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Lundi, 17 Août 2009
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Après les Tibétains, les Ouïgours
Christian Bouchet
Étranger
Après les Tibétains, les Ouïgours
Les règles de l’actualité médiatisée et globalisée sont cruelles : un événement en chasse très vite un autre. Cela ne veut pas dire que les tragédies dont les médias ont rendu compte ont cessées mais juste qu’elles n’intéressent plus les journalistes… Ainsi, les émeutes et les violences meurtrières qui ont eu lieu, début juillet, à Urumqi, la capitale du Xinjiang ne sont déjà plus qu’un souvenir. Les Ouïgours, ce peuple turcophone et musulman d’une des régions dites «autonomes» de l’immense Chine, sont retombés dans l’oubli d’où ils avaient été tirés durant un court instant. Et pourtant, le problème ethnique et géopolitique qui a été la cause de l’embrassement demeure, et il ne peut que s’aggraver.

Qu’il y ait au Xinjiang , un problème ethnique, tous les observateurs en conviennent. Bien que chinoise depuis 1876 cette région n’a vraiment été intégrée à l’Empire du milieu qu’en 1949 quand les troupes de la République populaire de Chine mirent fin à la République du Turkestan oriental qui avait déclarée son indépendance cinq années auparavant.

Désertique et peu peuplé, le Xinjiang fut d’abord la poubelle de la Chine. D’une part, elle y fit exploser quarante-six bombes nucléaires sur le site d’essai de Lop Nor, y générant un désastre écologique et humain d’importance (la pollution nucléaire y fut la cause de plusieurs centaines de milliers de cancers – certains parlent de 750.000 cas - dans la population). D’autre part, elle y installa ses plus grands camps de travaux forcés et y relégua un grand nombre de ses délinquants et criminels au grand mécontentement des autochtones.

Ce n’est que tardivement que la Chine prit conscience du potentiel de la région et qu’elle entreprit, en conséquence, de la siniser. Dans le même temps que des mesures étaient prises pour lutter contre la pratique de la langue ouïgoure et de la religion musulmane, une véritable colonisation de peuplement fut mise en oeuvre qui y fit passer la part de la population d’ethnie han (chinoise) de 10 % en 1950 à 40 % actuellement. De surcroît, les inégalités économiques se creusèrent au détriment des Ouïgours, cantonnés aux emplois subalternes et agricoles.

Les insatisfactions nées de tout cela, ajoutées au souvenir d’une indépendance pas si ancienne et à l’existence d’une importante diaspora en Occident suscita assez rapidement un mouvement nationaliste qui donna naissance à deux structures concurrentes le Congrès mondial des Ouïgours et le Gouvernement en exil du Turkestan oriental (fondé en 2004 à Washington…), tandis que de nombreux jeunes rejoignaient des mouvements islamistes, ce qui en conduisit quelques un à Guantanamo.

D’une certaine mesure donc, les scènes de violences, de matraquages et de tueries qui se déroulèrent à Urumqi, début juillet, et qui rappelaient le spectacle de Lhassa au Tibet en mars 2008, furent des actes de résistance légitimes. Comme les Tibétains bouddhistes, les Ouïgours musulmans s’en prirent eux aussi à des Hans représentant à leurs yeux la politique de sinisation. Dans les deux cas cette violence participa à une sorte de guerre pour la survie de la part de deux peuples en péril identitaire.

Géopolitiquement cependant, exactement comme au Tibet, cette volonté de résistance et de survie est instrumentalisée afin de servir les buts de l’Empire du mal. C’est la fameuse stratégie de l’anaconda conçue par le Département d’État américain pour contrer l’œuvre patiente et continue de tissage de relations spéciales entre la Russie, l’Inde, la Chine, Iran et les pays d’Asie centrale, mise en oeuvre par Poutine, et diligemment poursuivie maintenant par Medvedev. Les analystes du Département d’État ont identifié dans les régions de la masse continentale eurasiatique les zones de crise potentielles du fait de tensions endogènes historiques encore irrésolues, et ont défini des scénarios géopolitiques qui sont en syntonie avec les desiderata et les intérêts globaux de Washington et du Pentagone. C’est dans cette perspective d’opérations de déstabilisation et de pression sur la Chine, la Russie et l’Inde que l’on doit interpréter la question de la minorité du peuple Karen et de la « révolte » couleur safran du Myanmar, la déstabilisation du Pakistan, le conflit du Cachemire le maintien d’une crise endémique dans la région afghane et … l’agitation récurrente du Tibet et du Xinjiang en République populaire de Chine.

L’importance de déstabiliser le Xinjiang se comprend mieux quand on prend conscience qu’il a une frontière commune avec la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l'Inde. Urumqi est aujourd'hui une ville où Kazakhs, Kirghizes et autres voisins du Xinjiang viennent faire du shopping, se soigner et se divertir. Urumqi est aussi devenu le centre commercial et financier d'une zone économique en cours de création, appelée à réunir progressivement tous les peuples de l'Asie centrale, y compris ceux de l'ouest de la Chine et à jouer un rôle pivot dans la construction eurasiatique. Déstabiliser cette région c’est déstabiliser toute cette construction…

De surcroît, au Xinjiang, il y a aussi des perspectives gazières et pétrolières, sans compter de l’uranium et du charbon... Déstabiliser la région c’est rendre ces ressources sensibles plus difficilement exploitables, voire plus exploitables du tout.

Enfin, last but not least, les troubles au Xinjiang ont un autre intérêt géopolitique : ils rendent difficiles les relations entre la Chine, la Turquie et la totalité de l’Umma, l’une se solidarisant avec une population ethiquement turque, l’autre avec une population religieusement musulmane…

Les médias ne parlent plus des émeutes d’Urumqi et de la révolte des Ouïgours ? Ne nous inquiétons pas, ils nous en reparleront quand cela servira les intérêts de l’oncle Sam !

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