De sa chambre monacale de Notre-Dame de Damas, le p�re Elias Zahlawi persiste et signe : �Moi, pr�tre arabe, je prie nuit et jour pour que le Hezbollah tienne bon.� Ce message, il le d�livre volontiers en public.

Vendredi, en chaire, ce pr�lat grec-catholique syrien a demand� aux fid�les de �prier pour la r�sistance et pour Hassan Nasrallah (NDLR : le secr�taire g�n�ral du Hezbollah), qui d�fend la justice�.

La requ�te a �t� bien re�ue. �Les autres pr�tres pensent comme moi et les chr�tiens syriens aussi�, assure le p�re Elias, robuste sexag�naire au cr�ne ras�. Dans le monde arabe, la popularit� du Parti de Dieu chiite transcende les religions. �motionnellement, la valeur au combat des miliciens semble en passe de venger toutes les d�faites pass�es. �Le Hezbollah nous a rendu notre dignit�. Au moins, maintenant, nous pouvons respirer dignement�, poursuit le pr�tre. Au chevet de son lit, la radio est bloqu�e sur la fr�quence de �Radio lumi�re�, la station du Hezbollah. �C'est l� que je prends les nouvelles du Liban�, explique le p�re Elias Zahlawi.

Au mur, une photo de Jean-Paul II voisine avec une vue de J�rusalem et un montage qui montre le Christ frappant � la porte des Nations unies � New York ; la photo d'un b�b� palestinien tu� d'une balle dans le ventre est ins�r�e dans le cadre. Le p�re Elias d�nonce le dernier projet de r�solution franco-am�ricain, qu'il juge �taill� sur mesure pour r�pondre aux d�sirs d'Isra�l�.

L'ignorance occidentale des r�alit�s religieuses orientales

Les chr�tiens du Levant se sont souvent trouv�s � la pointe du combat nationaliste. En Syrie, prot�g�s par un pouvoir � l'id�ologie la�que, les chr�tiens repr�sentent entre 5 et 10% de la population. Comme dans le reste du Proche-Orient, ils sont tr�s minoritaires. Mais le p�re Elias ne s'effraie ni du projet politico-religieux du Hezbollah, ni de ses liens avec l'Iran : �Nasrallah est un sage.� Cette sagesse, estime-t-il, aidera le chef du Parti de Dieu � ne pas se laisser griser par la victoire. �Toute puissance �mergente, si elle n'est pas contr�l�e par l'intelligence, peut devenir un cancer. Mais avec lui, je n'ai pas peur.�

Le pr�tre, parfaitement francophone, se d�sole de ce qu'il consid�re comme l'ignorance occidentale des r�alit�s religieuses orientales. �Les musulmans ne sont pas nos ennemis. J'entretiens des amiti�s profondes avec des cheikhs, ce que je souhaite � tout pr�tre. Vous voyez ma montre ? Elle m'a �t� donn�e par sa femme en souvenir de mon meilleur ami, le plus grand cheikh syrien, mort r�cemment. Le terrain sur lequel a �t� b�tie cette �glise a �t� vendu par un musulman � moiti� prix, puisqu'il s'agissait d'y construire un lieu de culte.�

En Syrie comme au Liban, les chr�tiens montrent leur solidarit� avec les r�fugi�s libanais chiites. Samedi, la Mercedes noire du patriarche grec-catholique Gr�goire III, suivie de celle du nonce apostolique, s'arr�te dans la cour poussi�reuse d'un monast�re en construction � Sednaya, dans la montagne. La chr�tient� syrienne exprime ici sa force et sa splendeur. Le soir venu, des croix lumineuses de plusieurs m�tres de haut s'allument sur les sommets, signalant des �glises cossues d�cor�es d'ic�nes en or. Dans la cour du monast�re, le patriarche vient r�conforter plus de 500 r�fugi�s de la Bekaa, la plupart chiites. Que pense-t-il du Parti de Dieu ? �Le Hezbollah, c'est le Hezbollah, dit Gr�goire III, en fran�ais lui aussi. Je soutiens le droit des gens � obtenir justice.� Pour le pr�lat, �l'attaque contre le Liban est une �chappatoire. Le fond du probl�me, c'est le conflit isra�lo-palestinien, que les grandes puissances devraient r�soudre�. Et le patriarche d'entonner l'hymne national libanais, entra�nant avec lui des dizaines d'enfants r�fugi�s accroch�s � sa robe.