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Vendredi, 18 Décembre 2015
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L’heure des modérés ?
ean Garrigues, Professeur à l’université d’Orléans et à Sciences-Po
Intérieur
Et si l’essentiel, au vu des résultats du second tour, marqué par un sursaut de mobilisation des électeurs de la gauche comme de la droite, n’était pas tout simplement ce tropisme récurrent du paysage politique français : la modération !

Il y a différentes façons d’analyser le second tour des élections régionales. Certains y verront la confirmation de la poussée de la droite populiste depuis 2007 et de la tripolarisation de la vie politique française. D’autres souligneront le recul sensible des gauches, qui réalisent un de leurs pires scores depuis l’apparition des scrutins régionaux, mais qui conservent la présidence de cinq régions grâce aux triangulaires. D’autres enfin pointeront l’incapacité de l’union des droites et du centre à canaliser le vote-sanction, largement accaparé par le Front national. Et si l’essentiel n’était pas là ? Et si l’essentiel, au vu des résultats du second tour, marqué par un sursaut de mobilisation des électeurs de la gauche comme de droite, n’était pas tout simplement ce tropisme récurrent du paysage politique français : la modération !

Comment oser un tel diagnostic, alors que la droite protestataire et populiste réalise le meilleur score de son histoire, sur fond de désespérance et d’insécurité sociale, et alors que monte de toutes parts l’exaspération envers une classe politique considérée comme impuissante, cynique, médiocre, et coupée des réalités des «vrais gens» ? Comment parler de modération, alors que la sur-médiatisation se nourrit de dramatisation, d’incantation et d’appels au combat ? C’est, il est vrai, un pari osé, mais c’est celui que nous inspire la lecture dépassionnée de ce second tour.

Il faut d’abord constater, c’est une évidence, qu’une très forte majorité des électeurs, plus des deux tiers, ont résisté à la tentation du populisme. Ce sursaut républicain du second tour peut être interprété comme une stratégie opportuniste, une alliance circonstancielle destinée à sauver telle ou telle rente de situation partisane. Mais c’est aussi et surtout l’héritage d’une vieille tradition politique, qui a commencé il y a plus d’un siècle, face au péril boulangiste des années 1880. Appelée à l’époque «concentration républicaine», elle a permis de mobiliser la droite et la gauche, les modérés et les radicaux, dans une alliance électorale contre le populisme du Général Revanche. Tout au long de notre histoire contemporaine, depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à l’élection présidentielle de 2002, ce réflexe de défense républicaine a fait rempart à l’extrême droite. Il s’inscrit dans les gènes de notre démocratie républicaine, et il détermine le fameux «plafond de verre» que le Front national n’arrive pas à dépasser. On nous rétorquera que ce plafond de verre ne cesse de s’élever depuis 2012, et qu’il pourrait se briser lors de l’élection présidentielle de 2017. C’est une hypothèse improbable, car ce plafond nous apparaît scellé par le tropisme de la modération.

Constatons en effet que c’est le parti de la modération qui l’emporte dans la quasi-totalité des régions. Notons d’abord la déroute de la gauche de la gauche, qu’elle soit écologiste ou de tradition communiste. Remarquons ensuite que la gauche préserve son influence dans la France du Sud-Ouest, terre radicale plus encore que socialiste. Elle l’emporte de justesse dans la région Centre et en Bourgogne Franche-Comté, où ni François Bonneau ni Marie-Guite Dufay ne font figure de dangereux révolutionnaires. Quant à Jean-Yves Le Drian, figure emblématique du hollandisme, il semble évident que son aura personnelle lui a permis de rallier une grande partie des modérés à son panache de chef des armées.

Notons par ailleurs que la plupart des chefs de file victorieux de la droite incarnent eux aussi le courant modéré de leur famille, que ce soit Valérie Pécresse en Ile-de-France, Bruno Retailleau dans les Pays de Loire ou Philippe Richert (débarrassé de l’encombrante Nadine Morano) dans le grand Nord-Est. On nous rétorquera que Laurent Wauquiez en région Auvergne et surtout Christian Estrosi en Paca ne correspondent pas à ce profil. Mais le premier a un parcours suffisamment sinueux pour convenir à plusieurs électorats. Quant à Christian Estrosi, il doit son élection au report des voix de gauche, qui l’obligent mécaniquement à s’inscrire dans une logique de modération, à l’instar de Xavier Bertrand dans le Nord, qui y est plus naturellement enclin. Ajoutons à cette cartographie électorale de la modération la victoire du centriste Hervé Morin en Normandie, mais aussi les défaites in extremis d’autres centristes, tels Philippe Vigier en région Centre et François Sauvadet en Bourgogne. Enfin, observons que le tournant (peut-être décisif) de la campagne en Ile-de-France a été l’attaque violente portée par Claude Bartolone à l’encontre de Valérie Pécresse, et qui, rompant le pacte de la modération, a provoqué l’échec de la gauche.

Si l’on part de cette hypothèse, comment transformer le tropisme de la modération en horizon de gouvernance ? La réponse s’appelle recomposition politique, rapprochement des modérés, voire grande coalition. On aurait pu s’y attendre au lendemain de l’élection présidentielle de 2002, mais ni Jacques Chirac ni la gauche ne l’ont voulu ainsi. Treize ans après, constant l’échec de l’alternance dramatisée, n’est-il pas temps d’identifier ce qui rassemble les modérés de tous bords, de la droite, du centre et de la gauche, au lieu de s’évertuer à souligner leurs différences au nom du vieux partage bipolaire de notre espace politique ? Dans les conseils régionaux, ils votent ensemble les trois quarts du temps. N’est-il pas temps de reconnaître que la véritable ligne de partage passe aujourd’hui entre d’un côté les européistes et de l’autre les souverainistes, entre les républicains d’ouverture et les populistes d’exclusion ?

Ne peut-on constituer un socle commun à la fois idéologique et programmatique, adossé la vision commune d’une société libérale régulée par les fondamentaux d’un Etats-Providence adapté à la nouvelle donne de la mondialisation, ouverte sur l’horizon d’une Europe démocratisée et d’une laïcité tolérante mais intégratrice ? La coalition des modérés, celle qui fonctionne en Allemagne aujourd’hui, celle qui a parfaitement fonctionné en France au temps de la concentration républicaine de Waldeck-Rousseau en 1899 ou de l’Union nationale de Raymond Poincaré en 1926, ne serait-elle pas une solution aujourd’hui ? A l’heure où François Hollande a engagé la politique socialiste sur la voie d’une inflexion libérale, à l’heure où Manuel Valls, dans l’héritage de Clemenceau, se réclame de l’ordre républicain, il n’est pas impossible de penser qu’un rapprochement est possible avec les démocrates-chrétiens comme François Bayrou, les radicaux humanistes comme Jean-Louis Borloo ou les gaullistes sociaux comme Alain Juppé .

Revenons sur terre. Il est évident qu’une telle coalition apparaît totalement impossible à réaliser dans la France de 2015. Ce serait une révolution copernicienne impensable pour les apparatchiks de tous bords, les petits notables et les grands féodaux, et, il faut bien le dire, pour les médias qui se nourrissent des petites phrases et des guerres picrocholines entre la droite et la gauche. Plus profondément, ce serait briser la culture du front populaire si prégnante dans la tradition de gauche depuis presque un siècle, et ce serait en contradiction totale avec l’esprit de la Ve République, conçues pour cette opposition binaire entre la droite et la gauche. D’ailleurs, toute la stratégie de François Hollande à l’horizon 2017 vise à dramatiser l’affrontement contre son adversaire préféré Nicolas Sarkozy, et réciproquement. Que le meilleur gagne pour affronter Marine Le Pen au second tour !

Une fois de plus, l’écosystème du politique, le poids des ambitions et des calculs personnels, mais aussi des traditions culturelles et des rentes de situation risque fort d’empêcher que soient prises en compte les transformations en profondeur de l’esprit public. Au mieux, il faudra attendre la débâcle de l’un ou l’autre partenaire de la nébuleuse modérée lors du premier tour de 2017 pour que le camp des vaincus commence à envisager de se remettre en cause et de faire bouger les lignes. D’ici là, le Front national continuera à prospérer sur le constat de l’impuissance, et surtout des faux-semblants. Et pourtant chacun sait bien que le front unique de la gauche n’est plus possible entre un Emmanuel Macron et un Jean-Luc Mélenchon, que tout oppose. En revanche, entre les sociaux libéraux et les libéraux sociaux, une véritable convergence paraît possible, sans oblitérer les différences, et sans tomber dans les travers de la Quatrième République. Oui, l’LRPS existe, la convergence des modérés est réelle, et Marine Le Pen a raison de l’évoquer….sauf que ce n’est pas un gros mot. Au contraire, ce pourrait être une chance de réconcilier les Français avec la politique, et peut-être le tremplin d’un renouveau.

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