A l’issue de la grande kermesse du «peuple des Grillini» qui s’est tenue à Rome, Beppe Grillo a promis de recueillir un million de signatures en faveur de la sortie de l’euro.

« Il faut sortir de l’euro le plus tôt possible. Nous ne sommes pas encore en situation de défaut, mais les capitaux sont en train de fuir de l’Italie depuis septembre ». Après plusieurs mois de silence radio, le leader du Mouvement Cinque Stelle (M5S), Beppe Grillo, est sorti de sa réserve à l’occasion d’une grande kermesse du «peuple des Grillini» qui a réuni quelque 150.000 personnes selon les services de police (500.000 selon les organisateurs) au Cirque Massimo, à Rome. Un «Woodstock» de trois jours, en plein cœur de la cité éternelle, où il a harangué la foule des militants en promettant de lancer sa campagne visant à recueillir un million de signatures pour son référendum sur la sortie de l’euro. Malgré les objections des constitutionnalistes rappelant que la Constitution interdit d’organiser un référendum en vue d’abroger un traité international, il a promis le dépôt d’une «première loi d’initiative populaire » pour mai 2015.
Qu’il s’agisse de Mario Draghi, le «banquier qui n’a aucun titre pour nous donner des ordres», de Matteo Renzi ou d’Angela Merkel… , le gourou du M5S n’a pas ménagé ses adversaires : les «singes au c… rouge pelé» et les «maçons qui gèrent le pays»… «Nous sommes menacés de défaut de paiement : Matteo, je t’en prie, dépêches toi de faire exploser ce pays pour que nous puissions réaliser ton effet dévastateur. Si vous avez des bons du Trésor, vendez-les au plus vite», a conclu le leader du mouvement populiste. «Regardez-moi : ou nous changeons de cap maintenant ou je me jette par-dessus bord», a même menacé l’ancien comique génois, du haut d’une grue de vingt mètres. Histoire de prendre de la hauteur… Selon les derniers sondages, cinq mois après les élections européennes de mai dernier, le M5S se maintient comme la deuxième force politique du pays derrière le parti démocrate, avec 21% des intentions de vote contre 38,4% pour le parti de Matteo Renzi.
Le nouveau gouvernement belge a l’accent flamand
En Belgique, il est rare de ne pas interpréter les faits à travers le prisme de la bataille communautaire entre Flamands et Wallons. Le nouveau gouvernement qui vient tout juste de prêter serment devant le Roi (de tous les Belges faut-il préciser, même s’il est plus respecté dans la partie francophone du pays que chez les néerlandophones) n’échappe pas à cette règle. Au vu de la composition de l’équipe gouvernementale, on peut dire que celle ci ne parlera français que si nécessaire – et encore, avec un fort accent flamand. Si on met de côté les Affaires étrangères, tous les postes régaliens sont tombés dans l’escarcelle de représentants de Nord du pays (Finances, Justice, Défense et Intérieur). Les francophones représentés au sein de ce gouvernement par le seul parti du MR peuvent se consoler en disant qu’ils disposent du poste de Premier ministre (avec Charles Michel) et de celui du Budget. Cela ne suffit pas à dissiper le doute. « La parité linguistique de rigueur au niveau du gouvernement est à présent un leurre », écrivait samedi le quotidien francophone « Le Soir ».
Dans ce nouveau paysage, c’est surtout le parti nationaliste flamand N-VA qui peut se frotter les mains. Fort de son score aux élections de mai qui en ont fait le premier du pays, celui ci a réussi à obtenir cinq maroquins parmi les plus importants (Finances, Intérieur, Défense, Immigration, Fonction publique). Son président, Bart de Wever, a préféré rester à sa mairie d’Anvers plutôt que d’intégrer ce gouvernement. Mais il se félicite déjà d’une configuration qui a permis de « mettre les socialistes dehors ». Cette prédominance des Flamands – trois partis sur quatre au sein de la coalition, et les maroquins les plus importants – pourrait toutefois à terme fragiliser le gouvernement, pas à l’abri d’une crise politique. Là encore, le fameux prisme communautaire.
Euro : clash of clans
La semaine s’annonce tendue pour le gouvernement allemand. Demain le ministre de l’Economie Sigmar Gabriel doit corriger à la baisse sa prévision de croissance. La semaine dernière, les instituts allemands de conjoncture avaient déjà anticipé le mouvement, tablant sur une croissance de 1,3% cette année contre 1,9% auparavant. Ce coup de mou conjoncturel relance le débat sur les investissements et la politique du gouvernement allemand. Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble veut inscrire un équilibre budgétaire en 2015 pour la première fois depuis 1969. Le sujet s’est d’ailleurs invité ce week-end à la réunion d’automne du Fonds monétaire international (FMI).
A peine arrivé à Washington, le ministre allemand a immédiatement annoncé qu’il serait « fou » de revenir sur cet objectif, devenu un marqueur central de la CDU, son parti présidé par Angela Merkel. Pour lui, l’Allemagne peut certes investir davantage mais pas dans des programmes publics et sans renier à sa vertu budgétaire. Il a cependant trouvé peu d’alliés, à part le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, qui prône lui aussi le sérieux budgétaire. Ensemble, ils ont profité de la réunion internationale pour répéter leurs critiques sur la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de lancer un vaste programme d’achats d’actifs. Les représentants allemands se sont retrouvés face à un front uni, allant de la directrice du FMI, Christine Lagarde, au président de la BCE, Mario Draghi, en passant par le ministre des Finances français, Michel Sapin. Tous ont appelé les pays « ayant des marges de manœuvre budgétaires » à les utiliser pour investir davantage. Clairement visée, la première économie de la zone euro s’est rarement trouvée aussi isolée sur la scène internationale.