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Mercredi, 16 Décembre 2015 |
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Avant mai 81, la France aussi avait peur de « sauter le pas »…
Me Eric Barateau |
Intérieur
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La situation actuelle n’est pas sans rappeler celle qui avait précédé le 10 mai 1981. L’état de l’opinion publique est comparable à ce qu’il était vers 1978-1980. Il y a 40 ans, la droite disposait des titres du pouvoir institutionnel : présidence, gouvernement, parlement, exécutifs locaux, haute fonction publique. Pourtant, sur le terrain des idées, les enfants de 68 se retrouvaient entre eux, seul. Le printemps de la Nouvelle droite ne fût qu’un bref intermède dans un paysage intellectuel et médiatique déjà rose bonbon.
Giscard avait voulu, à coup de réformes libérales avancées, « vider le socialisme de sa substance ». Ce faisant, menant une politique de gauche, il avait fait du socialisme et préparé le terrain à ceux dont il prenait les idées en modèle. En 1978, ce fut d’un cheveu que la gauche unie échoua aux portes de l’Assemblée nationale.
Mais elle détenait déjà le pouvoir des idées, le sens du bien et du bon. Elle avait le monopole du cœur. La question de son accès à la victoire électorale n’était plus qu’une question de temps, le temps que le fringuant président de 1974 n’apparaisse plus que comme l’homme du passif, sept ans plus tard.
Mais, il faut aussi se rappeler comment, à l’époque, l’arrivée de la gauche aux manettes institutionnelles était envisagée : les communistes allaient s’installer dans les ministères, les soviets allaient prendre le pouvoir.
35 ans plus tard, l’opinion publique n’a jamais été autant ancrée sur des valeurs conservatrices à mille lieues des utopies gauchisantes ! La grande peur des bien-pensants subsiste pourtant. Elle s’est simplement inversée. On ne fantasme plus sur les SS20 et les chars de l’Armée rouge. On délire sur la suppression de l’IVG quand ce n’est pas sur le retour de chemises brunes, noires ou bleu marine… On ne sait pas trop mais on psychote dans les chaumières !
Et à l’appel au « bon choix » giscardien de 1978 a répondu, en écho, celui de notre Valssounet chéri prédisant la guerre civile et les pluies de sauterelles. Encore une fois, le bon peuple apeuré aura préféré de mauvais sortants à la voie de « l’aventure ».
Nous y sommes donc… quelque part là où l’union de la gauche se trouvait entre 1978 et 1981. Ne nous inquiétons pas, le contexte n’évoluera plus, dans les 17 mois à venir, d’une façon qui pourrait devenir favorable au gouvernement en place. Pas davantage ne s’estompera le souvenir stressant de la mandature qui avait précédée.
Il n’y aura ni magie, ni miracle. Il y a 35 ou 37 ans, personne n’aurait misé un kopeck sur une victoire présidentielle de Mitterrand, et pourtant… Mitterrand avait su alors trouver des soutiens hors de son courant, hors même du PS. Il n’était pas resté enfermé. Il avait su fédérer les énergies les plus éparses. Il avait su se poser en rassembleur. Sur son affiche, sur fond d’un paisible clocher de campagne, il avait aussi su rassurer.
Dans un an, la campagne de 2017 sera lancée. Il reste un an pour ouvrir, pour discuter, pour rassembler…
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