russes, auraient communiqué avec « Kasyanov » et « Poutine » au téléphone, auraient tué les otages avant que « Kiselev » n’ait fini de parler …

19. Pour résumer : le Président est maintenant obligé de donner un contenu substantiel à ce qu’il avait déjà commencé. Nous attendons de lui qu’il reste lui-même, qu’il devienne finalement lui-même. Et en cela nous le soutiendrons de tout notre cœur.


26 octobre 2002


Texte original par EURASIA
Traduit du russe par M. Conserva
Version française par F. Destrebecq
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