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Mercredi, 17 Septembre 2008
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La vérité vient de Croatie
Justin Cowgill et Tomislav Sunic
Théoriciens :: Autres
La vérité vient de Croatie
Rétrospectivement, le nationalisme intereuropéen a causé un tort irréparable à tous les peuples d’origine européenne, commençant avec la guerre civile en Amérique en 1861 et ensuite pendant la Grande Guerre Civile, la Première et la Seconde Guerres mondiales. Le nationalisme provincial étroit aux dépens des voisins de palier européens, à l’apparence similaire, est suicidaire. Il sert le but des non-Européens et d’autres phénotypes étrangers. Même en termes d’impératif territorial, le nationalisme étroit est aujourd’hui dépassé. La seule solution réside dans des poches de résistance culturelle supra-étatiques par les Européens aux USA, au Chili, en Afrique du Sud, en Europe, jusqu’en Russie, c’est-à-dire dans les endroits où des restes des peuples européens vivent encore. L’incapacité à clairement définir l’ennemi aujourd’hui pourrait conduire dans un futur très proche à une disparition complète de l’héritage européen. C’est seulement de cette manière extraterritoriale qu’on doit se définir aujourd’hui comme un Européen et non plus dans un cadre étroit, autiste et chauvin de l’Etat-nation. --Dr.Tomislav Sunic

L’interview suivante a été originellement publiée par PRAVDA.Ru en février 2002. Cette interview a été conduite par Justin Cowgill, un ancien rédacteur de PRAVDA.Ru. Le Dr. Tomislav Sunic, un ancien diplomate croate, est l’auteur de Against Democracy and Equality. The European New Right, qui devrait bientôt être republié aux Etats-Unis.

Salutations de Russie, Mr. Sunic ! Nous à PRAVDA.Ru sommes très satisfaits que vous ayez accepté de devenir l’un de nos chroniqueurs. En tant que diplomate croate, vous pouvez partager avec nos lecteurs des commentaires valables sur la Croatie d’aujourd’hui. Nous avons le sentiment qu’en conduisant cette interview, nous permettrons à nos lecteurs d’avoir une meilleure compréhension de votre personnalité et de vos positions politiques essentielles.

S’il vous plaît, parlez un peu de vous-même à nos lecteurs. Quelles sont les expériences qui ont formé votre vision sur la politique et la vie en général ? Quand vous-êtes vous intéressé pour la première fois à la politique ? Parlez-nous aussi un peu de votre carrière diplomatique.

La politique faisait partie de la vie familiale. Mon père, un avocat catholique et un ancien prisonnier politique, était constamment en désaccord avec les autorités communistes yougoslaves. De retour en Yougoslavie communiste, j’ai exprimé mon ressentiment contre le caractère mensonger du système en abandonnant tout et même en allant jusqu’en Inde. D’avoir été élevé avec des livres en plusieurs langues m’aida à obtenir mes diplômes universitaires et m’ouvrit de plus grands horizons. J’aime me demander de quelle manière mon interlocuteur ou mon ennemi me perçoit. Cela requiert un grand effort intellectuel et un grand détachement émotionnel. Après l’éclatement de la Yougoslavie, j’ai été appelé par le gouvernement de Tudjman pour faire du lobbying pour la Croatie.

Quelle fut votre position sur la guerre croato-serbe ? A un moment, on a dit que la Serbie et la Croatie étaient en fait parvenues à un compromis qui aurait stoppé la guerre, mais que l’Occident avait exercé des pressions sur la Croatie pour qu’elle forme une alliance avec les Musulmans bosniaques et qu’elle combatte contre les Serbes. Y a-t-il du vrai là-dedans ? A votre avis, des puissances extérieures ont-elles bénéficié de la guerre civile ?

J’ai dû entendre une myriade de rumeurs et de théories du complot au sujet de l’éclatement de la Yougoslavie en 1991. Je blâme moins les Serbes que l’Union Européenne et les USA pour leur soutien pendant des décennies de la fragile légalité du brassage multiethnique appelé Yougoslavie. La Yougoslavie fut le produit des architectes de Versailles en 1919, avec une nouvelle louche de bénédiction alliée en 1945 à Potsdam. Slobodan Milosevic le savait parfaitement, notamment lorsqu’il tentait de sauver la Yougoslavie par la force, ce qui accéléra en fait sa disparition violente. C’est la vraie raison pour laquelle il paie aujourd’hui un prix élevé à La Haye.

Il est bien connu que beaucoup de communistes croates sont devenus nationalistes après la sécession de la Croatie d’avec la Yougoslavie. Ces conversions étaient-elles authentiques, ou ces politiciens étaient-ils simplement des opportunistes ?

C’est la seconde proposition qui est vraie. Cependant, presque tous les anciens communistes croates sont maintenant des ultralibéraux partisans du libre-marché. C’est une marque non seulement de la Croatie mais de tous les pays postcommunistes, incluant la Russie. Ce qui est préoccupant, cependant, ce n’est pas tellement le volume incroyable de jactance civique et démocratique de la nouvelle classe politique ; c’est plutôt la sournoiserie et la phénoménale légèreté avec lesquelles elle a trahi son ancienne mythologie marxiste. Si d’autres mythes politiques venaient à dominer demain, les mêmes gens se presseraient aux pieds des nouvelles déités séculières sans aucun sentiment de culpabilité.

Alors que la Serbie a traditionnellement des liens étroits avec la Russie, les Croates semblent davantage s’identifier aux nations européennes occidentales, comme l’Allemagne. En fait, on a dit que de nombreux volontaires des nations occidentales sont venus en Croatie pour participer à la guerre civile. On a également dit que beaucoup de Russes et autres Slaves ont participé dans le camp de la Serbie. Savez-vous si cela a vraiment eu lieu ? Et si oui, dans quelle proportion les volontaires étrangers ont-ils participé à la guerre civile ?

Plus de 2.000 volontaires étrangers, du Chili au Canada, des USA à l’Australie, ont servi à un moment donné dans les premières unités irrégulières croates durant la dénommée Guerre Patriotique. Ce fut dû en partie à des affinités culturelles et en partie aux forts sentiments anticommunistes de beaucoup. L’armée yougoslave à dominante serbe arbora l’étoile rouge communiste jusqu’en 1995, ce qui favorisa d’emblée la cause séparatiste croate parmi les conservateurs européens et US. Le malheureux clivage religieux entre l’Est orthodoxe et l’Occident catholique refit surface avec violence. De nombreux volontaires occidentaux et de nombreux Croates expatriés vinrent pour combattre. Je ne peux pas être plus précis pour le moment.

Quel est votre opinion sur Ante Pavelic, le dirigeant croate durant la Seconde Guerre mondiale ? On a affirmé que le gouvernement oustachi avait commis de nombreuses atrocités contre les Serbes, les Juifs, et d’autres non-Croates. Quelle est la part de propagande et quelle est la part de vérité ?

L’historien anglais Edward Carr a écrit qu’avant d’étudier l’histoire, il faut d’abord étudier l’historien. L’incapacité à regarder des récits historiques différents, c’est-à-dire révisionnistes, conduits à des incompréhensions, à la paranoïa, et finalement à des conflits armés. L’ancienne propagande yougoslave avait commis une erreur en sur-gonflant les crimes fascistes croates de la Seconde Guerre Mondiale. En 1990, Tudjman a osé démolir cette victimologie antifasciste. Ses discours publics, étant donné les « liens historiques », lui valurent bientôt une mauvaise réputation parmi les groupes de pression libéraux, à la fois aux USA et en Europe. De plus, ses discours étaient une raison largement suffisante pour altérer l’état d’esprit des Serbes locaux, des ruraux en grande partie, en Croatie, qui étaient déjà poussés à la frénésie par la propagande communiste de Milosevic. La spirale de peur et de mauvaise perception, soutenue par des récits mythiques et histrioniques des deux cotés, aboutit à la guerre en 1991.

Quant à Ante Pavelic, le dirigeant de la Croatie pendant la Seconde Guerre mondiale, son rôle doit être replacé dans son époque, c’est-à-dire avec le Roumain Corneliu Codreanu, le Flamand Staf De Clercq, l’Anglais Oswald Mosley, le Russo-américain Anastase Vonsiatsky, l’Espagnol Franco, ainsi que d’autres dirigeants fascistes réels ou supposés.

Pendant ma récente visite en Croatie, j’ai eu l’impression que beaucoup de Croates se sont réjouis quand l’OTAN a lancé sa campagne militaire contre la Serbie. A votre avis, les Croates ordinaires nourrissent-ils encore de tels sentiments hostiles envers la Serbie ?

Malheureusement, c’est largement vrai. Beaucoup de Croates, même dans les milieux académiques, utilisent ce type de « légitimation négative ». Les Serbes sont souvent utilisés comme boucs émissaires pour les échecs de la Croatie, que ce soit dans le domaine de la diplomatie ou de l’économie. Cependant, les Serbes à la mentalité centralisée ont traditionnellement nourri le culte d’un « peuple élu » destiné à jouer un rôle dirigeant dans les Balkans ; c’est la raison pour laquelle ils se sont aliénés les autres peuples non-serbes. Le résultat final fut la guerre.

Du Congrès de Berlin en 1878 jusqu’à l’année 1991, les Serbes furent les chéris des puissances occidentales antiallemandes. Je pense que ces deux peuples proches finiront par se parler à nouveau. Les Croates doivent comprendre que les Serbes resteront leurs premiers voisins. Cependant, d’un point de vue anthropologique plus large, il est utile d’alerter la classe politique dans l’Union Européenne et aux USA concernant le fait que les Etats multiculturels, pour ne rien dire des Etats multiraciaux, ne durent jamais longtemps. Avec des idées comme l’immigration incontrôlée et irresponsable, le gouvernement US et l’Union Européenne préparent la voie à leur propre balkanisation. Le cas de l’ex-Yougoslavie multiethnique en dit long.

L’actuel gouvernement croate a indiqué qu’il aimerait rejoindre l’Union Européenne aussi bien que l’OTAN. Si la Croatie est acceptée dans l’une de ces organisations, quels changements pourraient-ils avoir lieu en Croatie, d’après vous ? A votre avis, ces changements seraient-ils positifs ou négatifs ?

Il n’y a pas de « oui », de « non » ou de « si ». Rejoindre l’Union Européenne et l’OTAN est la seule option pour la Croatie, à moins de devenir un Etat paria. Les seuls problèmes sont les méthodes croates. La classe politique croate ne connaît pas les relations, les contretemps possibles, les termes d’engagements juridiques, etc. La Croatie n’a pas de société civile, puisqu’elle a été détruite après la Seconde Guerre mondiale par le dirigeant yougoslave Tito et ses partisans communistes, qui étaient très largement composés à partir de la populace semi-rurale ahurie. Le public croate ne connaît pas pleinement les dessous de l’Union Européenne ou de l’OTAN. Il envisage l’entrée dans ces organismes supranationaux comme l’entrée dans un club de loisirs pour gens riches et égoïstes. Ce dont la Croatie a besoin, c’est d’abord d’une décommunisation totale. Sans cela, la Croatie souffrira constamment d’un manque de capacité décisionnelle. Pour l’instant la Croatie, tout comme la classe politique russe, tente maladroitement d’imiter tout ce qui est occidental.

Vous êtes connu comme un anticommuniste véhément. Pouvez-vous expliquer les raisons de votre opposition au communisme ? De plus, vous avez dit que les principales menaces actuelles pour la Croatie sont les idéaux « occidentaux » du capitalisme et du consumérisme. Si vous vous considérez comme un anticommuniste aussi bien qu’un anticapitaliste, quel système politique souhaitez-vous pour la Croatie, une sorte de troisième voie ?

Il existe différentes formes d’anticommunisme. Cependant, être anticommuniste ne présuppose pas qu’on doive adopter sa seule contrepartie actuelle, c’est-à-dire le capitalisme global. Les deux systèmes ont des principes inhérents d’égalitarisme, d’économisme et d’universalisme, c’est-à-dire la croyance en l’idéologie abstraite des « droits de l’homme » et du dogme de la croissance économique perpétuelle. Du fait de son image violente, de ses mauvais résultats économiques et de sa sélection sociobiologique négative, avec son innommable topographie de terreur, le communisme a perdu son attrait intellectuel. Par contre, le capitalisme moderne, qui opère aujourd’hui sous le terme de « mondialisme », réussit mieux à promouvoir les mêmes buts totalitaires, bien qu’avec une rhétorique différente. C’est l’utopie réalisée.

De nombreuses pratiques communistes erronées sont maintenant pleinement opérationnelles dans l’Union Européenne et aux USA, bien que sous des noms différents. L’ancien romantisme politique paléo-communiste, tel que le multiculturalisme, le multiracialisme, l’autocensure académique, l’opportunisme intellectuel, mieux connu sous le nom de Politiquement Correct, et la perte du sens du tragique, est en plein développement en Occident. De plus, à la différence du communisme, le libéralisme moderne, c’est-à-dire le capitalisme global, ne laisse pas de traces de sang visibles ni de cohortes de martyrs dans son sillage. Sa longévité destructive est garantie.

Vous vous êtes aussi élevé contre le nationalisme aveugle, qui, à votre avis, a été utilisé pour manipuler les peuples de l’ancienne Yougoslavie. Cependant, vous avez aussi indiqué que vous vous considérez comme pro-européen. Quelles sont les raisons de votre opposition au nationalisme ? Considérez-vous que vous avez des idées paneuropéennes ?

Rétrospectivement, le nationalisme intereuropéen a causé un tort irréparable à tous les peuples d’origine européenne, commençant avec la guerre civile en Amérique en 1861 et ensuite pendant la Grande Guerre Civile, la Première et la Seconde Guerres mondiales. Le nationalisme provincial étroit aux dépens des voisins de palier européens, à l’apparence similaire, est suicidaire. Il sert le but des non-Européens et d’autres phénotypes étrangers. Même en termes d’impératif territorial, le nationalisme étroit est aujourd’hui dépassé. La seule solution réside dans des poches de résistance culturelle supra-étatiques par les Européens aux USA, au Chili, en Afrique du Sud, en Europe, jusqu’en Russie, c’est-à-dire dans les endroits où des restes des peuples européens vivent encore. L’incapacité à clairement définir l’ennemi aujourd’hui pourrait conduire dans un futur très proche à une disparition complète de l’héritage européen. C’est seulement de cette manière extraterritoriale qu’on doit se définir aujourd’hui comme un Européen et non plus dans un cadre étroit, autiste et chauvin de l’Etat-nation.

Vous avez passé une partie de votre vie aux Etats-Unis. D’après mon expérience personnelle comme Américain vivant en Europe, je sais que beaucoup d’Européens se font une fausse idée de la réalité concernant la vie aux USA. Vous, un Européen qui avez vécu de nombreuses années aux USA, avez pu constater la différence entre ce qui est présenté dans les films et les médias que regardent les Européens et la réalité quotidienne de l’Américain. Pouvez-vous partager vos pensées sur ce sujet avec nos lecteurs ? S’il vous plaît dites-nous aussi quelque chose sur les Croato-américains. Beaucoup de ces immigrants sont-ils politiquement actifs ?

Le problème avec tous les Européens de l’Est, incluant les Croates, est une crise d’identité et un profond complexe d’infériorité. Le manque d’affirmation de soi, qui est dû aux perpétuelles secousses historiques dans cette région, entraîne souvent un romantisme politique surréel et plein de suffisance. La plupart des Croates ont hérité de forts résidus de la nature mensongère de l’homo sovieticus, combinés au monde imaginaire des feuilletons à l’eau de rose. Les expatriés croates n’ont pas joué de rôle important dans le financement de la campagne de Tudjman. Cependant, ils vivent aussi dans leurs propres mondes imaginaires, voyant la Croatie actuelle d’une manière romantique et folklorique. Il y a aussi un fossé psychologique fondamental entre les Croates de Croatie et les expatriés croates. C’est cette perception indirecte et erronée de deux mondes virtuels, respectivement, qui conduit à la dégradation des communications. En ce qui concerne le gouvernement post-Tudjman, à tendance de gauche, il a poussé de coté les expatriés croates.

J’aimerais que vous donniez à nos lecteurs une évaluation de l’actuel gouvernement croate. Pouvez-vous faire une prédiction concernant les prochaines élections ? Si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui, qui gagnerait à votre avis ?

Les votes cumulés des partis d’opposition de droite pourraient facilement déloger le présent gouvernement à tendance de gauche dans une élection. A cause de leurs querelles constantes et de leur approche clanique de la politique, cela sera difficilement le cas. Bien qu’étant une petite nation de quatre millions de citoyens, la Croatie présente des différences régionales phénoménales entre le nord et le sud et les Croates de la Méditerranée, qui font souvent leurs choix électoraux sur la base de leurs propres décisions régionales. Presque la même réplique existe parmi les Croates expatriés, à la différence des nationalistes flamands, irlandais ou palestiniens, qui ont tous une plate-forme politique suprarégionale. Ces luttes internes sans fin ne font pas de la Croatie un partenaire sérieux aux yeux des observateurs occidentaux. C’est seulement sous la direction de Tudjman, un homme qui avait une vision profonde de la diversité croate, que la Croatie a réussi à devenir un Etat indépendant. L’actuel gouvernement de coalition, qui est formé de cinq partis plutôt à gauche, a conduit le pays dans une impasse administrative.

Comment se souvient-on du défunt président croate Franjo Tudjman en Croatie ? En Occident, beaucoup le considèrent comme un criminel de guerre qui aurait dû être jugé à La Haye. Cependant, durant la guerre, Tudjman reçut le soutien de l’Occident et semblait savoir comment « renvoyer la balle » aux puissances occidentales. Se souvient-on de lui comme du père de la Croatie indépendante ou sa réputation a-t-elle souffert des critiques de l’Occident ?

La Croatie de Tudjman n’a reçu aucun appui de l’Occident avant 1995. L’émergence de la Croatie fut principalement l’œuvre de volontaires anonymes, des individus engagés, avec une forte volonté de puissance. Avant 1995, la Croatie fut soumise à un embargo sur les armes, tout comme les restes de la Yougoslavie lourdement armée, c’est-à-dire la Serbie. Elle dut construire son administration et son armée à partir de rien. Ce fut un moment qui unit brièvement tous les Croates de différentes tendances politiques. L’Union Européenne n’a jamais aimé Tudjman. C’était un ancien communiste devenu un ardent révisionniste et anticommuniste, une raison largement suffisante pour que les décideurs politiques occidentaux isolent la Croatie. La dénommée communauté internationale est maintenant fermement derrière le gouvernement croate de gauche, plus docile.

En parlant de La Haye, comment la question de l’extradition des vétérans de guerre croates est-elle traitée par la presse croate ? Comment le Croate moyen ressent-il cette question ? D’une part, il semble que la Croatie et la Serbie sont dans le même bateau. On demande aux deux nations d’envoyer des gens que certains considèrent comme des héros de guerre, pour être jugés par un tribunal étranger dans un pays étranger.

Même les héros ne durent pas longtemps. A nouveau, les soldats croates, à cause de la pression de divers organismes internationaux, sont souvent dépeints comme une bande de criminels. La justice de La Haye recherche une « équidistance légale » entre l’agresseur yougoslave et les victimes croates. Les Croates moyens sont étonnés et déroutés. A quels dieux doivent-ils se fier aujourd’hui ?

Cependant, je ne blâme pas La Haye ou la communauté internationale pour leurs pratiques légales maladroites. Etant un disciple du sociologue Vilfredo Pareto et du juriste Carl Schmitt, je blâme le manque de leadership en Croatie, le manque de nouvelles élites, et le manque d’une méritocratie capable de se faire respecter des architectes souvent ignorants du Nouvel Ordre Mondial. Jouer la docilité et brailler des « mea culpa » ne mènera à rien. Pareto a écrit : « Celui qui devient un mouton trouvera toujours un loup pour le dévorer ». C’est le cas pour l’administration croate composée d’anciens communistes sans initiative, dont beaucoup ont un passé trouble.

A votre avis, le gouvernement croate devrait-il faire quelque chose pour aider les Croates bosniaques ? Ils semblent être dans une position assez difficile, puisque leurs politiciens et leurs partis politiques les plus populaires ont été interdits. Il est clair qu’ils ne se sentent pas vraiment représentés dans le gouvernement bosniaque et qu’ils aimeraient former un Etat croate indépendant. Y a-t-il une chance pour que, dans le futur, les Croates de Bosnie puissent être annexés par la Croatie ?

Jouer les idiots est souvent une vertu en politique, mais vivre dans des illusions peut être dangereux. La Bosnie et l’Herzégovine forment une réplique plus petite et tardive de la Yougoslavie multiethnique ratée. Elle peut être maintenue sur la carte, comme elle l’est actuellement, seulement par des troupes étrangères, y compris des troupes américaines, et par des commissaires européens à moitié ignorants. Nous devons nous souvenir de quelle façon l’ancienne Yougoslavie multiethnique a terminé son voyage dans l’obscurité. J’ai parlé avec quelques dirigeants étrangers et quelques membres des médias. Ils sont conscients de la nature artificielle de ce pays, mais ils doivent se conformer à la rhétorique des nouveaux « modèles multiculturels ».

Les Croates et les Serbes de Bosnie n’ont pas le problème de décider qui rejoindre dans le futur putatif. Par contre, si les Musulmans bosniaques ne prennent pas leur propre décision exécutive concernant leur identité, quelqu’un d’autre le fera bientôt à leur place.

Mr. Sunic, voulez-vous nous parler de votre dernier livre, Against Democracy and Equality. The European New Right. Quelles sont les idées essentielles de ce livre ? Quelle a été votre motivation pour l’écrire ?

Ce livre est un survol de quelques figures éminentes de la dénommée Révolution Conservatrice de la première partie du XXe siècle, comme le sociologue Vilfredo Pareto, le politologue Carl Schmitt, l’historien Oswald Spengler, et beaucoup d’autres. Le livre couvre aussi leurs héritiers intellectuels de la Nouvelle Droite Européenne d’aujourd’hui. Je suis épouvanté par l’esprit dogmatique et le parti pris dans l’enseignement supérieur aux USA et dans l’Union Européenne, qui pendant des années a été soumis à un lavage de cerveau gauchiste et à une scolastique freudo-marxiste frauduleuse. Je suis aussi choqué par la fausse méritocratie de l’Establishment américain et par le ridicule système de l’affirmative action [= discrimination positive] qui me rappelle fortement le système de quota à l’embauche qui était appliqué dans la Yougoslavie multiethnique ex-communiste. Les meilleurs et les plus brillants sont, en général, poussés de coté. La théologie libérale moderne du fric, la dictature du bien-être, associées au « multiculturalisme » trompeur, détruisent toutes les valeurs et toutes les cultures, incluant la nôtre. Je ne blâme pas les non-Européens, et je rejette les théories de la conspiration. Je tiens pour premiers responsables les intellectuels paresseux et corrompus, les médias modernes, et les politiciens qui hypothèquent l’avenir euro-américain. Pourtant, très probablement, nous avons besoin de davantage de chaos dans notre cité, parce que c’est seulement du chaos que de nouvelles élites et un nouveau système de valeurs peuvent émerger.

Dr. Sunic, tous nos remerciements pour l’interview !

notes

Le Dr. Tomislav Sunic est un auteur et un ancien professeur de sciences politiques aux USA et un ancien diplomate croate. Mr. Sunic écrit depuis l’Europe. Son site web peut être trouvé à : doctorsunic.netfirms.com

Photo : Tomislav Sunic
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