Assassiné en plein Parlement, au Cap, le 6 septembre 1966, le Dr Hendrik Frensch Verwoerd (1901-1966) reste encore aujourd’hui le « Père de la Nation » pour d’innombrables Afrikaners.

Dans la « biographie politique » qu’il lui consacre, Pierre-Olivier Sabalot (1) dépeint le destin extraordinaire de ce fils d’immigrants néerlandais. Professeur de psychologie et de sociologie au sein de la plus prestigieuse Université du pays (Stellenbosch, berceau de la fameuse équipe nationale de rugby, les « Springboks »), puis rédacteur en chef du plus grand journal afrikaans du pays (« Die Transvaler »), membre important du Broederbond, il devient ensuite sénateur puis Ministre des Affaires indigènes en 1950, avant de devenir Premier ministre en 1958.

A la fois idéologue et homme politique, Verwoerd est certainement le plus grand Homme d’Etat qu’ait connu l’Afrique du Sud au XXè siècle. Il est non seulement l’inventeur des « Bantoustans », devenant ainsi le « Grand Architecte de l’apartheid », mais il est surtout celui qui aura donné au pays les moyens politiques, économiques et militaires d’une grande puissance industrielle régionale.

Son assassinat lui confère une aura encore perceptible de nos jours (2).

L’auteur, Pierre-Olivier Sabalot, né en 1970, est diplômé de l’Institut d’Etudes politiques d’Aix en Provence, et d’un DEA « Histoire d’Outre-Mer » de l’Université d’Aix en Provence. Il a vécu en Afrique du Sud et enseigné les Sciences économiques et sociales au Lycée français de Johannesburg.

Son ouvrage, le première biographie complète du Dr Verwoerd disponible en français, se base sur ses propres recherches universitaires, et la riche bibliographie fournie est essentiellement en anglais et en afrikaans. Des cartes, des photos (dont certaines sont inédites), et des annexes illustrent l’ouvrage.

Ecrit dans une langue claire, accessible, ce « Verwoerd » est une synthèse qui permet à la fois de situer le Dr Verwoerd dans le contexte (historique, idéologique, politique, économique et sociologique) de son époque, et d’ouvrir des perspectives de recherches, notamment par les nombreuses notes et repères bibliographiques qui lui servent de support. L’auteur évoque des aspects souvent peu connus du grand public (histoire du Broederbond et du SABRA, poids de l’idée religieuse dans la maturation du nationalisme afrikaner, rôle de la démographie comme cause essentielle de la chute finale de l’apartheid, comparaison avec l’Union soviétique…) et donne corps à tout un ensemble de personnages (Piet Meyer, Werner Eiselen, Willie Marais, Hendrik Van den Bergh, Carel Boshoff…) qui mettent en relief l’action du Premier ministre.