Le Conseil national de la révolution iranienne un étrange allié pour les démocraties occidentales
Alors que les pressions internationales contre l’Iran sont de plus en plus pesantes, le Conseil national de la révolution iranienne a tenu son rassemblement annuel, le 26 juin dernier à Taverny. Cette organisation idéologiquement très marquée à gauche - et souvent considérée comme terroriste – a reçu à cette occasion le soutien tant des États-Unis que de la plupart des pays occidentaux.
Il est difficile de s’intéresser au Conseil national de la révolution iranienne sans éprouver un certain malaise tant est étrange et déplaisante l’image qui en émane. Mélange de secte politico-religieuse et de Parlement potemkine, ce conseil est né en France, il y a dix-neuf ans à l’initiative d’un groupe islamo-marxiste les Mojahedin-e Khalq-e Iran qui fédérèrent autour d’eux une demi-douzaine d’autre organisations d’extrême gauche de faible importance.
Bien qu’il soit loin de rassembler la totalité de l’opposition iranienne en exil – les mouvements démocrates et monarchistes ainsi que le Parti communiste d’Iran n’en font pas parti – le CNRI s’est toujours présenté comme la voie de la totalité de la « résistance » iranienne aux mollahs et comme le gouvernement provisoire iranien. Tout a été fait, depuis son origine, pour donner cette illusion et un Parlement, un cabinet ministériel et un président en exil de la république iranienne sont directement issus de ce Conseil.
Le Parlement, a été conçu selon un plan marketing précis pour convenir exactement aux souhaits des démocraties occidentales et leur donner une idée de ce que pourrait être « l’Iran d’après ». Ainsi fait-il ressortir que sur les cinq cents députés qu’il compte, 52 % sont des femmes. De même, le fait que ses membres représentent toutes les minorités ethniques ou religieuses de l’Iran permet de mettre opportunément en avant, selon les circonstances, ses représentants Kurdes, Baloutches, Arméniens, juifs ou zoroastriens. Le gouvernement en exil quant à lui est, là aussi le symbole est fort, présidé par une femme : Maryam Radjavi.
Dès 2002, ayant compris ce qui intéressait les courants conservateurs américains, mais aussi européens, le CNRI a été volontairement exactement dans leur sens. À grands renforts de « révélations » transmises par des « sources infiltrées du mouvement » au cœur du régime, il n’a pas ménagé ses efforts pour conforter l’idée que la République islamique d’Iran faisait de dangereuses avancées en matière de fabrication d’armes nucléaires.
Plus récemment, il a tenté de récupérer à son compte le mouvement « vert » en tentant de s’en faire le seul porte-parole à l’étranger afin d’en donner l’image qui lui convenait le mieux.
On comprend alors qu’à son rassemblement du 26 juin dernier ait été présente la fine fleur des combattants de l’Occident américano-centré. L’ancien ambassadeur américain aux Nations Unies, John Bolton et l’ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar, prirent la parole sous les acclamations de la foule, puis il fut donné lecture des messages de soutien de Desmond Tutu, archevêque du Cap en Afrique du Sud et lauréat du prix Nobel de la Paix et de 3.500 parlementaires d'Europe et d'Amérique du Nord, dont 320 députés français…
Tout ce beau monde semble avoir oublié ce que furent les Mojahedin-e Khalq et ce qu’ils sont toujours, bien qu’ils le dissimulent soigneusement. A savoir, un groupe d’extrême gauche issu de la mouvance terroriste, dirigé dès 1963 par Massoud Radjavi (l’époux de la présidente Myriam), qui déclarait dans sa charte de fondation : « la lutte armée est une nécessité historique », « la lutte des classes est une partie intégrante de l’islam, séparer l’islam de la lutte des classes c’est trahir l’islam ». A partir de 1971, les Mojahedin-e Khalq-e Iran entamèrent en Iran une campagne d’attentats terroristes contre les partisans du Shah. Et, quand, les 9, 10 et 11 février 1979, ce qui restait de l’Etat iranien s’effondra, ce fut les groupes armés des mojahedin qui lui portèrent le coup de grâce en contribuant grandement à écraser la Garde impériale. De même, symptomatiquement les premières personnes à s’exprimer à la télévision et à la radio après leur prise de contrôle de Téhéran par les insurgés furent des dirigeants des mojahedin. Mais, dès avril 1979, le premiers heurts éclatèrent entre pasdaran pro-khomeynistes et militants mojahedin. En mai 1980, l’âyâtollâh Khomeyni les dénonça comme des ennemis et les pasdaran organisèrent contre eux des manifestations violentes les accusant d’être des agents des USA. Les Mojahedin-e Khalq-e Iran tentèrent alors de faire une « seconde révolution » au printemps 1981. Elle échoua et ils se lancèrent alors dans une « terreur révolutionnaire» dont furent victimes nombre de cadres de la République iranienne (en juin 1981, au plus fort de cette vague de violence, ils abattirent en moyenne trois dignitaires musulmans par jour !). C’est à ce moment précis que fut créé le Conseil national de la résistance qui chassé d’Iran axa tout son travail de recrutement sur les communautés iraniennes immigrées et tout son militantisme sur le soutien aux ennemis de l’Iran, quels qu’ils soit.