|
 |
Les catholiques virent à l’extrême droite
Christophe Henning |
Intérieur
|
Le dernier sondage Ifop-Pèlerin est sans appel : la doctrine sociale de l’Église est inaudible pour 32 % des catholiques. Et le silence des autorités ecclésiastiques devient assourdissant.
Le premier tour des Régionales a révélé l’état de délabrement de la société française. Avec un sondage réalisé le jour même des élections, l’hebdomadaire Pèlerin publie une radiographie éloquente du vote catholique : s’ils restent fidèles à leur devoir électoral (54 % de votants, contre 50 % des Français, et même 90 % des catholiques pratiquants réguliers), les cathos virent nettement à droite, voire à l’extrême droite.
Tandis que 27 % des Français soutiennent la droite parlementaire, les catholiques sont 33 % à s’exprimer en faveur des listes Les Républicains, UDI ou MoDem. Mais c’est le choix frontiste qui marque un virage inédit : 28,40 % des Fran- çais votent pour le Front national (FN), et les catholiques sont plus nombreux encore, à hauteur de 32 % des votes exprimés. Si les pratiquants réguliers résistent mieux aux sirènes de l’extrême droite (24 %) que les non-pratiquants (34 %), c’est quand même désormais – en tous cas pour ce scrutin régional – un catholique sur quatre qui vote pour le parti de Marine Le Pen. Comment comprendre ce glissement de terrain qui, sensible depuis quelques années, s’aggrave ? Les personnes ayant répondu au sondage assurent – pour la moitié d’entre elles – qu’elles n’ont voté qu’en fonction de considérations locales et régionales. Ce qui, au passage, discrédite considérablement des élus de terrain qu’on pensait mieux compris de leurs administrés. Pour 40 % des votants, le désaveu porte davantage sur la politique gouvernementale. Que les catholiques – même pratiquants – participent à ce rejet de la classe politique est patent : les « cathos de gauche » ne sont plus qu’une minorité, même si elle reste très présente dans le débat pré-électoral. Quant à la digue qui séparait encore la droite de l’extrême, elle ne tient plus. Il faudrait une analyse plus fine encore pour en percevoir les subtilités, mais les catholiques penchent vers le FN non seulement par rejet des politiques classiques, incapables de réduire le chômage ou la baisse du pouvoir d’achat, mais aussi – dans une proportion plus importante que la moyenne des Français – en raison des problèmes de migration et de terrorisme.
Depuis plusieurs années, l’Église de France rechigne à lancer des consignes de vote et fait preuve d’une grande réserve liée à la disparité d’opinions en son sein. Elle risque de s’apercevoir que la doctrine sociale mais aussi l’accueil de l’étranger, la justice économique et d’autres enseignements évangéliques pourraient bientôt être jetés aux orties au profit d’un vote protestataire, avant de devenir identifié, voire même identitaire. Un vote paradoxalement à rebours de l’Église du pape François.
Christophe Henning, conseiller éditorial de Pèlerin |
temoignagechretien :: lien |
|
 |
|
 |
|
|