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Les Etats-Unis : une société névrosée
La névrose est un trouble psychique généré, selon les théories métapsychologiques, par un conflit psychique refoulé. Selon Alfred Adler « le monde des idées et des sentiments du névrosé est préoccupé par des futilités si seulement elles sont capables de détourner le regard et l'attention du malade des questions de la vie.
Ce processus peut aller jusqu'à l'élimination totale de la logique... Ils ont toujours recours à des prétextes pour laisser des questions de la vie irrésolues ...».
Après le massacre de Virginia Tech, il convient de porter une réflexion sur la société américaine dans son ensemble en lieu et place des manifestations de consternation d’usage. Selon la théorie officielle, ce type d’action répond à l’impulsion intérieure d’un déséquilibré mental et est réfractaire à la raison. La responsabilité sociale n’est pas engagée. Pour le Président George Bush « il est impossible de trouver un sens à de telles violences et souffrances ».
Un certain pan de la société accuse les armes. Même s’il est indéniable que la prolifération des armes est de nature à faciliter le passage à l’acte, ce phénomène ne peut à lui seul générer les comportements sociopathes récurrents aux États-unis. D’autres vont culpabiliser la représentation de la violence par les médias et particulièrement la télévision et le cinéma. L’image peut purger les passions en défoulant le spectateur comme elle peut inspirer l'acte et le rendre acceptable. La violence des médias ne cause pas directement le passage à l'acte mais, dans des situations éminemment particulières (maladies mentales et frustration non canalisée), elle peut être un agent déclencheur. Selon le contexte social, la violence mise en scène sera tantôt cathartique tantôt criminogène.
Des facteurs plus profonds que la disponibilité des armes et la représentation ad nauseum de la violence peuvent expliquer la singularité de la violence dans la société américaine. Une société atomisée, la déliquescence des solidarités sociales, l’ultra-économisme, l’hypertrophie de l’ego, l’exacerbation paranoïde de la peur créent la matrice propice à cette violence. L’ordre capitaliste affûte les antagonismes qu’il va ensuite dénier et refouler.
La violence est une manière de vivre normale et admise dans les quartiers populaires. Il s’agit d’une voie compensatoire là où il n’est même pas possible de vendre sa force de travail. Le « business » est souvent le seul pourvoyeur de ressources et de dignité dans les zones délaissées par les capitaux privés et les autorités publiques. En fait, les relégués n’acceptent pas de croupir dans les limbes du système. Ils sont prêts à recourir à tous les moyens pour vivre décemment. Ce processus à la fois d’adaptation et de rejet détruit pour finir leur propre environnement social.
Selon un rapport du département de la Justice, les taux d'homicide pour 100 000 habitants sont quatre à cinq fois plus élevés aux Etats-Unis qu'en Europe; les viols le sont sept fois plus, les vols à main armée quatre à dix fois plus. Quant à la petite délinquance, elle est deux fois plus répandue, elle aussi, qu'en Europe. Près de trois millions d'actes criminels et de violence se produisent chaque année dans les écoles américaines. Les Etats-Unis détiennent le record du taux de mortalité par armes à feu dans les zones hors conflits. Si l’on prend en compte le total des morts par armes à feu aux Etats-Unis en 2003, on recense 30.242 victimes (soit 83 par jour) répartis comme suit : 17.108 suicides, 11.829 homicides et 762 tirs non-intentionnels ou accidentels .
En regard du darwinisme social, il n’y pas de lien causal entre conjoncture économique et pauvreté. Les pauvres sont tenus responsables de leur situation sachant qu’ils ont été incapables de s’adapter aux besoins du marché. Sans utilité sociale, leur vie est dévaluée. La bourgeoisie américaine ne se sent pas responsable dès lors des maux sociaux qui frappent les plus démunis.
La violence des laissés-pour-compte et les jacqueries urbaines expriment sur un mode plus symbolique qu’expressif, il est vrai, toute l'étendue de leur ressentiment. Elle est adressée aux classes dominantes et aux responsables politiques autistes.
Pour canaliser les conflits inhérents au système, les institutions réagissent en adoptant des lois de plus en plus répressives avec une efficacité toute relative. Le taux d'incarcération américain est le plus élevé du monde avec 1,2 million de prisonniers alors qu’une majorité d’Etats admettent la peine de mort.
En définitive, la faille sociale entre les classes dominantes qui s’approprient tout le capital économique, social et culturel et les hordes de démunis ainsi que l’estompement des inhibitions morales ne peuvent que déboucher sur ces délires violents. En marchant sur les pas des Etats-Unis, l’Europe risque de subir à son tour les affres de cette violence diffuse. Aux mêmes causes, les mêmes effets.
Le choix de l’école comme cible est de l’ordre symbolique ; c’est une société à petite échelle dans laquelle se laisse entrevoir des rapports de domination, d'inégalités, des injustices. Le tueur cherche à atteindre à travers son monde sensible le monde entier.
Après le massacre de Blacksburg, on va jeter une fois encore le voile sur les causes sociales en récusant la parenté de ces événements à répétition. Il ne suffit pas de nier un problème pour le faire disparaître. Il est évident que l’establishment et les médias mercenaires ne sont pas disposés à chercher les raisons profondes qui engendrent ces comportements déviants auquel cas ils devraient remettre en cause le régime économique capitaliste.
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