La vengeance est un plat qui se mange froid, l’ancien activiste Cesare Battisti le sait depuis 2004 lorsque la France est revenu sur l’engagement pris par François Mitterrand de ne pas l’extrader vers son pays d’origine où il doit purger une réclusion criminelle à perpétuité.
Ce que peut dire un président au long de son mandat n’est certes pas source du droit. En effet, la « Doctrine Mitterrand », comme on a appelé l’engagement pris, en 1985, de ne pas extrader les anciens militants italiens d’extrême gauche ayant rompu avec leur passé des années de plomb, n’a jamais eu aucune valeur juridique.
C’était néanmoins, quoi qu’on en pense, la parole de la France. Revenir sur celle-ci comme l’a fait Jacques Chirac, est pitoyable.
Emprisonné en 1979, condamné en 1981 pour appartenance à bande armée, évadé, c’est en 1988, que Cesare Battisti fut jugé coupable de deux assassinats sur un surveillant de prison et un agent de police, ainsi que de complicité d’assassinat sur deux commerçants.
Fuyant la France où il était devenu persona non grata, sa cavale vient de s’achever au Brésil. Plus d’un quart de siècle après les faits qui lui sont reprochés, certains se réjouissent à l’idée qu’il va enfin payer. D’autres hurlent à l’acharnement judiciaire contre un homme qui avait cessé toute activité terroriste et s’était réinséré dans la société !
Maurice Papon aussi avait découvert les affres tardives des guerres civiles qui n’en finissent pas. Condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour des actes commis en tant que fonctionnaire du régime de Vichy, son incarcération, suivie de sa libération suscita également les passions… et surtout la haine de ceux qui aujourd’hui soutiennent Battisti : ils étaient, voilà encore quelques mois, les plus virulents à souhaiter voir l’ancien Haut fonctionnaire français défunter au fond d’une geôle française.
Deux poids, deux mesures, à l’aune de la haine politique.
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