Des antifas et des mercenaires à Benghazi
Annonçant, lors d’une conférence de presse tenue le 23 mai dernier, l’envoi d’hélicoptères français en Libye, Alain Juppé a tenu à préciser que « les appareils ne serviront pas à débarquer des troupes au sol. » Il est étrange qu’aucun journaliste n’ait alors jugé utile de l’interroger sur les « troupes au sol » que notre pays a déjà débarqué en cyrénaïque pour soutenir les rebelles. Peu nombreuses, mais efficaces, issues directement de la grande muette ou de diverses officines, ces troupes se partagent trois rôles. L’un est officiel, il s’agit de la coordination de la milice du Conseil national de transition avec les forces de l’OTAN. Il est assuré par des officiers d’active et des militaires de nos régiments d’élites. Les deux autres rôles – instruire les troupes des insurgés de Benghazi et donner une justification idéologique à l’opération - sont remplis par des contractors (1) et par d’étranges blogueurs… Tout cela n’allant pas sans quelques risques pour ces nouveaux soldats de fortune, dans les rangs desquels y a déjà eu des morts et des blessés graves.
Les antifas de Misrata
Ainsi, les agences de presse ont annoncées, le 23 avril, qu’un certain Baptiste Dubonnet, avait été grièvement blessé à Misrata. Or, on s’est rapidement rendu compte que ce blogueur français n’était pas un journaliste free-lance comme les autres, mais un cadre de premier plan de la mouvance autonome de l’extrême-gauche française travaillant pour En route !, un site internet soupçonné d’entretenir des liens étroits avec le groupe de Tarnac de Julien Coupat (2)! Par la suite, une enquête du quotidien en ligne Rue 89 a permis d’apprendre que le benêt Dubonnet était venu en Libye avec plusieurs autres militants d’extrême gauche issus de la mouvance antifasciste rennaise et que, non content d’alimenter son blog, le petit groupe proposait aux organes de presse grand public des articles sur la situation en Libye. Tant dans ceux-ci que sur leur site, ses journalistes très particuliers transformaient, bien entendu, une insurrection tribale et très largement islamiste, en un mouvement populaire, démocrate et laïque, c’est-à-dire idéologiquement acceptable par les opinions publiques occidentales. Ce qui leur valut cette remarque cinglante, mais naïve, de Nolwenn Le Blevennec dans les colonnes de Rue 89 « Dur d'être un autonome cohérent : les six jeunes étant venus soutenir une révolution appuyée par l'Etat français et les Américains. Leurs pires ennemis.» Une remarque naïve, écrivons nous, car tout dans le profil de ces pieds nickelés globe-trotters est glauque et relève de la manipulation et de l’instrumentalisation.
Ainsi, trois de ces blogueurs sont connus pour être des repris de justice très légèrement condamnés dans des affaires pourtant graves puisqu’il s’agit de fabrication d’explosif pour l’un, et d’une série de braquages pour les deux autres … Du beau linge en somme et de belles figures de militants susceptibles d’être tenus ! Des militants que l’on avait d’ailleurs repérés au premier rangs des groupes de nervis antifascistes qui tentaient d’empêcher la tenue d’un meeting de Marine Le Pen à Rennes le 11 novembre 2010, sans que les forces de l’ordre ne fassent rien pour les contenir, voire les encouragent discrètement.
Les contractors de Benghazi
Le 11 mai, à Benghazi, un autre français était lui aussi grièvement blessé et décédait peu de temps après son admission à l’hôpital de la ville.
L’homme, répondant au nom de Pierre Marziali, n’était pas cette fois un gaucho mais il présentait cependant un profil tout aussi trouble. Ayant servi comme sous-officier au 3° RPIMA, il avait fondé, une fois arrivé à l’âge de la retraite, la Secopex, une « société militaire privée ». Selon un associé de celle-ci, elle avait récemment reçu l’aval des autorités françaises, ainsi que de la Direction du renseignement militaire, de la Direction centrale du renseignement intérieur et de la Direction générale des services extérieurs, pour s’implanter en Libye ce qui expliquait la présence de Marziali à Benghazi, où, selon l’AFP, il était accompagné par un ancien agent de la DGSE, Pierre Martinet (3).
Si pour Baptiste Dubonnet l’hypothèse de la balle perdue ne fait aucun doute, pour Pierre Marziali l’explication est plus confuse. Certains avançant l’idée que notre homme aurait été tout simplement exécuté pour avoir voulu empiéter sur un terrain de chasse que se seraient réservées les sociétés de contractors yankees et que son assassinat serait un message adressé aux services français leur indiquant de ne pas trop en faire et de savoir rester à leur place.
La visite de Jeffrey Feltman, sous-secrétaire d'État chargé des affaires du Proche-Orient, à Benghazi, le 23 mai, allant exactement, quoique d’une manière plus diplomatique, dans le même sens : rappeler aux Français qu’en Libye c’est l’Oncle Sam qui est ç la barre et qu’ils ne jouent que les utilités et rien de plus, quoiqu’en dise et quoique fasse Nicolas le Petit.
1 – Contractor signifie mercenaire en novlangue politiquement correcte.
2 - Julien Coupat est le fils d’une famille de la grande bourgeoisie bordelaise, mis en examen en novembre 2008 pour « direction d'une association de malfaiteurs et dégradations en relation avec une entreprise terroriste ». Curieusement, il a depuis été remis en liberté et l’enquête le concernant est considérée comme étant « au point mort »…
3 – Agent de renseignement « indépendant » connu pour avoir espionné Bruno Gaccio à la demande de la direction de Canal +.
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