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Mercredi, 9 Octobre 2002
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Entretien sur le paganisme
Christian Bouchet
Spiritualités :: Alternatives religieuses
Cet entretien est paru pour la première fois dans le numéro 8 (hiver 1996-1997) de la revue Solaria.

Docteur en ethnologie et chercheur en science des religions, auteur du livre Le Néo-paganisme (Editions Pardès), Christian Bouchet à été un des intervenants du colloque sur le paganisme organisé à Paris, en 1996, par la revue L'Originel. Son allocution sur le thème Typologie du paganisme contemporain, considérée comme provocatrice par certains a entraînée des réactions passionnées d'une partie de l'assistance.

Nous lui avons donc demandé de nous accorder un entretien afin qu'il puisse préciser sa pensée.
Solaria

Paganisme, néo-paganisme, polythéisme … il semble y avoir une pluralité de termes pour désigner la même réalité.

Pas tout à fait.

En effet ces termes désignent trois réalités distinctes. Pour moi, on va parler de paganisme lorsqu'il s'agit d'une religion polythéiste incréée. On désignera comme néo-paganisme des « religions » recréées par des contemporains à partir de documents historiques ou ethnologiques plus ou moins bien maîtrisés et compris, voire de « religions » créées de toutes pièces. Enfin, je qualifierai de polythéiste un courant non structuré recueillant l'héritage du paganisme antique et l'enrichissant tout en refusant de constituer des groupuscules religieux ou des conventicules; ce courant a une forte réalité intellectuelle et plonge ses racines jusqu'à la période du déclin du paganisme originel.

Il n'y a donc pas de continuité entre le paganisme historique et le néo-paganisme contemporain ?

Aucune.

D'un certain côté, il faut bien voir que le paganisme n'est jamais mort. Il a toujours inspiré l'esprit de certains hommes.

Il y eut d'abord les tentatives de restauration du culte solaire sous les empereurs illyriens, puis celle plus tardive de l'empereur Julien – que l'on connaît habituellement sous le nom péjoratif que lui ont attribué les chrétiens, c'est à dire Julien l'apostat. – A la fin du IV° siècle, alors que le christianisme est devenu religion d'Etat, on parlera même un temps de « renaissance païenne ».

Par la suite, les valeurs païennes ont toujours survécu, tant dans l'inconscient collectif que dans de nombreux rites populaires folkloriques, la théologie de certains hérétiques et dans les œuvres littéraires et artistiques.

A la fin du XVe siècle, la Renaissance naîtra d’une reprise de contact avec l’esprit du paganisme antique. On verra de nouveau s’affronter philosophes platoniciens et aristotéliciens, on traduira et commentera Homère, Démosthène, Plutarque, etc. Les plus grands artistes, architectes, peintres et sculpteurs tireront leur inspiration de la matière antique. Les anciens dieux gréco-latins retrouvèrent ainsi une nouvelle jeunesse, dont profita toute l’Europe, tandis que, dans le Nord, la redécouverte de l’antiquité germanique joua un rôle identique dans le processus de renaissance nationale que connut l’Allemagne.

La Révolution française et l’Empire furent tout imprégnés de l’antiquité romaine et égyptienne. Mais au début du XIXe siècle, ce furent surtout les romantiques allemands qui honorèrent et ressuscitèrent l’esprit antique. La Grèce pré-chrétienne leur apparaissant comme le modèle même de la vie harmonieuse.

Quelques décennies plus tard, en France, on assista, l’archéologie et la linguistique aidant, à une immense vogue littéraire païenne, qui toucha aussi bien les symbolistes que les parnassiens, les romantiques que les néoclassiques. Tandis que Victor Hugo se rallie au panthéisme, Théophile Gauthier exalte l’hellénisme, Lecomte de Lisle publie ses Poèmes antiques et ses Poèmes barbares, Théodore de Banville, ses Cariatides, José Maria de Heredia, ses Trophées, Juliette Adam, un roman intitulé Païenne, Pierre Louÿs, Aphrodite et Les Chansons de Bilitis. Anatole France tresse des couronnes à Leuconoé et Loeta Acilia, Louis Ménard chante les vertus du mysticisme hellène. Albert Samain, Jean Moréas, Henry de Régnier, Jules Laforgue, Hugues Rebell, Maurice Barrès, Charles Maurras, Paul Verlaine, Edouard Schuré, Armand Sully Prudhomme, Edouard Dujardin, François Coppé, Gabriele d’Annunzio ne sont pas en reste.

Dans la littérature moderne, le paganisme éclate avec David Herbert Lawrence, Colette, Pierre Drieu La Rochelle, Jean Giono, Julius Evola, Louis Rougier, Jean Cau, Knut Hamsun, Stephan George, Henry de Montherlant, Rainer Maria Rilke, Marguerite Yourcenar, Jean Markale, John Ronald Reuel Tolkien, etc.

Parallèlement, le polythéisme irrigue les marges tant de la gauche que de la droite.

Au XIXe siècle à gauche, certains blanquistes (particulièrement Gustave Tridon), certains républicains ultras (tel Louis Ménard), verront dans le polythéisme le fondement de l’idéal républicain. Idée d’ailleurs partagée par une partie de leurs adversaires qui identifient, eux aussi, le paganisme à la démocratie et au socialisme.

A la même époque, à droite, Charles Maurras, qui vitupère alors les « obscurantismes judéo-chrétiens » et le « venin du Magificat », fait le voyage d’Athènes ; Maurice Barrès fait lui celui de Sparte ; tandis qu’Hugues Rebell s’écrie :

« Toute la grande misère de ce siècle, c’est toi, Calvin, c’est toi misérable qui l’as faite ! Quand l’humanité commençait à se délivrer de Jésus, à se délivrer de Paul, tu es venu étouffer sa force ; mais nous finirons peut-être par t’étouffer à ton tour.

Nous déchirerons les redingotes grotesques de tes ministres ; nous ferons des édits somptuaires contre le noir, le chagrin, la ridicule solennité et nous couvrirons de fresques païennes et de claires tentures les murs blancs de tes temples pour installer à la place du crucifié la sainte Vénus, le saint Amour.

Puis nous brûlerons les livres graves, lourds et pédantesques de tes savantasses et nous canoniserons le Soleil, la poésie et la joie. Alors on dira : « Les Dieux et les déesses sont revenus, car sur le gazon frais, des nymphes et des satyres couronnés de roses se seront mis à danser » ».

Au XXe siècle, le socialisme rationaliste et le marxisme vont mettre un terme au paganisme de gauche, tandis que l’on trouvera à droite les noms de Julius Evola, auteur du remarquable Impérialisme païen, de Louis Rougier, traducteur du Contre les chrétiens de Celse, de Jean Cau, etc.

Mais au niveau des formes, des structures, il n’existe aucune filiation ininterrompue. De plus, aucun des « païens » - que je préfère personnellement nommer polythéistes – passés ou présents ne participeront à celle-ci. Il faut attendre la fin du XIXe et le début du XXe siècle pour voir une série de mouvements néo-païens s’organiser. Cela principalement dans les régions à fortes tendances centrifuges où ils se marièrent habituellement avec un nationalisme culturel ou politique, comme ce fut le cas en Bretagne, dans les Pays Baltes et dans les régions celtiques de la Grande-Bretagne.

Pourtant l’apparition du néo-druidisme est beaucoup plus ancienne !

Tout à fait. On la doit à John Toland (1669-1722). Mais le néo-druidisme né en marge de la franc-maçonnerie est resté longtemps une structure folklorique qui ne rejetait nullement le christianisme et qui ne pouvait être assimilée à une résurgence du paganisme. A ma connaissance, le premier groupe druidique clairement néo-païen est la Kredenn keltiek fondée dans les années trente. On notera d’ailleurs qu’encore actuellement, une partie non-négligeable des groupes druidiques fait référence au christianisme.

Cela dit, le druidisme néo-païen, ainsi que les autres formes de néo-paganisme vont rester très minoritaires. Ce n’est que dans les années soixante-dix que le néo-paganisme va connaître un essor important dans les pays anglo-saxons, principalement du fait de l’impact des idées du Nouvel âge.

De surcroît, récemment, l’effondrement des régimes communistes à l’Est a permis la renaissance subite de vieux courants païens qui subsistaient dans l’ombre depuis l’intégration de ces pays dans le bloc soviétique.

On trouve au sein du néo-paganisme divers courants très différents…

Se risquer à dresser une classification, c’est se risquer à déplaire à beaucoup et à ne parvenir qu’imparfaitement à son but. En effet, d’une certaine mesure, on peut dire qu’il y a autant de paganismes différents que de païens.

On peut cependant séparer les mouvements néo-païens en deux grandes catégories : les dénominationalistes, c’est à dire ceux qui se réfèrent à un Dieu principal nommé et à un panthéon défini, et les non-dénominationalistes, c’est à dire ceux qui se disent païens sans se définir par rapport à un Dieu particulier.

Le néo-paganisme dénominationaliste est surtout un néo-paganisme ethnique, c’est à dire faisant référence aux Dieux propres à un peuple ou à un ensemble de peuples. Il recouvre différentes voies dont les principales sont l’odinisme et le druidisme, les paganismes romains et grecs n’ayant donné naissance qu’à des groupes de faible importance.

Depuis la chute du communisme, un paganisme ethnique assez dynamique, mais qui reste de faible importance numérique, s’est développé dans le nord de l’Europe de l’Est avec des mouvements comme Zadruga en Pologne, Romuva en Lituanie, Dievturi en Lettonie, Kryuja en Biélorussie, le Vèdisme en Russie.

Par ailleurs, d’une manière assez surprenante, un paganisme ethnique, fort minoritaire, mais qui existe cependant, est né ces dernières années dans la communauté juive des USA. Ses membres se revendiquent du polythéisme préabrahamique du peuple juif et du paganisme cananéen.

Le paganisme dénominationaliste non ethnique s’incarne surtout dans les courants néo-mithraïque et solaire. En effet le mithraïsme a effectué ces dernières années une surprenante percée dans la mouvance néo-païenne, du fait principalement du travail de certains groupes de musique industrielle (Blood axis, Allerseelen, etc.), mais sans que cela débouche sur une structure quelconque. Quant au courant solaire, il est représenter dans l’aire francophone par la revue Solaria.

Le principal courant du paganisme non-dénominationaliste est la wicca. Fondé dans les années quarante sur les marges de l’occultisme par Gerald Gardner, ce fut tout d’abord un mouvement de néo-sorcellerie dont les adeptes tentaient de remettre en pratique les sabbats dénoncés par l’inquisition en insistant sur leur côté sexuel. Après bien des avatars, ce courant fut investi par un nombre non négligeable de féministes anglo-saxonnes qui l’ont totalement transformé. Actuellement, il s’agit de la forme la plus « soft » existante du paganisme, celle qui est la plus proche du New Age et la plus influencée par celui-ci. Comme telle, la wicca met l’accent sur la personnalité féminine de la divinité et sur les valeurs féminines, sur les rituels saisonniers en groupe – que l’on nomme des covens -, sur une forme spiritualisée d’écologie, etc. Si ce mouvement connaît une grande vogue dans les pays anglo-saxons, son implantation dans l’Europe latine est quasiment nulle.

Très proche de la wicca, et parfois d’ailleurs confondu avec celle-ci, est le néo-chamanisme dont les adeptes recherchent avant tout un contact direct avec les éléments, incarnations à leurs yeux des divinités, et éventuellement des pouvoirs théurgiques.

On rangera encore parmi les non-dénominationalistes ce qui semble être une spécificité française, c’est à dire à la fois des groupes et des revues de réflexion sur le paganisme dont l’orientation est plus polythéiste que néo-païenne.

Sont-ce là tous les mouvements que l’on peut qualifier de néo-païens ?

Stricto sensu, oui. Mais on peut aussi intégrer – avec bien des réserves – dans la scène néo-païenne d’autres courants.

Tout d’abord, ce que je nommerais un paganisme allogène. C’est à dire un paganisme pratiqué par des communautés immigrées en France, qu’elles soient originaires d’Afrique, des Antilles, d’Inde, voire d’Amérique Latine. Ce paganisme devient un néo-paganisme dès qu’il sort de sa sphère ethnique. Ainsi on peut considérer comme néo-païennes certaines formes d’hindouisme, de religions des Amérindiens ou de vaudou, pratiquées par des Européens.

Il y a ensuite tout un para-paganisme. Cela concerne tout d’abord le « mouvement égyptien » qui est un courant délicat à définir puisqu’il mêle franc-maçonnerie, rosicrucianisme, occultisme à la mythologie égyptienne. Il est difficile de dire que l’on est là dans un courant réellement païen. En effet, il n’y a pas d’affirmation claire d’un polythéisme, ni rupture ouverte avec le christianisme. Dans les loges maçonniques égyptiennes, la Bible figure sur l’autel et on fait toujours référence au Grand architecte de l’univers ; à l’Amorc, l’égyptiannisme se mêle étroitement à la légende chrétienne de Christian Rosencreutz. Même dans une structure comme l’Aube dorée, où l’accent est mis sur les divinités égyptiennes, les références chrétiennes sont présentes.

On peut aussi parler de para-paganisme pour certains courant du New Age. Ainsi on trouverait à l’origine de la communauté de Findhorn des « devas », des divinités champêtres. Mais cet aspect est très marginal dans le New Age, dont les sources et l’ambiance sont plutôt résolument chrétiennes et messianiques.

Il semble que dans les pays anglo-saxons, certains satanistes se considèrent comme néo-païens. Est-ce exact et comment cela est-il ressenti par la communauté néo-païenne ?

En effet, dans les pays anglo-saxons, mais aussi à un moindre degré en France, certains membres d’organisations sataniques se veulent en même temps païens et se revendiquent alors soit de l’odinisme – en voyant dans la figure de Loki un satan nordique – soit de la wicca, en insistant sur la potentialité satanique des sabbats.

Ces prétentions sont très mal prises par la majorité des autres néo-païens qui dénoncent avec vigueur le satanisme. Mais il faut bien voir que dans le même temps le plus sérieux et le plus important groupe odiniste des USA, l’Asatru Alliance, accepte dans ses rangs des personnalités comme William Bainbridge – un ancien dirigeant du groupe luciférien The Process – et Michael Moynihan – un prêtre de l’Eglise de Satan -, connus pour leurs connections avec le satanisme et qu’une personnalité surprenante comme Stephen Flowers, alias Edred Thorsonn, est sous un patronyme un des dirigeants du luciférien Temple de Set, et sous l’autre un auteur reconnu de la mouvance odiniste !

Il est frappant de constater que ces néo-païens satanisants cumulent souvent les comportements « scandaleux », les « anormalités » : ils sont néo-païens, satanistes et, souvent, nostalgiques du III° Reich, ce qui en dit long sur un comportement, qui à mon sens relève plus du désir de choquer et du problème psychologique, que de la religion.

Lors du colloque de la revue L’Originel, vous avez insisté sur ce que vous nommez la « parodie » du néo-paganisme. Pourriez-vous développer cette opinion ?

Je partage totalement le jugement d’Alain de Benoist, qui, dans Comment peut-on être païen ? fait référence à des « groupes et des chapelles parfois bien intentionnées, parfois maladroits, souvent involontairement comiques et parfaitement marginaux (…). Aussi bien, ce qui nous semble surtout à redouter aujourd'hui, du moins selon l'idée que nous nous en faisons, c'est moins la disparition du paganisme que sa résurgence sous des formes primitives et puériles, apparentées à cette religiosité seconde sont Spengler faisait, à juste titre, l'un des traits caractéristique des cultures en déclin, et dont Evola écrit qu'elle correspond généralement à un phénomène d'évasion, d'aliénation, de compensation diffuse ».

En fait, plus de vingt années de contact avec la mouvance néo-païenne font que j'ai d'elle une une image globalement négative. On trouve chez elle très peu de religieux et beaucoup de parodie, de compensation psychologique. Je ne tiens pas à m'étendre sur ce sujet, mais trop souvent les néo-païens se condamnent eux-mêmes au ridicule par leurs incohérences intellectuelles. Des druides qui se disent chrétiens à ceux qui croient que les mégalithes ont été construits par des soucoupes volantes, en passant par des employés de bureau à l'existence particulièrement grise qui deviennent "Grands prêtres de Wotan" le temps d'un week-end, il y aurait beaucoup à citer !

Cela dit, je reconnais bien volontiers que certains groupes, cependant, mènent un travail d'un très grand sérieux. Je ne citerais que, pour en rester dans la mouvance druidisante, des structures comme la Kredenn keltieg et son bulletin Ialon, ou la Fédération druidique des Gaules, qui publie Message.

Pour conclure, pensez-vous que le néo-paganisme ait un avenir en tant que religion alternative ?

Le néo-paganisme organisé piétine et ne connaît que des succès très limités. Le néo-paganisme ne peut prendre de l'ampleur que s'il perd sa spécificité et devient un courant du New Age, on a alors des "païens" qui font du channeling, tirent les tarots, interrogent les runes, croient à l'avènement d'une nouvelle ère, etc. Mais est-ce que ceux-ci seront encore des païens, ou même des néo-païens ? Je ne le pense pas.

Pourtant, il y a une place pour un nouveau paganisme à l'aube du XXIe siècle. Et l'émergence de celui-ci, je la vois sous la plume d'écrivains isolés comme Laborde ou Bastian ; dans les soirées raves et chez les fous de techno ; dans les concerts de hard-rock et de métal.

Je la vois également dans le retour aux signes et aux marquages tribaux que sont le piercing, le tatouage ou le branding, situation dont ont d'ailleurs conscience un certain nombre de tatoueurs comme l'animateur du studio Nomad Body Piercing qui affirme :

« La philosophie de Nomad est la recherche de l'unité avec les méthodes et la sagesse tribale. Nous essayons de préserver d'anciennes coutumes de modification corporelle. Je pense que nous devons commencer à (re)créer des rites personnels. Le monde judéo-chrétien essaie de supprimer tout ce qui n'est pas pour lui sacré ; comme notre identité et notre sexualité.

Il est effrayant de constater à quel point nous sommes dissociés de la terre. Pourtant, il y a toujours une conscience tribale qui vit en nous. Avec de l'intelligence, l'environnement approprié et le désir de faire confiance à leurs propres intuitions, les gens s'écartent de ce que la culture dominante essaie de leur faire avaler de force, et se mettent en quête de quelque chose de plus naturel et magique.

Chez Nomad nous travaillons dans une perspective tribale. Nous sommes en opposition aux missionnaires qui dépouillent les gens de leur culture et de leur âme. Nous nous réclamons de quelque chose d'ancien, de quelque chose ayant une intégrité immense ».

Je la vois enfin dans une sexualité libérée du judéo-christianisme telle que la définit Guillaume Faye :

« Dans une conception païenne de la société - à la fois libertaire et souveraine, conviviale et régalienne, animée par le principe de plaisir comme par la volonté de puissance - tout peut coexister de manière organique et polythéiste : l'ascèse sexuelle, le libertinage, l'esprit de jouissance, la déviance, l'homosexualité, le saphisme, la sublimation, l'esthétisme. Chacune de ces attitudes correspond à une fonction, à un ordre, normé par des codes rigoureux.

Faire l'amour ou faire la guerre ? Non, faire l'amour et la guerre !

Prendre position pour une pan-sexualité - pour une omniprésence du sexe - c'est opérer un retour vers une conception vitaliste de la société, c'est se montrer païen, c'est s'opposer à l'humanisme égalitaire et totalitaire. Le pan-sexualisme est fondateur d'ordre, créateur de différences, ordonnateur de fonctions.

Le plaisir est païen, le plaisir est frère de la volonté de puissance. Gardons-nous de le condamner. Les défenseurs bidons des valeurs traditionnelles qui s'insurgent contre le retour, dans la jeunesse actuelle, du goût du maquillage viril, du travestissement sexuel dans les soirées, de l'échangisme adolescent, savent-ils qu'ils assistent là au retour salutaire de très anciennes traditions européennes, traditions qui renaissent aujourd'hui alors que la modernité grise et perverse du christianisme s'essouffle ? ».

Pour terminer sur une provocation, mais dans mon esprit ce n'est pas qu'une provocation, je dirais qu'une drag queen qui recrée inconsciemment les rites des prêtres de Cybèle est pour moi plus proche du paganisme de demain que le Français très moyen qui se déguise en druide ou en Grand prêtre d'Odin le temps d'un week end…

S'il doit y avoir un paganisme demain, il sera moderne - même s'il puise une partie de ses références dans le passé - et non pas parodique et muséal, ni conservé au formol et à la naphtaline.
0
depeches
Les Veilleurs 6/09/13
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