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Mercredi, 16 Décembre 2015 |
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« Stop Daech » : une mobilisation plus que décevante…
Gabrielle Cluzel |
Intérieur
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Samedi, Boulevard Voltaire ouvrait ses colonnes à Camel Bechikh, président de Fils de France, pour qu’il y évoque la manifestation « Stop Daech, tous unis contre la barbarie » prévue le lendemain au Trocadéro. Il en était l’un des organisateurs, avec notamment Tarek Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux et Ghalib Bencheikh, animateur de la tranche musulmane des émissions religieuses de France 2.
Comme le rapporte Le Parisien, l’objectif était que « chrétiens et musulmans crient ensemble : Stop Daech ». Tarek Oubrou exhortait ainsi, dans Le Figaro, ses coreligionnaires à venir : « Les musulmans ne doivent pas être visibles seulement grâce aux boucheries halal, mais aussi dans la condamnation citoyenne des actes commis au nom de l’islam », et plus loin : « Les Français ne doivent pas prendre notre silence pour une complicité. Je manifeste à double titre, en tant que musulman et en tant que citoyen français. »
Hélas, la mobilisation n’a pas été à la hauteur des espérances. À peine une centaine de participants et pas tous musulmans. Parmi eux, quelques jeunes femmes voilées agitant un drapeau bleu-blanc-rouge, mais en nombre moins important que les photographes venus les immortaliser.
Alors quoi ? Je ne suis pas musulmane, je n’ai pas la réponse, mais je m’interroge. Je lis ici et là, depuis les attentats de janvier, que les musulmans n’ont pas le devoir envers les non-musulmans de se désolidariser de Daech, et que c’est agaçant et insultant de le leur demander. Mais s’ils n’ont pas ce devoir envers les autres, ne l’ont-ils pas envers eux-mêmes ?
Sur le plan personnel, celui de leur vie quotidienne, cette manifestation n’était-elle pas indispensable, comme moyen, pour eux, d’en finir avec les rapprochements insultants ? Le « padamalgam », récupéré à toutes les sauces, est si démonétisé que l’on vient à en oublier qu’il existe sûrement – nous autres ne le vivons pas, nous ne pouvons que le subodorer – un climat de suspicion à leur endroit quasi-inévitable et sans doute très désagréable. Comme le note Tarek Oubrou « Si j’étais un simple Français, j’aurais peur de l’islam, en regardant les médias et les actes affreux commis au nom de notre religion. »
Une démonstration de rue massive et sans équivoque contre Daech aurait permis de clore le bec aux « islamophobes » les plus patentés et les moins subtils.
Sur le plan spirituel, cette manifestation n’était-elle pas essentielle par sa vocation – on me pardonnera cette terminologie chrétienne – « réparatrice » ? Si en effet, Daech corrompt et pervertit le message du Coran, les djihadistes sont pour nous des assassins, mais sont, en sus, pour les musulmans, des traîtres. Le pape François l’a dit, tuer au nom de Dieu est un blasphème. Car c’est affirmer que Dieu est un meurtrier ou au moins un commanditaire. Si nous avions un père très bon qui avait écrit un bouquin, et qu’un serial killer, interprétant son œuvre de travers, égorgeait en prétendant s’inspirer de ses écrits, nous serions fous de rage, et n’aurions de cesse de laver l’outrage en même temps que neutraliser ce malade.
Peut-être tout simplement n’ont-ils pas été mis au courant ? Peut-être Le Parisien, Le Figaro et Boulevard Voltaire ne constituent-ils pas la lecture préférée de ce segment de population ? Mais qu’ont fait, dans ce cas, les vrais relais, je pense aux blogueurs influents comme Al Kanz ou Siam Assbague, si prompts à dénoncer l’amalgame et l’islamophobie ? Si seulement 10 % de leurs followers étaient venus dimanche, il n’y aurait pas eu 100 mais 5.000 manifestants. J’ai voulu leur poser la question. Al Kanz n’a pas souhaité être interviewé par un site comme Boulevard Voltaire. Et Siam Assbague n’a pas répondu. Dommage…
Boulevard Voltaire :: lien |
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