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Parachutes dorés des élus : une « communauté d’esprit » avec les patrons du CAC 40 ?
Aristide Leucate |
Mondialisme
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Au soir du 13 décembre, la caste politique jurait, la main sur le cœur, qu’on ne l’y reprendrait plus et qu’elle avait enfin entendu la « colère », « l’exaspération », le « ras-le-bol » des Français, qu’il fallait vraiment en finir avec les promesses non tenues et qu’ils allaient, à présent, « faire baisser le Front national » en s’attaquant au chômage et à la baisse du pouvoir d’achat pour, et bla-bla-bla…
Le lendemain, tandis que près de 7 millions d’électeurs du FN se réveillaient avec la gueule de bois, que plus de 18 millions d’abstentionnistes ne se reconnaissaient pas dans leurs nouveaux représentants régionaux, qu’un peu plus d’un million de bulletins blancs et nuls manifestaient leur mécontentement d’avoir été spoliés le soir du premier tour et que 5,5 millions de non-inscrits ne se sentaient nullement concernés par ce scrutin endogamique – soit, au total, plus d’un Français en âge de voter sur deux littéralement effacés des écrans radar du ministère de l’Intérieur et des instituts de sondages -, les tambouilles politiciennes reprenaient de plus belle dans les arrière-cuisines de l’oligarchie.
Ainsi, l’on apprend que certains élus (nous ne citerons pas de nom pour ne pas rajouter, à l’infamie du scandale, l’abjection de la délation) se sont repositionnés en fonction de leurs mandats encore existants. Dès lors, ceux qui ont été élus ont dû (ou devront très prochainement) abandonner un mandat ou deux pour respecter la loi organique du 14 février 2014 interdisant le cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de député ou de sénateur. Mais parmi eux, beaucoup ont souhaité conserver la fonction la plus rémunératrice comme, par exemple, en démissionnant du mandat de maire pour conserver celui de président d’intercommunalité.
D’autres, en revanche, ayant perdu leur précédent mandat régional (parfois un poste de président ou de vice-président, et avec de substantielles indemnités, soit respectivement 5.512,13 € et 2.129 € à 3.725 € bruts mensuels), vont s’empresser de faire voter une augmentation de leur rémunération d’élus municipal ou intercommunal pour compenser la perte financière, quelques-uns prétextant même que ces plus-values indemnitaires sont totalement indolores pour les budgets et s’opèrent par glissement d’un mandat disparu vers un mandat encore actif. Un enfumage que les 10 % de chômeurs et précaires que compte notre pays apprécieront…
Le comble du cynisme réside dans le fait que ces élus parasites invoquent vertueusement l’autorité de la loi qui les autorise, par ailleurs, à pratiquer l’écrêtement, lequel consiste, en cas de cumul de mandats, à plafonner leurs indemnités dans une fourchette ne pouvant excéder 6 % de l’indice brut 1015 de la fonction publique et devant être compris dans l’enveloppe indemnitaire du maire et des adjoints.
En mars dernier, une proposition de loi doublant la durée d’indemnisation des élus locaux à la fin de leur mandat fut adoptée à l’unanimité des parlementaires, dont la grande majorité exerce également un mandat local. Il y a deux jours, l’entreprise Peugeot décidait de redistribuer la part excédentaire de ses dividendes à ses salariés, sans doute pour mieux occulter les indécentes rémunérations que se font verser leurs grands patrons.
Qu’attends donc Jean-Jacques Bourdin pour déclarer devant Pierre Gattaz qu’« il n’y a pas de liens directs entre les patrons du CAC 40 et les élus “républicains”, mais cette pratique des parachutes dorés reflète finalement une communauté d’esprit ».
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